La littérature et les femmes
Dissertation : La littérature et les femmes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chloé Vilment • 12 Novembre 2018 • Dissertation • 3 149 Mots (13 Pages) • 1 199 Vues
La littérature et les femmes entretiennent d’étroites relations. Il suffirait pour s’en convaincre d’égrener la liste des personnages féminins, principaux où évoqués. De citer ces poèmes, ces odes qui flattent le corps de l’une, la beauté ou encore la laideur d’une autre. Contentons-nous d’en citer quelques-unes qui évoquent les caractéristiques les plus souvent abordées Les Colchiques d’Apollinaire qui évoque une femme vénéneuse pour les hommes, La Salomé d’Oscar Wilde ou Le Serpent qui danse de Baudelaire qui évoquent la nature sulfureuse et attirante de jeunes femmes. Certains écrivains entendent eux aussi, louer la beauté d’une femme et le désir à qui elle donne naissance. C’est le cas des auteurs de notre corpus, tous contemporains de la seconde moitié du XIXe, composé d’un extrait de La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas, 1848 ; de Boule de Suif de Maupassant 1880 ; de Carmen par Prosper Mérimée,1845 ; d’un extrait de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, 1831 et de Nana par Zola écrit en 1880. L’expression virginale voire enfantine de Marguerite, Boule de Suif galante appétissante et courue, la beauté étrange et sauvage de la grisette bohémienne Carmen, la nature angélique et féerique d’Esmeralda ou encore le sourire aigu de Nana, la mangeuse d’homme en tenue d’Eve. Les cinq passages de romans mettent en scène de courtisanes intrigantes, érotiques, libidineuses même et les ressentis qu’elles produisent. La littérature, comme la femme est source de sensations, d’émotions elles affectent le lecteur comme le spectateur. Mais comment les auteurs mettent-ils des mots sur la beauté féminine, l’éclat d’un sourire, la majesté d’un corps et leur pouvoir sur les hommes ? Nous verrons que le contexte théâtralisé, permet de créer un portrait presque vivant, une description physique en hypotypose d’une femme admirée et d’ainsi percevoir l’effet de cette femme sur les comportements extérieurs.
La femme, est un spectacle qui ravit les yeux et enchante les cœurs. Elle apparaît comme une véritable œuvre mise en scène, comme un personnage du grand théâtre qu’est notre monde. Tout d’abord, Carmen de Prosper Mérimée. Cette dame est longuement observée par le narrateur qui nous l'a décrite d'abord légèrement avant d'entamer une conversation puis revient sur elle avec cette expression « J'eus alors tout le loisir d'examiner ma gitana ». Les regards extérieurs se mêlent eux aussi à ceux du narrateur « pendant que quelques honnêtes gens s'ébahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie. » Le regard, les yeux étant étroitement liés à la beauté, au physique, on découvre ici une Carmen qui semble attiser des regards curieux dû à son extrême beauté. Elle est loisir, diversion.
La Boule de Suif de Maupassant, elle, « fut reconnue » parmi d’autres. On l’image dans un lieu public, au milieu de personnes ordinaires, de femmes mariées dîtes « honnêtes ». Elle est vue comme une bête de foire. Nous semblons plongés dans une salle de spectacles, il y a les « chuchotements » qui caractérisent les réactions du public, les jeux de regard entre elle et les hommes montrent qu’elle se donne en spectacle, qu’elle s’offre aux autres. Boule de Suif semble être un spectacle vivant, elle fait « plaisir à voir » sur son visage spectaculaire, « s’ouvrait en haut, deux yeux noirs magnifiques ». C’est une femme hardie.
Voyons pour commencer notre Dame aux Camélias de Dumas, l'extrait étudié nous offre un portrait élogieux presque visuel de cette femme. On pourrait imaginer contempler un tableau et voir apparaître les différents traits que le narrateur relate. Pour apporter de tels détails sur son physique ou ses habitudes, il faut donc l'avoir longuement observé et y consacrer de l'intérêt c'est ce que le narrateur nous démontrer au travers de ce passage. Cet intérêt ressemble d'ailleurs à celui que porte Marguerite pour les représentations, elle « passaient toutes ses soirées au spectacle ou au bal ». Il s'agit d'une forme de divertissement qui met également à contribution notre regard. Ici, le spectacle est Marguerite autant pour le narrateur que pour d'autres, d'où l'utilisation du « on » ainsi que « les habitués du théâtre … et ses amis ».
Chez Victor Hugo, Esmeralda est vue à travers les yeux de Gringoire mais plus généralement du public. Il y a l’isotopie du spectacle également : « la foule », « les regards fixes » « les bouches ouvertes » « semblait » « illusion » « fasciné ». Cette femme est au milieu de la foule, elle danse simplement sur un vieux tapis. Il y a également l’importance de la musique, qui bourdonne et flatte son corps. C’est une véritable mise en scène. Sa beauté se distingue du lieu donné qui n’a rien d’exceptionnel. Le texte de Zola est celui qui permet de remarquer la théâtralisation la plus remarquable. Le décor est présenté « une grotte du mont Etna, creusée dans une mine d’argent… », le mot « feindre » rappelle l’illusion qui est le propre de la mise en scène. Le champ lexical du théâtre est omniprésent tout au long du texte : « les trois coups », « ouvreuses », «la claque », « applaudit », « le décor » « scène » « feu de la rampe » « applaudissements ». L'auteur essaye d'immerger le lecteur dans cette salle de théâtre en train d'observer le décor, de contempler la nudité de Nana, de sentir la réaction du public auprès de lui. Cette technique est utilisée plus ou moins dans chacun des textes du corpus. Mais ce qui est le cas pour tous, c’est que chacune des femmes se met en scène, et qu’elle attire les regards aux alentours : regards curieux, regards envieux, regards désobligeants, regards gourmands…
De cette spectacularisation de la femme s’ouvre l’idée d’un certain mystère. L’apparence d’une personnalité paradoxale intensifiée par un portrait en hypotypose. « Il était impossible de voir une plus charmante beauté que celle de Marguerite » tel est le début de notre extrait de La Dame aux camélias. Ce qui annonce une description élogieuse, hyperbolisant la perfection physique de notre personnage. « Grande et mince jusqu'à l'exagération » ; « la tête, une merveille ». Les comparaisons et les adjectifs employés sont ici présents pour présenter Marguerite comme étant la femme la plus belle que le narrateur n'avait jamais vu avant. Chaque trait de son visage est passé au peigne fin, allant de ses « yeux noirs », aux « sourcils d'un arc si pur qu'il semblait peint », des joues roses, « un nez fin, droit, spirituel », « une bouche régulière », « des dents blanches comme du lait » etc... Ce passage est un éloge et souhaite nous faire partager ce point de vue. Rien qui pourrait sembler négatif à la description physique de Marguerite n'est donné.
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