Commentaire Sermon du mauvais riche de Bossuet
Commentaire de texte : Commentaire Sermon du mauvais riche de Bossuet. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bmestral • 19 Octobre 2019 • Commentaire de texte • 1 093 Mots (5 Pages) • 2 584 Vues
Pour le carême de 1662 Jacques-Bénigne Bossuet, à la demande de la reine mère, prêche devant le roi et la cour un « Grand Carême », c'est-à-dire une série de sermons les mercredis, vendredis et dimanche pendant les quarante jours de pénitence, de recueillement, qui mènent à Pâques. Dans le « Sermon du mauvais Riche » Bossuet prend pour point de départ la « Parabole du riche et de Lazare » (Luc 16, 19) et s'attache à démontrer que l'aveuglement du « riche », du mondain, ne peut que conduire au désastre, description dont nous nous approchons dans ce point de la fin du sermon. (Lecture) Comment Bossuet parvient-il à renverser l'approche traditionnelle des valeurs des courtisans ? Bossuet veut parler à l'intelligence des auditeurs et toucher leurs cœurs.
I. Bossuet cherche à parler à l'intelligence de ses auditeurs
Un plan en trois parties
Des lignes 1 à 12, il évoque les pauvres intérieurs, c'est-à-dire une personnification des péchés; des lignes 13 à 21, il s'agit des pauvres extérieurs, ce n'est plus une image ; enfin, des lignes 22 à 30 le rapport entre les deux genres de pauvres est établi : les premiers empêchent de voir les seconds et ils sont la cause de leur misère. Le passage du discours sur les pauvres intérieurs aux pauvres extérieurs se fait par le biais d'une question rhétorique (1.11 à 15). La transition entre le deuxième et le troisième point se fait de façon tout aussi subtile : le « et » (1.26) met ici en évidence le rapport de conséquence entre la pauvreté morale des uns et la pauvreté matérielle des autres. L'extrait est construit selon ce qu'on a pu appeler en parlant du XVIIe siècle « l'esprit de géométrie ».
Un discours didactique
Cela se voit par exemple à la structuration régulière des paroles par des connecteurs logiques : « Donc » (1.1); « c'est pourquoi » (1.15); « Mais » (1.22); « Et cependant » (1.27, 28). Ce balisage témoigne du goût pour l'harmonie de la période classique mais aussi de la volonté de Bossuet d'être bien compris. Nous savons que Bossuet ne lisait pas mais connaissait pratiquement par cœur ses sermons, la structure est aussi un aide mémoire pour le prédicateur. A cette oralité participent aussi les interpellations aux auditeurs; « vous » (1.12, 14, 20, 22, 26, 28); « vos » (1.17, 19); « votre » (1.21, 23, 29, 30) et « Messieurs » (1.16), ce qui en tout fait quinze adresses directes aux courtisans !
Un combat
Un lien se fait naturellement entre ce « vous » et « le mauvais riche » par l'expression « ses cruels imitateurs » (1.1-2) d'autant plus que les termes employés pour qualifier l'inconduite « du mauvais riche et de ses cruels imitateurs » sont appropriés aux mondains : « l'ambition, l'avarice, la délicatesse » (1.3-4). De même, les expressions hyperboliques « somptuosité plus raffinée »; « luxe curieux et délicat » et « des plaisirs plus exquis » (1.8 à 10) décrivent bien la Cour de Louis XIV. Enfin, le caractère polémique du sermon est porté par la métaphore guerrière filée des péchés personnifiés en « troupe mutine » (1.4). L'image ouvre (1.5-6) et ferme (1.27) le passage dans un beau parallèle : « cri »; « séditieux »; « tumulte »; « sédition ». Les termes sont bien choisis pour inquiéter le roi : « perdu l'empire »; « les lois n'ont plus de vigueur ». Les sons mêmes sont mis au service du combat: « la délicatesse, toutes les autres passions, troupe mutine et emportée, font retentir de toutes parts... » (1.4-5).
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