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Femmes soyez soumises à vos maris / Voltaire

Commentaire de texte : Femmes soyez soumises à vos maris / Voltaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 259 Mots (6 Pages)  •  3 554 Vues

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Voici une proposition de correction du commentaire de texte sur l’extrait « Femmes soyez soumises à vos maris ». Il s’agit d’une correction complète, très exhaustive.  Je n’attends pas de vous une telle exhaustivité (en particulier dans l’analyse de l’argumentation, qui est ici très poussée).

Néanmoins, il fallait ici obligatoirement mentionner et analyser la personnalité de la Maréchale, ainsi que son habileté à argumenter.

Introduction

[Amorce] A l’instar de Montesquieu qui critiquait véhément l’esclavage dans « De l’Esprit des Lois », Voltaire a lui aussi combattu toutes les formes d’injustices. Dans son pamphlet satirique « Femmes soyez soumises à vos maris », publié en 1766 , le philosophe aborde un type d’esclavage bien spécial : la dépendance des femmes dans la société, l’inégalité hommes-femmes, débat déjà abordé par des femmes comme Louise Labé à la Renaissance, Marie de Gournay au XVIIe siècle puis Olympe de Gouges à la fin du XVIIIe. Fidèle à la doctrine « plaire et instruire », Voltaire, via l’argumentation indirecte, parvient à faire passer ses idées de façon  légère et efficace grâce à sa pétulante protagoniste.

 [Situation du passage] Un abbé rencontre une aristocrate, la maréchale de Grancey, qui fulmine contre une phrase qu’elle a lue dans les Épîtres de saint Paul : « Femmes, soyez soumises à vos maris. » Elle exprime son mécontentement et expose sa vision de la femme, qu’elle défend contre les hommes.

Nous nous demanderons par quels procédés Voltaire parvient à emporter l’adhésion du lecteur

[Annonce du plan] Tout d’abord, il sera question de s’attarder sur la personnalité particulièrement vive et libérée de la Maréchale. Puis de son habileté oratoire, son plaidoyer en faveur des femmes, qui est aussi un réquisitoire contre les hommes, reflètant bien les idées novatrices du siècle des Lumières.

I. Une femme flamboyante à la forte personnalité

La maréchale est une femme vive et libérée, bien représentative du siècle des Lumières.

1. Une femme de caractère

  • Son fort tempérament se marque dans la modalité de ses phrases (rafale de questions, phrases longues, l. 24-28), avec des anaphores (« N’est-ce pas… ? »), des exclamations, des phrases nominales (l. 17, 34) et des termes violents (presque des injures : « des imbéciles »).
  • Elle n’hésite pas à parler crument des réalités de la vie des femmes, la grossesse (« une maladie de neuf mois »), l’accouchement et ses « grandes douleurs », les règles (« des incommodités très désagréables », « ces douze maladies par an »).

2. Une femme à la vie débridée, mais cultivée

  • Elle a des amants (« je n’ai pas trop gardé ma parole » est un euphémisme pour : j’ai trompé mon mari) et elle accepte les infidélités de son mari.
  • Elle est cultivée : en témoignent ses lectures (elle lit saint Paul), ses références littéraires (elle connaît des vers de Molière par cœur, l. 33), les discussions sérieuses qu’elle a sur la politique (l. 43-51), envisageant même d’avoir un « État à gouverner ».

3. Une femme irrespectueuse, qui n’a pas la langue dans sa poche

  • Elle a un langage imagé et pittoresque : elle fait un « croquis » amusant des hommes qui ont « le menton couvert d’un vilain poil rude », « les muscles plus forts » et qui « peuvent donner un coup de poing mieux appliqué » (l. 35, 38, 39) et un portrait vivant de la « princesse allemande qui se lève à cinq heures du matin » (l. 44).
  • Son irrespect pour les diverses autorités apparaît dans l’évocation du « couvent » peuplé d’« imbéciles » (les prêtres), dans son franc-parler face à l’abbé à qui elle ne laisse pas la parole, dans sa contestation des autorités religieuses reconnues (saint Paul).
  • Elle manie volontiers l’ironie (l. 19, 34, 39), signe de supériorité et d’impertinence.

II. Un discours habile et convaincant

Le discours de la maréchale révèle une habileté digne d’un philosophe des « Lumières » (l. 47).

1. Une argumentation bien construite et bien menée

  • Son argumentation suit une démarche expérimentale scientifique : elle part d’un exemple précis (la femme de saint Paul), elle procède par hypothèse pratique, se met en situation à travers le système conditionnel qui ouvre son argumentation (« si j’avais été la femme […], je dirais »). Puis elle raisonne par comparaison avec sa propre expérience (« Quand j’épousai », indices personnels de la 1re personne : « m’ », « me », « je »).
  • Elle opère un mouvement pendulaire du « je » au général : elle généralise par le biais d’expressions globalisantes (« pour une femme de qualité », « la nature »), ou par des pronoms personnels de la 1re personne du pluriel : « nous » (= les femmes) ; voir aussi « que j’aie » (l. 34), « un homme » (l. 21), « les hommes » (l. 38), « les nôtres » (l. 38).
  • Elle recourt aussi à d’autres types de raisonnements : reprise méthodique des opinions de l’adversaire pour mieux les contredire (« Ils prétendent avoir aussi… mais », l. 41), mouvement concessif (« je sais bien que », l. 37).
  • Elle appuie son argumentation sur des éléments variés : référence à Molière, exemples concrets (« je leur montrerai des reines qui valent bien des rois », « une princesse »), référence aux origines (« Certainement la nature ne l’a pas dit ») mais aussi à l’actualité (« On me parlait ces jours passés d’une… »).

2. Toutes les ressources du style et de la rhétorique

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