Commentaire, Tous les hommes sont mortels

I) Des adieux tragiques

a. Fosca : un héros tragique

« Pour la première fois depuis que Fosca parlait, sa voix avait tremblé, il baissa la tête »

Fosca éprouve des émotions, il est triste.

« tête », « mains », « l’index droit (…) le gauche», « yeux »

Champ lexical du corps : description du corps d’un être humain donc d’un mortel, il y’a là une opposition avec la « nature » de Fosca qui lui est immortel.

« Chaque jour le soleil s’est levé, s’est couché. Je suis entré dans l’asile, j’en suis sorti »

Il y’a ici une graduation : cela donne un effet de continuité infini.

b. Absurdité de la séparation

« Il y a dans mes jambes une envie de bouger, dit-il. Il faut profiter de ces envies. »

Fosca ressent cette envie de partir. Il sait qu’il n’y a pas de solution à sa crise existentielle.

« il marchait très vite, comme si là-bas, au fond de l'horizon, quelque chose l'eût attendu » 

Fosca quitte Régine, il la fuit. Cependant il espère trouver quelque chose là où il va.

« – Je vais m'en aller, dit Fosca. – Où allez-vous ? – N'importe où. » 

Fosca n’a pas de destination précise.

c. Ambivalence des émotions

« Elle descendit les deux marches : « Qu'il parte ! » pensait-elle. « Qu'il disparaisse à jamais ! »              Elle le regardait s'éloigner, comme s'il avait pu emporter avec lui le maléfice qui l'avait dépouillée de  son être »

Il y’a une incohérence par rapport aux émotions de Régine. Elle souhaite qu’il parte mais elle sait qu’elle a besoin de lui pour exister.

II) Mortalité et immortalité : dynamique contradictoire

a. Fosca : une mobilité sans destination

b. Régine : au seuil de son existence

« Je ne pourrai pas m'endormir et je n'aurai pas le courage de mourir. »

On voit grâce à l’allitération en « r » l’effet d’insistance. Régine ne peut pas dormir comme Fosca pendant quelques années et elle sait qu’elle, elle mourra, mais elle n’a pas « le courage » d’affronter la mort.

« elle était vaincue ; dans l'horreur, dans la terreur »

La graduation présente dans ce petit extrait marque l’effet d’atténuation.

c. Monde animé vs monde inanimé

III) Un réveil de l’angoisse à la conscience

a. Fosca : l’existence définie négativement

« Je rêve qu’il n’y a plus d’hommes, dit-il (…) Je suis seul »

Tous les hommes finiront par mourir sauf lui, il ne connaîtra donc jamais la mort.

« Je suis seul avec la souris » « La petite souris maudite. Il n’y aura plus d’hommes et elle continuera à tourner en rond dans l’éternité. C’est moi qui l’ai condamné » « Et un jour il n’y aura plus qu’elle et moi à la surface de la terre. »

: La seule chose qui sera avec lui ça sera la souris  qu’il dit avoir condamné. En disant avoir condamné la souris, il voit l’immortalité comme une condamnation, ils sont tous les deux condamnés à vivre éternellement. Fosca peut aussi se comparer à la souris, d’une manière différente, il tourne en rond, il vit toujours les même choses.

b. Prise de conscience de sa finitude

« - Et un jour il n’y aura plus qu’elle et moi à la surface de la terre. - Et moi sous la terre, dit Régine »

Il y’a ici une opposition entre l’immortalité de Fosca et la mortalité de Régine. Régine prend réellement conscience de sa mortalité et du fait qu’il n’échappera pas à la mort.

« ce n’était même pas un espoir et déjà cela s’évanoui »

Régine savait qu’elle ne pouvait pas devenir immortel. Sans même avoir eu la chance d’espérer un jour d’être immortelle, Régine voit déjà son espoir de pouvoir espérer l’atteindre un jour s’écrouler.

c. TEMPUS FUGIT

« J’ai dormis soixante ans. Quand ils m’ont réveillé, le monde était tout pareil à lui-même »

 « Chaque jour le soleil s'est levé, s'est couché. Je suis entré dans l'asile, j'en suis sorti. Il y a eu des guerres : après la guerre, la paix, après la paix, une autre guerre. Tous les jours des hommes naissent, et d'autres meurent. »

Il a dormi en espérant que le monde changerait mais rien n’avait changé. Malgré le temps qui passe, les choses restent les mêmes. Le temps défile mais le monde, lui, reste identique.