Écriture personnelle - Selon vous, le sport est-il encore créateur de héros pour notre société ?

Toute société a besoin de héros, ces personnalités exceptionnelles qui incarnent les valeurs morales qui la fondent, ou bien qui accomplissent des actes qui font reculer les limites qui la contraignent. Les héros qui étaient des demi-dieux dans la mythologie antique, sont purement humains dans nos sociétés modernes où le sport tient une place prépondérante. Domaine constitué d'activités physiques autonomes, régies par des codes précis et fondées sur des valeurs, le sport est largement médiatisé aujourd'hui et ne cesse de nous montrer des exploits, des records battus, des victoires éclatantes. Mais le sport est-il toujours créateur de héros au sens noble du terme ? Nous verrons tout d'abord que le sportif a toutes les qualités pour être héroïque, mais que cet héroïsme aujourd'hui peut être éphémère et artificiel.

Le sportif est ainsi un héros pour la société dont il fait partie, car il en a toutes les qualités.

D'abord, il accomplit ce que les autres ne peuvent réaliser. Il dépasse les limite ordinaires, par sa condition physique et son sens du sacrifice face à des années d'entraînement et d'efforts. Il peut battre un record, remporter une victoire contre lui-même, contre le temps ou la nature. C'est le cas des skippers qui tentent lors du Vendée Globe un tour du monde à la voile en solitaire, affrontant les courants océaniques les plus difficiles. On pourrait aussi évoquer les souffrances des jeunes gymnastes, qui assouplissent leur corps par de douloureux entraînements, afin d'atteindre la grâce et la fluidité des mouvements attendus en compétition. Toutefois, ce n'est pas seulement par son corps que le sportif est héroïque, mais aussi par les valeurs qu'il incarne. Le sport a ainsi des vertus éducatives, mais aussi sociales. C'est ce qu'indique le sociologue Jacques Defrance dans son essai intitulé "Sociologie du sport", où il montre que le sport est fédérateur, pour la jeunesse, comme pour des communautés qui rencontreraient des difficultés à s'intégrer dans le groupe social. C'est ce qu'à souhaité Nelson Mandela, le premier président noir d'Afrique du Sud, lors de la coupe du monde de rugby de 1995. Le réalisateur Clint Eastwood lui rend hommage dans son film Invictus, car il a su faire de son équipe des Springboks des héros autour d'une nation "arc-en-ciel", au nom de la réconciliation, de la paix et de l'unité d'un peuple marqué par des décennies d'apartheid.

Le sport semble donc être créateur de héros, mais ceux-ci sont de plus en plus éphémères, voire artificiels. Les médias tout d'abord nous abreuvent de héros sportifs, qui sont encensés pendant quelques heures avant de disparaître dans l'oubli. La société vit au rythme des grands événements sportifs, vénère ses héros mais les oublie dès que les caméras cessent de les mettre en lumière. C'est le cas pour certaines disciplines sportives médiatisées uniquement lors des Jeux Olympiques, tous les quatre ans. On peut mentionner par exemple le ski alpin où les champions qui s'illustrent dans ces compétitions sont vite oubliés par la suite, comme Jean-Pierre Vidal ou Hermann Maier. Bien plus, l'héroïsme sportif est fortement mis à mal de nos jours par le culte de la performance

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