Le pouvoir du tyran

Franck                                                 Devoir Culture Générale                                               SPE IEP

Boissellier                                                  Peur du Tyran

Selon l'écrivain humaniste Étienne de la Boétie, dans Le Discours de la servitude volontaire, les régimes sont fondés sur la peur, laquelle sert à dissimuler l’absence de légitimité des gouvernants. Ainsi, le peuple s’auto-soumet aux pouvoirs en place, par simple habitude, par récurrence historique. De ce fait, l'une des thèses de Boétie dit que le pouvoir des tyrans ne repose que sur l'abandon du pouvoir du peuple car ce dernier serait, selon lui, un homme faible.

Dans l'Antiquité Grecque, le tyran désigne l'individu qui, après avoir pris le pouvoir illégalement par la force, exerce son pouvoir de manière oppressive et absolue : il n'est pas forcement fourbe, cruel et injuste. Mais de nos jours, le terme tyran a évolué pour prendre un sens péjoratif afin de designer un individu qui détient le pouvoir et l'exerce en faisant régner la peur sans respect des lois.

Ainsi, le tyran peut s'accaparer de toute satisfaction possible et imaginable grâce à son statut et à son pouvoir et donc vivre heureux en utilisant la peur. Mais est-ce vraiment le cas ? Après tout, pourquoi le tyran agit-il ainsi alors qu'il possède la capacité de rendre tout le monde heureux, lui-même compris ?

On peut donc se demander si le tyran et ses pratiques liées à la peur lui permettent de le mener au bonheur, ou alors s'il est lui-même victime de la peur.

Nous verrons dans un premier temps qu'il utilise sa puissance pour faire peur aux autres afin d'apparaître libre et heureux, puis que le tyran est lui-même victime de la peur.

I. Une puissance pour apparaître libre et heureux : 

1. La peur lui permet d'être obéit et craint par ses sujets car ils ont peur de le déplaire face à l'absence de lois et de justice :

Exemple : Fresque de Lorenzetti en 1338 sur les allégories et les effets du bon et du mauvais gouvernement : tout le monde est à genoux devant le tyran avec la Justice prisonnière à ses pieds.

2. Son pouvoir lui permet de faire tout ce qu'il veut car personne n'est au dessus de lui :

Exemple : Joseph Staline sous son règne après la mort de Lénine en 1924 avec l'élimination d'ennemis politiques où de tout agent qui pouvait représenter un frein à son pouvoir et à ses id éaux politiques comme Trotski chassé de l'URSS en 1929.

3. Il fait en sorte que seul lui puisse jouir d'un épanouissement :

Exemple : Ouvrage Les politiques écrit en 1993 : Aristote dit que la tyrannie met en place plusieurs procédés propres comme l'appauvrissement des sujets pour que la milice ne puisse intervenir ou bien être fauteur de guerre et de conflits comme Syracuse sous Denys l'Ancien au 5ème siècle avant J.C.

Nous venons de voir que le tyran semble, par l’exécution de son pouvoir, être l'individu le plus heureux de tous car la peur qu'il exerce sur ses sujets les poussent à obéir au tyran qui instaure comme une unique loi celle de son désir.

Mais est-ce suffisant pour que le tyran puisse atteindre le bonheur ? Au final, n'est-ce pas le tyran qui agit ainsi car il est également en proie à la peur ?

Selon Spinoza, si chacun juge, selon son affection, de la chose comme bonne ou mauvaise, cette affection « par laquelle l’homme est disposé de telle sorte qu’il ne veut pas ce qu’il veut ou veut ce qu’il ne veut pas, s’appelle la peur ». La peur introduit ainsi dans la crainte une dimension stratégique de calcul d’intérêt qui se traduit comme une anxiété. Si le tyran vit dans la hantise de la pauvreté, il n’accumule son trésor que dans l'unique but de conjurer sa peur de devenir pauvre. Il accepte ce qu’il juge comme un moindre mal pour éviter ce qu’il estime être le pire. 

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