D’où vient le gaz consommé dans l’Union européenne ?
Compte rendu : D’où vient le gaz consommé dans l’Union européenne ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar azerty876 • 8 Avril 2023 • Compte rendu • 2 869 Mots (12 Pages) • 381 Vues
A partir de l’ensemble documentaire, vous rédigez une note en 500 mots environ sur l’augmentation du prix du gaz.
Doc.1 L’envolée des prix du gaz en Europe
Les prix du gaz européen connaissent une hausse spectaculaire depuis plusieurs mois, et la tendance ne s’inverse pas. Au premier jour de l’hiver, mardi 21 décembre, les cours de cette énergie fossile ont battu des records sur les marchés. Le cours européen de référence, le très volatil TTF néerlandais, a gagné plus de 22 %, pour s’installer à 180,267 euros le mégawatt heure (MWh). Ils sont dix fois supérieurs à ceux observés il y a un an et en hausse de 90 % depuis début décembre.
D’où vient le gaz consommé dans l’Union européenne ?
L’Union européenne (UE) est dépendante du reste du monde pour sa consommation d’énergie : 60,7 % de sa consommation énergétique sont satisfaits par des importations, notamment parce qu’elle ne produit pas de pétrole et presque pas de gaz. Pour ce dernier, qui représente plus de 21 % de sa consommation d’énergie finale en 2019, elle est dépendante des approvisionnements extérieurs à 90 %, et donc soumise à des variations de prix qu’elle ne maîtrise pas.
Le gaz est acheminé de deux façons. La première consiste à transporter le gaz sous pression dans des gazoducs, des canalisations qui passent souvent sous terre ou en mer. Au troisième trimestre, 77 % des importations de gaz européen transitaient par les gazoducs. Les 23 % restants sont transportés par bateau sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Ce second mode d’acheminement permet de diversifier les sources d’approvisionnement : c’est ainsi que l’UE importe du gaz des Etats-Unis, du Qatar ou de l’Algérie.
Les principaux fournisseurs de l’UE sont la Russie (41 % du gaz importé en 2019) et la Norvège (16,2 %). Viennent ensuite l’Algérie, le Qatar, le Nigeria et les Etats-Unis. En France, la Russie ne représente cependant que 17 % de l’approvisionnement de gaz, et la Norvège, presque 41 %.
Un « choc gazier »
Les hausses de prix actuelles résultent de plusieurs facteurs (…). D’une part, l’année 2021 a été marquée par une importante augmentation des besoins en énergie en Europe, en raison de l’hiver 2020-2021, qui fut particulièrement froid et long, et de la remise en marche rapide de l’économie après la crise due au Covid-19 en 2020. Dans le même temps, divers phénomènes météorologiques, comme l’absence des vents en mer du Nord, ont entraîné une moindre production d’électricité éolienne et ont renforcé les besoins en gaz pour produire de l’électricité. Or, de nombreux incidents dans les pays producteurs et exportateurs de gaz ont provoqué un resserrement de l’offre mondiale. Les principaux fournisseurs de gaz naturel de l’Europe ont été dans l’incapacité d’augmenter leurs exportations pour de multiples raisons : des travaux de maintenance sur les gazoducs russes, un incendie sur l’un d’entre eux cet été, la réduction du transit de gaz russe par l’Ukraine en raison des tensions entre les deux pays, des opérations de maintenance sur des gisements en mer du Nord ou encore l’arrêt du plus important site de production de GNL en Norvège, après un incendie.
L’offre de gaz s’est trouvée d’autant plus insuffisante que l’augmentation de la demande d’énergie est générale. L’Asie a, par exemple, connu un hiver tout aussi long que l’Europe, et un rebond économique très important. Or, « il existe une concurrence sur le marché du gaz à l’échelle mondiale entre l’Europe et l’Asie, et la deuxième capte une part croissante des importations de GNL au détriment de la première », souligne Patrice Geoffron, professeur d’économie. La Chine est ainsi en passe de devenir le premier importateur mondial de GNL, tandis que les importations de gaz liquéfié ont baissé de 35 % en Europe au troisième trimestre. (…)
La baisse des importations de GNL en Europe et la limitation, dans l’immédiat, des capacités d’exportation de la Norvège renforcent aussi la dépendance du Vieux Continent vis-à-vis de son principal fournisseur de gaz, la Russie. Or, les tensions diplomatiques entre Bruxelles et Moscou au sujet de l’Ukraine – par où transite une partie du gaz russe acheté par l’UE – vont croissant. Vladimir Poutine se sert – dans une certaine mesure – du gaz comme d’une arme diplomatique. « La Russie, par l’intermédiaire de Gazprom, livre ce qui doit être livré en vertu des contrats européens, mais n’augmente pas ses capacités d’exportation », rappelle Patrice Geoffron. (…)
Afin de prévenir les possibles conséquences sociales de cette envolée des prix, de nombreux pays, dont la France, ont pris des mesures pour atténuer l’impact, en bout de chaîne, sur les ménages. Mais « la préoccupation est grande pour les entreprises électro-intensives, comme celles du secteur automobile ou sidérurgique, pour qui l’énergie est une charge très importante, explique Patrice Geoffron, qui souligne que certains sites industriels ont dû être mis à l’arrêt. La question est de savoir si elles pourront répercuter le coût sur leur clientèle, ce qui se traduira par une hausse des prix, ou si elles pourront l’absorber avec une baisse de leurs marges. Cela dépendra de la durée du choc ».
Eléa Pommiers, Le Monde, 23 décembre 2021
Doc.2 Gaz naturel : pourquoi ça flambe ?
En dépit du développement du gaz naturel liquéfié (GNL), qui représente 52 % du commerce mondial en 2020 — contre 42 % dix ans plus tôt —, le marché du gaz naturel reste encore fortement régionalisé. La « nature » du gaz et le coût du transport ont jusqu’à présent constitué des obstacles au commerce transcontinental, les pays consommateurs s’efforçant de s’approvisionner au plus proche de leurs besoins. Le gaz naturel est transporté par gazoduc alors que le gaz naturel liquéfié est acheminé par voie maritime jusqu’aux terminaux méthaniers. On distingue ainsi trois marchés régionaux : européen, américain et asiatique.
Le système de formation des prix est hybride : il repose d’une part sur les contrats de long terme s’étendant fréquemment sur plusieurs dizaines d’années, d’autre part sur les marchés de gré à gré (marchés au comptant ou à terme). Si les contrats de long terme ont longtemps prévalu, les marchés de gré à gré acquièrent une place croissante, ce qui augmente le risque de volatilité des prix.
La régionalisation des marchés du gaz explique les évolutions divergentes de prix passées entre les marchés européen et nord-américain. Au début des années 2010, le différentiel de prix entre États-Unis et Europe s’est creusé en raison du développement fulgurant du gaz de schiste nord-américain qui a entraîné une abondance de l’offre dans la zone américaine. (…)
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