En quoi le film de Leconte "Ridicule" montre-t-il que la Parole est une arme ?
Dissertation : En quoi le film de Leconte "Ridicule" montre-t-il que la Parole est une arme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jtlm • 14 Août 2023 • Dissertation • 644 Mots (3 Pages) • 303 Vues
En quoi ce film montre-t-il que la parole est une arme ?
Jean Rochefort, disait : « ce film est un duel constant, mais les armes ici sont les mots ». Par le prisme du film de Patrice Leconte, « Ridicule », dans lequel sont mis en scène une dizaine de personnage, qui, comme des acrobates, jonglent avec les mots avec grâce et agilité, nous nous pencheront sur la question de la parole dans ce film, tendant à être considéré comme une arme, une arme pour convaincre, mais également pour nuire.
« J’ai peur que dans sa joie, monsieur ne se soit oublié ». Cette phrase, qui clôt la première scène du film donne le ton. Élégance et subtilité sont les maîtres-mots à la cour. Il faut savoir peser chacune de ses paroles, se moquer avec finesse, afin qu’aucun malentendu ne soit fait. Un mot de travers et c’est la fin. Votre réputation au sein du cercle aristocratique est anéantis, parfaitement illustré par l’abbé de Villecourt, lorsque, devant le roi, il fit une blague de très mauvais goût quant à la religion. Les sujets trop controversé sont comme des couteaux, si l’on ne sait pas les manier avec aisance, mieux vaut ne pas les touchers, même du bout du doigt. Cependant, manipulé avec tact et finesse, ils permettent de pousser autrui à la réflexion, et dénoncer des injustices et des problèmes sociétaux. La phrase de Ponceludon, le personnage principal nous renvoie à cette idée. « les paysans ne nourrissent pas seulement les moustiques, ils nourrissent aussi les aristocrates ». Elle suscite l’introspection de son public, et met en lumière des problèmes majeurs. Elle sonne comme une menace. Avec son arme qu’est son charme et son éloquence, il entend bien servir la cause du peuple. C’est dans une optique engagé qu’il se présente en premier lieux à la cour. Ses mots sont sa seule arme pour défendre les plus démunis et les plus opprimés de ses terres. « Un bon mot et tu as la vie sauve ». Comme une arme, la parole est souvent un moyens de défense.
Mais dans ce film, le maniement de la langue a bien d’autres objectifs pour ses adeptes. Il sert à monter en grade et gagner en estime et popularité au sein de la cour. À la façon de George Duroy dans Bel-Ami, Ponceludon de Malavoy se sert de ses charmes et des femmes pour grimper l’échelle social, comme avec la comtesse de Blayac. À la manière d’une arme à feu, ses mots et ses belles paroles retentissent à Versailles et lui permettent d’exercer une pression sur ses cibles, quitte à même les humilier. Menaçant et inspirant la méfiance, il force le respect, notamment en faisant quitter madame de Blayac la salle de jeu du château, le couteau sous la gorge. En parlant de jeu, ce qu’on appelle les joutes verbales sont au cœur de l’action. Ce duel oral tend à assouvir leurs pouvoir et leurs puissance face au sujets dont ils sont entourés. Comme le dit cet adage bien connu, « la plume est plus forte que l’épée ». A l’instar de Cyrano de Bergerac, Ponceludon est lui aussi un maitre de la langue. Il la manie avec vigueur et sarcasme, mais toujours dans les règles de l’art et de la bienséance. C’est en ayant de l’esprit et de l’éloquence que l’on gagne une bataille. Un mot juste a souvent plus de poids qu’un coup d’épée. C’est la dernière scène qui nous montre à quel point les mots peuvent avoir un réel impact sur les autres. Lorsqu’à la fin de la tirade de Ponceludon madame de Blayac se met à pleurer, on voit à quelle point les mots sont aussi dangereux et blessant qu’une arme.
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