Note de lecture : Le miroir brisé – Simone Korff-Sausse
Fiche de lecture : Note de lecture : Le miroir brisé – Simone Korff-Sausse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar julie9284 • 10 Avril 2021 • Fiche de lecture • 2 134 Mots (9 Pages) • 2 274 Vues
Note de lecture : Le miroir brisé – Simone Korff-Sausse
Le miroir brisé est un livre écrit par Simone Korff-Sausse.
Simone Korff-Sausse est psychanalyste et maître de conférences à l'université Paris VII, Denis Diderot. Elle exerce depuis une vingtaine d'années dans un Centre d'Action Médico-sociale Précoce (CAMSP) situé en région parisienne. Cette structure accueille des enfants handicapés de 0 à 6 ans et leur famille.
Ce livre nous présente un témoignage de parents qui ont souffert d'un manque de soutien aussi bien de professionnels que de leurs proches. On retrouve aussi le témoignage des enfants qui expriment leur mal-être face au regard inquiet des gens qu'ils croisent. Comment pouvons-nous aborder les enfants porteurs d’un handicap alors que nous ne savons pas comment eux nous perçoivent ? Pourquoi la société, les parents sont mal à l'aise face à un enfant atteint d'une anomalie ? De nos jours dans une société, il faut se ressembler. Ainsi, ce livre nous explique que la naissance d'un enfant handicapé brise le miroir. Le miroir de ce qu’on souhaite voir chez nos enfants : « qu'il est beau mon fils », « qu'il est intelligent », etc. Le handicap renvoie une image qui peut faire peur (miroir brisé). Face à un enfant pas comme les autres, les parents qui doivent faire avec, se retrouvent seuls, démunis, avec des questions sans réponses. Simone Korff-Sausse cherche à nous montrer que l’enfant handicapé, si étranger pour nous, ne l’est pas tant que ça.
Je pense que l’annonce du handicap doit demander au professionnel une certaine préparation. Les attitudes, ainsi que les mots employés sont importants car ils peuvent avoir un impact sur la façon de réagir des parents, sur leur manière d’assumer cet épreuve. Je me suis rendu compte de la difficulté que représentait l’annonce du handicap, souvent l’annonce est bâclée, c’est une façon de se débarrasser des émotions douloureuses que ce bébé suscitent en chacun : gêne, honte, pitié, peur, fuite.
Il est important de les accompagner dans ce chemin douloureux : « tout être, aussi marqué soit-il par une fatalité, est un être en devenir »
J’ai compris l’impossibilité d’assimiler en une seule fois une annonce comme celle-là. Il faut faire preuve d’énormément de patience car les parents se disent souvent que l’accompagnement ne changera rien au handicap de leur enfant et ne souhaitent pas se faire aider.
L’accompagnement des parents est primordial et ne s’arrête pas à juste leur proposer des solutions. Il faut aussi savoir accepter et écouter leurs réactions. Écouter leur détresse, leur haine, leurs idées de mort ou simplement rester auprès d’eux même quand ils sont sans voix.
Il est important d’accepter qu’il puisse y avoir une envie de mort envers l’enfant qui arrive. Cela accentue la culpabilité des parents d’avoir non seulement fait un enfant handicapé mais en plus de souhaiter sa disparition.
Cette violence a besoin d’être reconnue, même si elle est difficilement avouable. Dire qu’on aurait préféré que cet enfant n’arrive jamais au monde ne revient pas à le supprimer pour de vrai. Il est important d’expliquer ça aux parents.
Souvent les parents vont tout faire pour masquer ces idées, et le souhait que l’enfant disparaisse se transforme en son contraire : la volonté de tout faire pour lui.
Nos progrès médicaux qui permettent de détecter une anomalie de l’enfant au moment de la grossesse et donc de l’interrompre, laissent à penser que la société cherche à éliminer tout citoyen qui dévie de la norme. Mais la personne atteinte de cette anomalie, elle, ne demande qu’à être reconnue et acceptée telle qu’elle est.
Face au repli honteux qu’ils ressentent au sujet du handicap, les parents ont le sentiment d’être seuls à porter le poids du handicap de leur enfant. Il est donc essentiel de leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls.
Personne n’est jamais préparé à l’annonce du handicap, on se dit souvent que ça n’arrive qu’aux autres, donc les réactions des parents peuvent paraître souvent anormales. « Une situation extrême ne peut qu’amener une réaction extrême. »
La douleur est tellement forte que souvent les parents parlent d’un « black out » total.
Le face à face avec l’enfant est souvent très compliqué, à la limite insoutenable. Et c’est souvent au travers du regard des autres enfants, comme un miroir, que le parent arrive à regarder son enfant. Le regard bienveillant des autres sur son enfant rassure.
On parle souvent du temps qui s’arrête. Si les parents n’ont aucune aide, rien ne bougera, on voit souvent la personne handicapée, même à 40 ans, avec le statut du petit enfant, comme si, dès l’annonce, la famille était condamnée à perpétuité. Ce livre explique aussi que le handicap provoque une réel dépendance de la famille, qui empêche l’enfant de devenir autonome. Une intervention extérieure est alors nécessaire pour que l’enfant puisse grandir et ne reste pas un éternel nourrisson.
Les parents ont du mal à se reconnaître dans leur enfant quand il est handicapé, il leur renvoie un miroir déformé. Je pense que le plus dur est de faire le deuil de l’enfant imaginaire qu’on aurait aimé avoir. Je me suis demandé comment les parents peuvent accepter « l’inacceptable » et comment nous, en tant qu’éducateur, pouvons les aider.
J’ai aussi remarqué qu’on privilégiait beaucoup la mère et que souvent les soignants parlaient d’un père absent. Mais est-ce qu’on sollicite vraiment toujours les pères ? Le père trouve-t-il facilement sa place dans un univers très féminin ? La société a l’habitude de représenter le père en personnage viril qui doit être une épaule forte et ne pas pleurer. Il est pourtant important de laisser autant de place au père qu’à la mère.
L’histoire d’une petite fille qui s’adresse à un éducateur en lui disant : « je suis trisomique, et toi ? » m’a beaucoup questionnée sur mon identité. Que répondre à une petite fille qui se classe directement dans une case, et qui te demande où tu te situes, toi ? « Moi je suis normal » ? Non, la plupart des personnes reste sans voix, de peur de blesser cette jeune fille.
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