La société et l'urgence

LA SOCIETE ET L’URGENCE

Lors de son discours « Le Conseil d’Etat dans la crise sanitaire du Covid-19 », Bruno Lasserre affirme que les recours en référé par le CE pendant la pandémie sont en hausse depuis que l’état d’urgence instauré par la loi du 23 mars 2020.

L’Etat de droit, théorie développée par Hans Kelsen, permet de garantir les droits et libertés des citoyens, ainsi que les principes démocratiques. Cette théorie est ainsi retranscrite par des règles juridiques et procédurales et des sanctions juridictionnelles. Cependant ce concept n’est pas hermétique et par exception peut se montrer restrictif et déroger à la légalité, afin de répondre et faire face à des situations singulières. Les situations d’urgences se multipliant, rendant l’exception la règle et ainsi remettre en cause la conception de l’Etat de droit en France.

Ainsi les exceptions sont multiples pour permettre de faire face à des situations inhabituelles, menaçantes ou urgentes. L’urgence désigne une situation critique nécessitant une intervention immédiate pour prévenir ou réduire les risques de dommages graves à des personnes, des biens ou l’environnement. Les situations d’urgence peuvent survenir dans divers contextes : catastrophes naturelles, incidents de sécurité publique ou crises humanitaires. L’urgence est devenue un thème central de notre société et renvoi à la nécessité d’agir vite. Selon Nicole Aubert dans son ouvrage « Le culte de l’urgence », nos sociétés vivent une mutation radicale dans leur rapport au temps. Les nouvelles mesures du temps seraient l’urgence et l’instantanéité. Par conséquent l’urgence est centrale pour comprendre les défis contemporains de notre société. Il est possible de distinguer 2 types d’urgences : immédiates (telles que la crise sanitaire) et structurelles (crise écologique et sociale).

A quelles situations urgentes notre société est-elle confrontée et comment y répond-elle ?

Notre société fait face à de multiples situations d’urgence (IA), engendrant obligatoirement des conséquences sociétales (IB) nécessitant des réponses (IIA), mais aussi de repenser la société de manière plus globale (IIB).

1. La société devant faire face à une multitude d’urgence engendrant des conséquences

1. La diversité d’urgences contemporaines

1. Urgences environnementales 

1. Crise climatique
2. Catastrophes naturelles

1. Urgences économiques et sociales

1. Chômage
2. Précarité
3. Inégalités croissantes

1. Urgences sanitaires

1. Epidémie
2. Pandémies
3. Accès aux soins

1. Urgences politiques et sécuritaires

1. Terrorisme
2. Instabilité politique
3. Cyberattaques

1. L’urgence et ses conséquences sociétales

1. Stress et anxiété dans la population : sentiment d’insécurité et de crise permanente. Le fonctionnement du monde contemporain est celui de l’instantanéité qui explique le règne de l’urgence et l’obligation de réagir immédiatement. Dans le monde économique les société le temps est un avantage concurrentiel ainsi la réponse dans l’urgence est devenue la règle. Les systèmes d’organisation et de management peuvent amplifier ce sentiment d’urgence, et d’insécurité. Car en cas de défaut de rendement possible licenciement.

Sur le plan individuel, les nouvelles technologies et internet favorisent aussi le sentiment d’urgence et donner la possibilité pour l’Homme de maximiser son temps. Ainsi la capacité de distinguer entre ce qui est urgent ou non semble de plus en plus difficile à effectuer.  

1. Inégalités accentuées : touchent souvent et plus durablement les populations les plus vulnérables. L’urgence développe des pathologies : dépression, le burn out, les désordres psycho somatiques, les désajustements temporels. Les femmes semblent être plus sensibles à ce phénomène car semblent subir une pression sociétale beaucoup plus importante que pour les hommes afin assumer et assurer sur le plan personnel et professionnel. De plus, ’individu moderne serait dominé par le besoin de satisfaction immédiate, la satisfaction d’un besoin est rendue possible par l’hyperchoix permanent de la société de consommation. => problème des population plus pauvre => marginalisé.

Face à l’urgence, la rapidité et l’efficacité de la réponse sont cruciales pour minimiser les impacts négatifs et protéger la société (A), cependant l’urgence oblige la société à se transformer (B).

1. Des réponses nécessaires devant allier urgence et durabilité et engendrant une réflexion globale sur la société

1. Les réponses face aux situations d’exception peuvent fragiliser notre société 

1. Les solutions rapides : mise en place de mesures d’urgence (confinement et plans de relance économique) => obligation de concilier urgence et long terme :

1. Pression politique : les gouvernements doivent souvent répondre dans l’urgence, au risque de ne pas pouvoir des … à long terme
2. Exigences citoyennes : une population de plus en plus informée et exigeante, qui demande des réponses immédiates mais aussi durables

1. Limites de ces solutions : mesures « pansements » qui n’attaquent pas les causes profondes des problèmes ; effets temporaires et parfois contre-productifs

1. Notion de crise « permanente » :

1. Changement de paradigme : autrefois exceptionnelles, les urgences deviennent récurrentes dans un monde globalisé
2. Effet d’accumulation : pression constante sur les gouvernements et les citoyens, engendrant des sentiments d’incertitude et d’impuissance
3. Erosion de la confiance en les institutions : réponses perçues comme inefficaces ou insuffisantes

Entre les attentats du 13 novembre 2015 et l’automne 2021, la France a vécu plus de la moitié du temps sous état d’urgence terroriste ou sanitaire. Ce régime, conçu au départ comme un dispositif juridique temporaire, accordant des pouvoirs exceptionnels aux autorités publiques pour faire face à des risques inédits, tend à devenir un état permanent, en France mais aussi dans de nombreux autres pays.

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