Le sublime chez Kant
Dissertation : Le sublime chez Kant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alul • 25 Novembre 2024 • Dissertation • 1 260 Mots (6 Pages) • 35 Vues
Selon Kant, pourquoi le sublime est-il un plaisir qui ne peut surgir que par la médiation d’un déplaisir?
Dans sa Critique de la faculté de juger, Kant propose un “Analytique du beau”, ainsi qu’un “Analytique du sublime”, autre sentiment qui peut être provoqué par le jugement esthétique. Au cours de ce deuxième chapitre compris dans la “Critique de la faculté de juger esthétique”, il définit le sublime selon les mêmes catégories que le beau: quantité, qualité, modalité et relation, tout en le distinguant du sentiment de beau, différence cruciale à sa compréhension. Après avoir défini le beau comme ce qui procure un plaisir désintéressé, c'est-à-dire un plaisir qui n'est pas lié à un intérêt particulier ou à un désir de possession; universel et partagé en droit par tous les êtres humains, indépendamment de leurs préférences personnelles. Néanmoins, si le beau semble nous procurer un plaisir, celui-ci est dû au libre jeu de l’imagination et de l’entendement. Ce libre-jeu à l’origine du sentiment de beau correspond à la création d’une intuition d’un objet, à partir de l’imagination, sans intervention de l’entendement, et conduisant à une contemplation. Ainsi, n’existe-t-il pas certaines expériences esthétiques représentant une telle grandeur qu’elles nécessitent une médiation de la raison ? La raison étant, rappelons-le à nouveau, absente du jugement de goût. Ainsi, lorsque nous sommes face à un phénomène naturel tel qu’une tempête, ne nous arrive-t-il pas d’avoir le souffle coupé par un mélange de terreur et d’admiration ? Un sentiment de plaisir se confronte ainsi à une forme de peur. L’imagination rentre en tension avec la raison. Ce plaisir esthétique complexe est, selon Kant, l’essence du sublime. C’est ce que Kant nomme “un arrêt momentané des forces vitales”1. Il s’agit donc d’une expérience esthétique qui n’est pas un plaisir immédiat, et n’est pas non plus soumise à la médiation des sens. Il distingue tout de même plusieurs phénomènes sublimes, qu’il nomme le “sublime mathématique”, soit le sentiment éprouvé devant ce qui excède toute forme, présentant la nature comme immensité et le “sublime dynamique”, c’est-à-dire qui présente la nature comme force. Le plaisir, cette satisfaction descriptible seulement quantitativement, ne surgit en réalité à nous que de manière indirecte dans le sublime, par la médiation d’un déplaisir premier. Ces sentiments contradictoires nous poussent alors à nous demander: pourquoi le sublime est-il un
1 Critique de la faculté de juger, I. Kant, GF, p226
plaisir qui ne peut surgir que par la médiation d’un déplaisir ? En effet, ne pourrait-on pas plutôt penser que la sensibilité, qui est la “faculté qui nous donne les objets, qui se caractérise par sa réceptivité et s’oppose à l’entendement”2; et la raison, qui est la “faculté suprême recherchant pour un conditionné la totalité des conditions, c’est-à-dire l’inconditionné”3 puissent se représenter le sublime qu’elles reconnaissent? Ainsi, dans un premier temps, Kant différencie le beau du sublime; avant d’accorder un deuxième temps au déplaisir lié aux limites de représentation de l’esprit; et finalement il identifie la nature du sublime par le plaisir négatif qu’il en résulte.
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Kant ouvre son deuxième chapitre en le situant par rapport au premier, en distinguant la notion de beau de celle de sublime. En effet, là où pour le beau l’accord entre l’imagination et l’entendement correspond au sens commun, le jugement du sublime s’accompagne toujours de la liberté de l’imagination. Cette liberté résulte en une tension entre cette dernière faculté et la raison. De plus, si le beau évoque la forme d’un objet, le sublime est marqué par l’absence de forme, ce qui la dépasse; car c’est un mouvement de l’esprit, une tranquille contemplation, soit un sentiment d’intensification de la vie. Finalement, à la différence du beau, le sublime surgit indirectement, car son plaisir est lié à un déplaisir, à la peur devant un débordement de la forme
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