La laïcité en milieu scolaire
Dissertation : La laïcité en milieu scolaire. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Juliette.Jn • 29 Janvier 2025 • Dissertation • 2 720 Mots (11 Pages) • 12 Vues
La laïcité
«La laïcité, c’est le respect des spécificités, c’est la conjugaison de la diversité». C’est ainsi que s’exprime Jean-Paul Delahaye, ancien vice-président de la Ligue de l’enseignement. Il souligne par là, le rôle rassembleur de la laïcité, le socle sur lequel toutes les croyances et les identités peuvent coexister dans un esprit de vivre-ensemble. De ce fait, la laïcité fait partie intégrante des valeurs d’une démocratie.
Le mot laïcité apparaît en 1871, sans pour autant faire partie de la loi de 1905. La laïcité garantit la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelle que soit leur croyance et la neutralité de l’Etat à l’égard des religions et le libre exercice des cultes.
Problématique : Dans le contexte actuel de la France, où la cohésion sociale semble fragilisée, de quelle manière la laïcité est-elle transmise aux élèves dans le cadre de leur formation à la citoyenneté ?
Tout d’abord, nous allons analyser les différentes évolutions du concept de laïcité et son rapport à la société. Puis, nous nous pencherons sur la place que la laïcité prend à l’école et les différents leviers pour éduquer à la laïcité.
I- De l’émergence de la laïcité à la française à sa place au sein de l'École
A) Des balbutiements à sa mise en application (1789-1980)
La Révolution française s'inspire des idées des Lumières, notamment de John Locke, Voltaire et Rousseau. Dès 1789, la France subit de profonds changements politiques, sociaux et religieux, notamment avec la fin de l'Ancien Régime et la proclamation de principes universels comme la liberté de conscience et l'égalité. En 1792, la Ière République est instaurée, marquant le début d'une effervescence démocratique. La Révolution introduit des réformes laïques, dont le mariage civil, le divorce et l'enseignement gratuit. Malgré la brève durée de certaines réformes, elles posent les bases d'un système éducatif plus égalitaire. L'État commence à se séparer de l'Église, mais le Concordat de 1801 rétablit une relation entre la République et l'Église catholique. La période révolutionnaire amorce le processus de laïcisation, bien que des conflits persistent entre cléricaux et anticléricaux, affectant l'éducation, notamment à travers la loi Falloux de 1850, qui favorise l'influence de l'Église sur l'enseignement.
Après la défaite de Sedan en 1870 face à la Prusse, la IIIe République est proclamée et la France perd l'Alsace-Moselle. L'État renforce alors l'instruction des citoyens pour consolider la République. Jules Ferry, fondateur de l'école républicaine, met en place les lois Ferry, qui rendent l'école gratuite (1881) et l'instruction obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans (1882), tout en la laïcisant partiellement. L'enseignement religieux est exclu de l'école, remplacé par l'instruction morale et civique, mais les congrégations religieuses sont encore présentes dans le corps enseignant. La loi Goblet (1886) poursuit cette laïcisation en excluant le financement public des écoles privées et en laïcisant progressivement les enseignants, qui deviendront fonctionnaires en 1889. Cependant, la laïcisation du personnel scolaire avance lentement, et l'enseignement privé reste sous la direction des congrégations religieuses.
Au début du XXe siècle, la France est marquée par un fort anticléricalisme, qui mène à la séparation de l'État et des Églises. La loi du 1er juillet 1901 sur les associations impose aux congrégations religieuses de demander une autorisation légale, ce qui entraîne la fermeture de plus de 10 000 écoles congréganistes. En 1904, la loi Combes interdit aux congrégations d’enseigner, renforçant la laïcité. En 1905, la loi de séparation des Églises et de l'État met fin au Concordat napoléonien et affirme la liberté de conscience tout en supprimant le financement des cultes. Ce "pacte laïque" redéfinit la place des Églises dans la société civile et marque la transition vers une laïcité plus stricte.
Pendant le régime de Vichy, les principes laïques sont affaiblis, notamment avec des lois discriminatoires envers les Juifs, violant l’égalité républicaine. Après la Seconde Guerre mondiale, la question de la laïcité est moins présente dans le débat public, bien que les Constitutions de 1946 et 1958 réaffirment la France comme une République laïque. La laïcité revient sur le devant de la scène dans les années 1980, dans un contexte de tensions géopolitiques et de revendications identitaires, notamment après la révolution islamique de 1979 et les crises pétrolières, qui ravivent les débats autour du concept de laïcité.
B) Un Etat conservateur qui marque le retour d’un cadre juridique malgré une société en mouvement (1980-aujourd'hui)
En septembre 1989, la laïcité refait surface avec l’affaire des jeunes filles exclues du collège de Creil pour avoir refusé d’enlever leur voile en classe. D'autres cas similaires émergent dans d'autres établissements, alimentant un vif débat public sur la laïcité et les symboles religieux à l'école. Des associations, comme SOS Racisme et des organisations islamiques, soutiennent les jeunes filles, tandis que la majorité des enseignants défendent les exclusions.
Le ministre de l'Éducation, Lionel Jospin, sollicite l'avis du Conseil d’État, qui affirme que le voile est compatible avec la laïcité, sauf si cela perturbe l’ordre ou le bon fonctionnement des établissements scolaires. En réponse à l'escalade des incidents, la circulaire Bayrou de 1994 introduit une distinction entre les signes religieux discrets et ostentatoires, proscrivant les seconds comme actes de prosélytisme.
Entre 1989 et 1994, 639 jeunes filles sont concernées par des incidents liés au voile, et la majorité accepte de l'enlever à l'école. Cependant, certaines quittent le système scolaire ou poursuivent leurs études à distance. L’affaire du voile devient un sujet central dans le débat public, amplifié par les médias et des figures politiques, comme celles proches de Jacques Chirac, qui critiquent la gestion de la laïcité à l'école. Cela marque l'émergence d'une nouvelle approche de la laïcité au début du XXIe siècle.
Au début du XXIe siècle, la France traverse une période particulière marquée par les attentats du 11 septembre 2001 et la montée du Front national en 2002, qui influencent le débat sur la laïcité. En 2003, François Baroin propose une "nouvelle laïcité", visant à garantir l'égalité entre hommes et femmes et à lutter contre le communautarisme et l'islam fondamentaliste. Cette approche, appelée la "laïcité identitaire", aboutit à la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostentatoires à l'école.
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