Comment lutter contre les stéréotypes de genre en classe et parvenir à les faire déconstruire par les élèves ?
Mémoire : Comment lutter contre les stéréotypes de genre en classe et parvenir à les faire déconstruire par les élèves ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gribouille444 • 18 Septembre 2023 • Mémoire • 4 877 Mots (20 Pages) • 274 Vues
Dossier n°1 Inspé Mme Delaunay : Valeurs et principes du système éducatif. (UE B)
Problématique : Comment lutter contre les stéréotypes de genre en classe et parvenir à les faire déconstruire par les élèves ?
Introduction :
La mixité dans les classes de l’enseignement secondaire entamée par la réforme Berthoin en 1959 légalisant les lycées mixtes puis la loi Fouchet-Capelle en 1963, étendant cette mixité aux collèges et enfin généralisée par les décrets d’application de la loi Haby en 1976[1], change considérablement les rapports de proximité entre les garçons et les filles, si on pouvait attendre de ce rapprochement un glissement vers une unité de comportements dégenrés il s’avère que les stéréotypes de genre ont pu être renforcés par cette même mixité. En effet certaines études prouvent que les comportements genrés des élèves sont parfois consolidés par la confrontation de ces derniers au genre qui s’oppose au leur[2]. Il est très aisé de constater ces différences comportementales dans les classes, et il est important de faire comprendre aux élèves les mécanismes inconscients qui régissent leur comportement et qui par la même les brident dans leur développement.
Les salle de classes de nos établissements sont donc remplies indifféremment de garçons et de filles, si cette répartition dans ma classe de 4e est paritaire, on compte neuf garçons et dix filles elle l’est moins dans ma classe de 5e où seules neuf filles font face à seize garçons. Indifféremment, dans une classe comme dans l’une on remarque très vite premièrement un éloignement des corps en fonction du genre des élèves. Il est tout à fait remarquable que lors du placement libre des élèves, ils se positionnent en deux groupes, celui des garçons et celui des filles. On constate également assez vite que cette éloignement n’est pas seulement physique, et un regard jeté dans la cours de récréation ou dans le couloir confirme la manifestation physique des élèves en classe puisque ceux-ci ne semblent pas vraiment se mélanger lorsqu’il s’agit pour eux d’entretenir des échanges verbaux.
Nous sommes donc en présence d’une mixité des genres souhaitée et institutionnelle mais dont la manifestation concrète est encore très faible et fragile, il appartient aux professeurs et à l’ensemble des équipes éducatives de mettre véritablement en application ce projet de mixité des genres, et de la même façon que l’enseignant doit coconstruire ses enseignements avec les élèves il va falloir mettre en place des processus de déconstruction des représentations stéréotypées des élèves pour que ce processus soit le plus efficace et que les valeurs de la république soient effectivement mises en place.
En effet les élèves n’arrivent pas en classe exempts de représentations, leur environnement familial, l’univers médiatique dans lequel ils évoluent, leur religion, culture etc. sont tout autant de véhicules à la construction de représentations qu’un élève peut avoir. Des représentations qui peuvent être en profonde inadéquation avec les valeurs de la république et qu’il convient alors de questionner afin de former des citoyens « éclairés ». Ces représentations vont former des stéréotypes qui vont dans un premier temps engager un regard erroné sur les individus du genre opposée et dans un second temps limiter le développement des élèves dans une condition de conformisme de genre qui va les empêcher de se développer au-delà de la représentation qu’ils ont de leur genre.
Partie 1 : Construction et déconstruction des stéréotypes
- Point terminologique.
- La notion stéréotype
La notion de stéréotype, centrale dans ce travail a été développée par Walter Lippmann en 1922, il écrit ainsi « De manière générale, ce n’est pas voir que nous faisons en premier, pour ensuite définir, nous commençons par définir pour ensuite voir. Dans l’immense confusion bourgeonnante et bourdonnante du monde extérieur, nous sélectionnons ce que notre culture a déjà défini pour nous, et nous avons tendance à percevoir ce que nous avons préalablement sélectionné sous la forme stéréotype pour nous par la culture »[3]. La regard que l’on porte sur les choses est donc ainsi dépendant de la représentation que l’on a d’elles, et plus précisément de la vision que notre culture nous en a donné d’elles. Pour ce qui tient des stéréotypes de genre, ils sont précisément ces représentations culturelles qui se posent sur les différents genres, on reprendra à ce titre la définition du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies, « un stéréotype lié au genre est une opinion généralisée ou un préjugé quant aux attributs ou caractéristiques que les femmes et les hommes possèdent ou doivent posséder et aux rôle qu’ils jouent ou doivent jouer. » Ce sont donc bien des représentations qui vont au-delà d’être descriptive vont être également prescriptive, on remarque en effet l’utilisation du verbe « devoir », les stéréotypes de genre vont procéder comme des injonctions comportementales dépendantes du genre auquel les individus appartiennent ou sont supposer appartenir.
- La notion de genre.
Il a déjà été plusieurs fois question de genre et il convient également de définir ce que l’on entendra par « genre » dans ce travail. La notion de « genre » est le fruit du travail de J. Money en 1955 portant sur l’étude des « intersexes », il entend désigner par l’expression gender role tout ce qu’un individu dit ou fait pour révéler son statut de garçon ou d’homme, de fille ou de femme[4]. Les notions de genre et de sexe sont souvent confondues et pour cause le genre social est traditionnellement lié au sexe biologique des individus. Le genre est une construction sociale, un ensemble de comportements et de caractéristiques qui sont traditionnellement attachés à une caractéristique sexuelle biologique, le genre est donc une représentation stéréotypée d’une catégorie d’individus fondée sur un ensemble de comportement attendus à propos d’une réalité biologique. Ces constructions ont beaucoup été remises en question récemment et pour cause, si elles permettent d’établir un sentiment d’appartenance à une communauté, elles desservent également l’épanouissement de la personnalité, une personnalité qui devrait pouvoir se construire sans limite sur des caractéristiques appartenant aux deux genres européens traditionnels : le genre masculin et le genre féminin. La construction sur le modèle d’un genre peut être une souffrance pour une personne qui ne parvient pas à s’identifier aux caractéristiques qui sont attachées à sa réalité biologique et pour l’ensemble des individus, l’identité de genre constitue un resserrement de l’éventail des comportements qu’un individu va s’autoriser à adopter.
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