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Littérature Franc

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Par   •  1 Septembre 2014  •  1 192 Mots (5 Pages)  •  951 Vues

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Les écrivains de la nouvelle génération, celle de la contestation, réprimandent l’ancienne idéologie conservatrice en raison de son passéisme. Le Québec doit sortir de son assoupissement, il doit se faire connaître de l’extérieur. Bonheur d’occasion, oeuvre de cette nouvelle foulée, écrit par Gabrielle Roy, est à la croisée de la conservation et de la contestation. L’élément déclencheur, la guerre, est pour certaines personnes une possibilité de s’affranchir des commères de Saint-Henri, pour d’autres, de sauver l’humanité, si ce n’est aussi de profiter de l’économie de guerre ou de s’extirper d’une longue misère matérielle. Tous sont liés au même évènement, même s’ils pendront autant de chemins différents.

Dans l’ordre chronologique du roman, le premier personnage dont la guerre bouleverse la vie est Eugène. Il décide de s’enrôler pour des motivations presque proprement altruistes; son ambition est de sortir autant lui que sa famille de la misère. Il essaie de prouver à lui et à sa mère qu’il peut accomplir ce que son père Azarius n’a pas su réaliser. Il s’efforce de s’attirer la même gratitude que Florence reçoit de Rose-Anna pour sa contribution monétaire : « Il reprenait de l’audace, l’argent en poche. Tout allait changer dans cette maison. Ce serait son tour de prendre les choses en main » (Roy, p.246). Même s’il a pour intérêt le bonheur de la famille, on peut comprendre, par son discours, que ce bonheur est intrinsèquement lié par une meilleure condition de vie, ce dont Rose-Anna semble douter. Par exemple, en arrivant au Deux Records, les clients causent de l’invasion allemande en Norvège et de l’imminence de la conscription, à laquelle Eugène rétorque : « [...], c’est les gars qui s’en vont volontaires qu’auront les bonnes places après la guerre » (Roy, p.253). Bien qu’idéaliste, ignorant que plus de la moitié des Canadiens envoyés outremer n’en reviendront pas, il suppose et espère que les hommes qui feront ce sacrifice seront les veinards de la prochaine décennie. De cette jeunesse comblée de chances qui est sienne, Eugène décide d’en tirer profit et cela, le plus tôt possible. L’arrivée par autobus d’Yvette drapé d’un rouge flamboyant et la pensée prestement fuyante de l’argent de Rose-Anna chez Eugène témoigne de son grand désir de vivre une vie d’homme aisé. Cette décision inclura des différentes habitudes de vie, et de ce fait, l’éloignement de son ancienne. Si les espoirs d’Eugène se réalisent, il ne voudra plus côtoyer la misère qui était sienne avant son enrôlement dans l’armée. Pour les deux autres enrôlés, Emmanuel et Azarius, ils participeront de la même façon au phénomène de la disjonction familiale.

Ensuite de quoi, vient le tour d’Emmanuel qui décide de s’engager dans l’armée contre toute attente de son entourage. Dans le restaurant des Philibert, Emmanuel subit un interrogatoire de son voisinage. La question posée par Alphonse est simple : « Pourquoi ce que tu t’es engagé, toi, Manuel? » (Roy, p.55) Une question légitime, car la famille Létourneau vit loin de la misère, et Emmanuel n’a définitivement aucune raison logique, a priori, de s’enrôler pour améliorer sa condition de vie. Au contraire d’Azarius et d’Eugène, il nous explique, en réponse aux questions de ses interlocuteurs, qu’il le fait strictement par sens du devoir. Après tout, il faut bien que quelqu’un se porte à la défense « du seul monde qui existe » , il ne faut pas que la tragédie polonaise se répète après tout. Même s’il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de parcourir long pour voir surgir la détresse, font remarquer ses amis, Emmanuel, considère que malgré la distance de la guerre, elle est de notre devoir de s’y intéresser.

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