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La Chanson De Craonne

Mémoire : La Chanson De Craonne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2015  •  1 475 Mots (6 Pages)  •  1 153 Vues

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La chanson de craonne

Paroles

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.

Refrain

Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.

au Refrain

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

Refrain

Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

La chanson de Craonne (1917) décrit un épisode des troubles qui affectent l’armée française après l’échec de l’offensive du Chemin des Dames et de Craonne en avril 1917, cette chanson fut en réalité composée en 1915, sans doute par un poilu du midi. Au départ, elle évoque le secteur sanglant de Lorette, en Artois. Il était ensuite facile de l’adapter aux circonstances en remplaçant Lorette par Craonne.

I. Présenter l’œuvre

- Il s’agit d’une chanson créée en 1917. Son auteur est resté anonyme (pour des raisons évidentes liées à son contenu et à la censure. La hiérarchie militaire aurait, selon certaines sources, offert un million de francs-or et la démobilisation à toute personne qui dénoncerait les auteurs de la chanson). Il s’agissait sans doute d’un soldat mobilisé pendant la première guerre mondiale Elle est apprise par cœur et se diffuse oralement de manière clandestine. Les paroles ont été recueillies par Raymond Lefèvre et Paul Vaillant-Couturier, sur l'air d'une valse à succès "Bonsoir m'amour" (1911- Charles Sablon)

- Son contexte :

1917, Première Guerre mondiale. La « guerre de position », la « guerre des tranchées », s’éternise. Les soldats sont épuisés et traumatisés par la violence des affrontements et les conditions de vie atroces dans les tranchées.

Exaspération quant à la stratégie des chefs militaires, notamment à la suite de la désastreuse offensive du général Nivelle qui a envoyé se faire tuer au "Chemin des Dames" 147 000 hommes.

II. Analyse de l'œuvre

Couplet 1

Les éléments du champ lexical de la guerre apparaissent dès ce premier couplet. Contexte posé immédiatement.

Les soldats viennent de terminer leur repos d'une semaine (« huit jours »), à l'arrière.

« le coeur gros », « avec des sanglots », « en baissant la tête » : marques de la résignation et du désespoir. « utile » est à lire de manière ironique. » car la guerre s’éternise malgré les millions de morts. D’ailleurs « utile » vient s’associer à la rime avec « pile » (qui signifie « défaite »).

L’auteur ne parle pas seulement pour lui mais pour l’ensemble de ses camarades, les poilus : c’est un groupe homogène qui partage le même langage, l’argot des tranchées, mais aussi le même sentiment d’exaspération et de désespoir. C’est ce que montre l’emploi des pronoms indéfinis « on », globalisateur, et « personne ».

Climat d’exaspération qui a donné lieu aux mutineries et au refus de grimper au front en 1917: « ne veut plus marcher » physiquement mais aussi idéologiquement (personne ne veut plus croire à la fin de cette guerre et à la validité des stratégies du haut commandement). Désespoir car mort inéluctable

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