La calligraphie à la typographie
Commentaires Composés : La calligraphie à la typographie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 27 Décembre 2012 • 10 506 Mots (43 Pages) • 879 Vues
Deuxième Partie
1) Introduction à la calligraphie et à la typographie.
Les occidentaux utilisent des mots pour décrire un événement, une idée. Les Chinois considèrent leurs idéogrammes comme signifiant une idée, une chose, une action, une qualité.
Dans la calligraphie chinoise un idéogramme donne l’idée du « bonheur » par exemple.
Ce signe est placé sur des lampes, des tissus, des affiches. Ce signe est connu de tous, et déclenche en eux une diversité de moments où ils ont été heureux, ou les incite à penser à des instants de bonheur futurs. Il en est de même pour l’idéogramme « joie »etc. .
Un seul signe entraîne tout un monde d’images qui se développent en eux, instantanément et ceci en dehors de toute considération ou détermination culturelle.
Le paysan, l’ouvrier, le dirigeant, le fonctionnaire, le mandarin perçoit ce signe qui déclenche chez tous des images de bonheur ou de joie.
Ces images seront différentes selon l’être humain, mais toutes aussi belles quelque soit leur condition sociale.
Ceci n’est en rien une utopie, difficile peut être à admettre par un occidental mais naturel pour un chinois.
Les symbolistes avaient déjà essayé. Van Gogh dans sa copie d’une gravure sur bois d’Hiroshige (1887) avait compris, même s’il avait pris beaucoup de liberté avec l’original, que texte et image étaient liés chez les japonais.
Dans la peinture chinoise, on raconte l’histoire du peintre Han Gan qui avait tracé en une seconde, l’idée de cheval, pour l’empereur qui lui avait demandé de peindre le plus beau cheval de son écurie. Par un trait, un signe, Han Gan avait présenté son plus beau cheval à l’empereur.
Peint en quelques traits aussi hâtifs que précis l’inoubliable portrait imaginaire de Li Po chantant un poème, par Liang Kai (1172 1204) est l’un des plus beaux hommages que la peinture ait jamais rendus à la poésie.
Le critique symboliste G-A Aurier en 1857 dans un essai sur Paul Gauguin montrait comment la tâche de l’artiste consistait à évacuer « les choses tangibles » afin de laisser apparaître la réalité essentielle plus profonde, uniquement sous formes de signes.
Dans ses correspondances, Baudelaire présente la réalité, non pas comme quelque chose pouvant être décrit ou nommé, mais comme une « forêt de symboles » exprimé dans un langage à la fois « évocateur et ambigu »
Mallarmé s’est inspiré des irrégularités typographiques. Il a mêlé divers corps de caractères, mais aussi des majuscules, des minuscules, des italiques.
Il a procédé à des mises en page asymétriques et choisi les espacements en fonction des effets visuels recherchés.
Rimbaud dans «Voyelles» évoque les liens perçus par synthèse entre les lettres, les couleurs, et diverses sensations.
« A » noir, « E » blanc, « I » rouge, « U » vert, « O » bleu : Voyelles.
Mallarmé écrivit dans un essai consacré à la langue anglaise que le « J » exprimait quelque action vive, directe et que la lettre « K » évoquait l’idée de nodosités, de jointure.
De là il est possible d’extrapoler pour arriver au « Vvvvvvvvvvv » vitesse des futuristes
Ou au « Zzzzzzzzzzzzz » onomatopée du sommeil.
«Ecrire n’est pas seulement une activité technique, c’est aussi une pratique corporelle de jouissance. Roland Barthes. »
Gian Pietro Lucini « le vers libre est le dernier maillon de la chaîne de l’évolution lyrique, dernier et provisoire maillon parce que rien n’est définitif et l’avoir fini, le croire d’être dans la perfection pour tout ce qui est humain n’existe pas. Tout est devenir. »
L’année 1912 est décisive pour le devenir de l’art typographique du 20ième siècle.
L’art pictural est affecté par cette sensibilité nouvelle aux jeux des caractères qui n’obéissent plus aux lois géométriques de la composition.
Une autre relation s’institue entre l’œil et la page imprimée.
Quatre facteurs déclenchants sont à l’origine de ce changement.
1- l’intérêt pour la lettre imprimée ou calligraphiée est du à l’introduction de la technique des papiers collés par les artistes. C’est la première fois que les articles des journaux entrent tels quels dans la composition d’un tableau.
2- le deuxième événement capital qui scelle l’avenir de la recherche typographique est l’invention des calligrammes d’Apollinaire et les mots en liberté de Marinetti.
3- le troisième événement est la publication du Manifeste technique de la littérature futuriste le 11mai 1912, puis en 1914 «la splendeur géométrique et mécanique et la sensibilité numérique ».
4- Les différents corps de caractères, l’utilisation des majuscules, des minuscules, des gras, des maigres et des italiques permettent plusieurs strates de lisibilité. L’amplification des contrastes entre les blancs et les noirs, établie par Mallarmé, les libère de la hiérarchie de l’écriture selon Gutenberg.
La calligraphie est étymologiquement l’art de bien écrire. Presque toutes les civilisations qui pratiquent l’art de l’écriture ont développé un art de la calligraphie.
La calligraphie latine présente plusieurs écritures dont pour n’en citer que quelques unes : la capitale, l’onciale, la caroline, la rotunda etc.… ;
Mais au delà se trouve la calligraphie extrême orientale, arabe, persane, art de la belle écriture élégante et appliquée pour les uns, exercice spirituel pour les autres elle permet au calligraphe d’exprimer sa sensibilité. La direction des lignes, l’épaisseur des traits, la longueur des étirements, l’emplacement des points contribuent ensemble à l’équilibre général d’une œuvre. Ceci est valable pour la Chine, le Japon, l’écriture islamique ou plus loin pour les Egyptiens.
L’écriture manuscrite en Occident subit au 19ème siècle une redéfinition de ses fonctions par suite de l’essor de la typographie.
L’imprimerie en isolant la lettre sous la forme du caractère mobile, a contribué largement à sa dissection.
Pourtant au 16ème, au 17ème et aux siècles suivants, malgré un carcan de règles, trouvailles,
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