La Calligraphie orientale et occidentale
Recherche de Documents : La Calligraphie orientale et occidentale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar momo83100 • 8 Mars 2014 • 2 146 Mots (9 Pages) • 1 009 Vues
Calligraphie orientale et occidentale
Presque toutes les civilisations qui pratiquent l'écriture ont développé un art de la calligraphie. Toutefois, certaines d'entre elles l'ont élevé à un statut spécial en fonction des contextes historiques ou philosophiques particuliers. Cela peut amener à un questionnement sur l'usage même du mot « calligraphie » lorsqu'il est appliqué à des cultures non gréco-romaines. Par exemple, la notion de « beau » n'apparaît pas dans le mot japonais qui est traduit en Occident par « calligraphie », le mot japonais shodo 書道 signifie « la voie de l'écrit » et le concept de « voie » renvoie à un univers davantage bouddhique que purement esthétique. Parler de « calligraphie » dans le cas des écrits des grands maîtres ou des moines bouddhistes est même un contresens dans la mesure où cet acte représente pour eux un dépassement de la dualité du beau et du laid (concept de « voie »).
Par ailleurs la place de cet art en Asie a été très différente de sa place en Occident, puisque l'apprentissage de l'art du trait était la base de la formation classique du peintre en Asie, dans des civilisations qui ne séparent pas la lettre et le dessin, le mot et l'image, le corps et l'esprit, le matériel et le spirituel. Dans plusieurs civilisations orientales la calligraphie fait partie des sciences occultes, hiérurgie (la pensée, le pinceau, le trait et l'idée philosophique sont indissociables).
Elle est aussi en Occident l'art des moines copistes, mais aussi de grands calligraphes chargés de contribuer au prestige des souverains et de l’aristocratie. En cela le travail des calligraphes était plus dans la recherche d’une exécution parfaite servant la gloire de leurs commanditaires, qu’une quête purement « esthétique », notion toute contemporaine.
Calligraphie latine
Calligraphie textura dans une Bible latine de 1407, exposée à Malmesbury Abbey, Wiltshire, Angleterre
La calligraphie latine est associée à l'histoire de l'écriture en Europe avant et après l'utilisation de l'imprimerie et sur la base de l'alphabet latin des Romains. Les manuscrits (pratique de la copie manuelle d'un livre) ont poussé à pratiquer l'écriture comme un art en y associant souvent l'enluminure ou l'illustration. Elle a connu une évolution constante. Petit à petit sont nées de nouvelles lettres (le V et le J), les espaces entre les mots, la ponctuation et l'emploi des majuscules et de titrages à partir des lettres décorées.
La devise Vive la plume tracée par le maître écrivain Jan van den Velde.
La pratique de la calligraphie latine est traditionnellement associée à la copie de manuscrits par les moines chrétiens. Pour eux, il s'agissait de beaucoup plus qu'un travail : c'était une forme de prière, qui était à la fois une louange et une ascèse. La calligraphie, qui nécessite — ne serait-ce que techniquement — une grande concentration, une sûreté des gestes acquise par une longue pratique, donc une hygiène de vie pouvant effectivement aller jusqu'à l'ascétisme, en dehors même de toute considération spirituelle, mais souvent associée de fait, était jusqu'à la fin du Moyen Âge une activité de religieux, comme les calligraphies non-occidentales.
Elle a évolué au gré des influences culturelles (la chancelière et la Renaissance), politiques (Charlemagne et sa caroline) et commerciales (la bâtarde flamande) et des innovations techniques (l'anglaise). Selon le support utilisé (cire, papyrus, parchemin et feuille), elle se pratique avec un style, un calame, une plume (plume d'oiseau, puis plume métallique), le pinceau plat ou pointu. L'écriture monumentale gravée sur la pierre, quelles que soient ses qualités esthétiques, ne peut être tout à fait assimilée à la calligraphie, dans l'impossibilité technique de pratiquer spontanément un « geste » calligraphique, mais elle n’en traduit pas moins une écriture préalablement dessinée.
Quelques lettres tracées dans des écritures différentes
L'alphabet latin des débuts a donné naissance à une multitude de variantes regroupées en familles (dont des branches mortes) :
les écritures romaines :
capitale, rustica, quadrata, onciale, semi-onciale ;
les écritures insulaires (celtique) ;
les écritures caroline puis gothique primitive ;
les écritures gothiques :
textura, capitales lombardes, bâtarde anglaise et bâtarde flamande, fraktur, schwabacher, rotunda, cursive ;
les écritures humanistiques :
capitales, chancelière (cancellaresca, ou écriture de chancellerie, également appelée pour l'imprimerie « italique ») ;
les écritures françaises classiques : ronde, bâtarde, coulée, en usage jusqu'au XXe siècle et souvent abusivement confondues avec l'anglaise.
les écritures anglaises.
la gestuelle (calligraphie actuelle pratiquée avec des pinceaux, divers types de plumes, des outils détournés comme le tire-ligne, le folded-pen...). Le terme ne doit pas faire oublier que toute calligraphie est gestuelle.
Exemple d'une police de caractère typographique imitant l'écriture calligraphiée à la plume
L'arrivée de l'imprimerie et de la presse de Gutenberg signifie la fin des manuscrits dans les livres. À cette époque, la calligraphie latine influence tour à tour les premiers caractères en plomb (la première bible de Gutenberg, en gothique textura ; les bâtardes gravées de Geoffroy Tory), puis subit à son tour son influence (anglaise ou copperplate en anglais, qui signifie « plaque de cuivre [gravée] »). Elle a cependant continué d'être enseignée à l'école jusqu'au milieu du XXe siècle avec l'écriture à la plume fine, ses pleins et ses déliés, sur la base d'une ronde ou d'une anglaise simplifiée.
La calligraphie a été pratiquée en permanence jusqu'à l'apparition de la mécanographie : tous les actes publics et privés, les édits royaux, les traités,
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