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Quelles sont, parmi les contraintes, celles qui s’opposent à la liberté ?

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Par   •  17 Mars 2015  •  Dissertation  •  3 648 Mots (15 Pages)  •  1 079 Vues

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Introduction

Le sens commun définit volontiers la liberté comme étant l’absence de toute contrainte. Être libre, n’est-ce pas en effet le pouvoir, pour chacun, d’agir à sa guise ? La contrainte, du latin « constrigere » (« serrer »), est constituée par toute règle, limite ou obstacle qui entrave l’action. À ce stade, on considérera donc que la contrainte est l’exact opposé de la liberté. Mais on ne peut ignorer que, d’un autre côté, aucune liberté effective ne peut se concevoir indépendamment de toute contrainte. Ni l’enfant capricieux ni le tyran n’ignorent les contraintes. Le premier est l’esclave de ses désirs, le second est à la merci de sa garde rapprochée, voire de son opinion publique. De quelque manière que l’on conçoive la liberté, celle-ci ne peut ignorer ni les nécessités naturelles ni la présence irréfutable des autres. La question ne peut être par conséquent que celle-ci : quelles sont, parmi les contraintes, celles qui s’opposent à la liberté ? À partir de quand, et suivant quels critères, doit-on considérer qu’une contrainte entrave ou exclut la liberté ? Et comment définir la liberté, pour finir, si l’on cesse de la tenir pour une pure et simple absence de contraintes ? 62

I. Les contraintes subies restreignent ou excluent la liberté

Les contraintes auxquelles nous consentons, soit parce que nous les croyons nécessaires, soit parce que nous en attendons un bénéfice, ne sont pas contraires à la liberté. Mais il faut ici distinguer les contraintes externes (que la société nous impose) et les contraintes internes (celles que nous nous imposons à nous-mêmes).

1. Les contraintes que nous nous imposons à nous-mêmes ne sont pas le contraire de la liberté.

Bien au contraire. Le fait de prendre des engagements, de pouvoir tenir des promesses, autant de caractéristiques de l’être humain qui, loin de diminuer sa liberté, lui donnent une dimension plus profonde. Je suis libre lorsque je respecte la parole donnée, je suis libre lorsque je signe un contrat, je suis libre lorsque je me marie ou lorsque je procrée, sans ignorer les chaînes auxquelles je me soumets ainsi volontairement. On admettra donc que lorsque je choisis de me lier par un serment, un mariage, un contrat etc.. j’agis librement en me pliant à des règles que nul ne m’impose (de l’extérieur). C’est ainsi que Descartes définit la « liberté éclairée ». Je décide de faire ce qui est bien pour moi, et j’en accepte la part de contraintes. C’est le cas d’une personne qui s’engage dans de longues études, conformément à ce qu’elle pense être sa vocation

2. La société nous impose toutes sortes de règles et de dispositifs contraignants.

Les institutions et les lois nous obligent à vivre suivant des normes que nous n’avons pas choisies et qui nous apparaissent à bien des égards comme des entraves et des limites, voire des formes oppressives. Freud dit à ce propos que « tout homme est virtuellement un ennemi de la civilisation » (Avenir d’une illusion, chapitre I) car chacun ressent les restrictions de la vie sexuelle et l’obligation de travailler comme une oppression et une mutilation de sa nature. C’est aussi le sentiment exprimé dans la Genèse, dans l’Ancien Testament. À la suite de la chute, Adam et Ève doivent se vêtir, Adam doit travailler et subvenir aux besoins de sa famille etc.. Pourtant la société républicaine, telle que Rousseau l’a conçue dans Du contrat social, est fondée sur l’idée que tous les citoyens ont signé un contrat par lequel ils s’engagent à se soumettre volontairement aux contraintes qu’ils jugent d’intérêt général. C’est ainsi que les parents imposent à leurs enfants de se soumettre aux contraintes inhérentes à l’éducation en supposant qu’ils en admettraient le bien-fondé s’ils étaient en mesure de le faire.

3. Toutes les activités productrices et créatrices des hommes impliquent des contraintes auxquelles ils souscrivent - dans le meilleur des cas - librement.

Tout travail implique une discipline, un apprentissage, et de plus ou moins lourdes et pénibles contraintes : horaires stricts, soumission à la volonté de l’employeur, aux exigences de l’entreprise, à la loi du profit… Hegel a établi, à ce propos, que les hommes ne travaillent, au départ, que parce qu’ils y sont forcés. C’est ce qu’il appelle « la dialectique que maître et de l’esclave ». Cependant, ce sont les « esclaves » (les travailleurs) qui deviendront, au bout du compte, les « maîtres de l’Histoire ». C’est par le travail que les hommes accèdent à la civilisation, développent une culture, et donc réalisent leur liberté. De même, dans leurs activités créatrices, les hommes commencent par apprendre des règles auprès de leurs maîtres, puis dans un second temps, ils se donnent à eux-mêmes les règles et donc les contraintes inhérentes à toute production artistique. De même toute personne qui recherche la vérité, qui « pense », doit d’efforcer de suivre des règles, comme nous l’a enseigné par exemple Descartes (cf. « Règles pour la direction de l’esprit » de Descartes). 63

Conclusion de la première partie.

Toutes les contraintes ne sont pas opposées à la liberté. On remarque que certaines contraintes externes (le fait de devoir voter en république par exemple) ne sont pas contraires à la liberté, tandis que des contraintes internes (la soumission à certaines opinions) peuvent annihiler la liberté. Il faut donc aller plus loin. Les philosophes nous aident à y voir plus clair.

II Les contraintes s’opposent à la liberté lorsqu’elles sont arbitraires

Ce qui est « arbitraire », c’est ce qui dépend du seul « libre arbitre » de quelqu’un. Le mot a une connotation négative : ce qui est « arbitraire », c’est ce que je tends à imposer car l’autre ne peut l’approuver. Le comble de l’arbitraire, c’est le bon vouloir du despote ou du maître qui impose ses caprices à ses esclaves. Sur ce modèle, on jugera « arbitraires » toutes les contraintes qui sont dépourvues de nécessité, tels que des rythmes de production ou des modalités du travail inhumaines, ou encore des impôts et taxes dénuées de justification économique.

1. Les contraintes physiques : au niveau le plus élémentaire, tout ce qui limite les mouvements, les besoins et les aspirations du corps est une contrainte.

Tout ce qui relève de l’hygiène et de

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