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Les Loisirs

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Par   •  1 Juin 2014  •  3 090 Mots (13 Pages)  •  804 Vues

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Le terme de loisir vient du latin licet (licere), il est permis. C’est la permission de faire ce que l’on veut. Ce qui génère le loisir, c’est la fin d’un temps de contrainte ou d’obligation. Dans une définition donnée dans l’ouvrage Loisir et culture paru en 1966 les auteurs, Joffre Dumazedier et Aline Riperte ont défini les loisirs comme manifestant quatre caractères essentiels : les caractères libératoire, gratuit, hédonistique et personnel.

L’allongement de l’espérance de vie, l’abaissement de l’âge de la retraite, la réduction du temps de travail et l’entrée de plus en plus tardive sur le marché du travail tout comme le développement du chômage font de la question des usages du temps libre un enjeu majeur de la société d’aujourd’hui. Les Français, à l’échelle d’une vie, disposent de trois fois plus de temps libre qu’au début du siècle. Or, en 1998, près de 4 Français sur 10 déclarent manquer de temps pour faire tout ce dont ils ont envie dans le cadre de leurs loisirs. En même temps, 18 % avouent s’ennuyer parfois ou souvent pendant leurs loisirs, faute, notamment pour les plus jeunes, d’avoir les moyens financiers pour répondre aux sollicitations du marché des loisirs.

Les dépenses de loisirs, d’éducation et de culture progressent aujourd’hui un peu plus vite que l’ensemble de la consommation. Toutefois les dépenses assumées par les ménages ne reflètent que partiellement l’importance des loisirs, pour beaucoup gratuits. Sport, sociabilité, activités artistiques et autres pratiques pendant le temps libre ont plusieurs fonctions : le repos, le divertissement, l’utilisation du temps libre. Les pratiques culturelles constituent cependant un domaine où les disparités entre les individus sont très importantes en dépit du faible coût d’accès à de nombreux produits culturels. Par ailleurs, l’augmentation programmée du temps libre n’émane que très peu d’une revendication salariale de disposer de davantage de temps pour soi, pour se distraire, se cultiver ou faire du sport. C’est au nom du chômage, du partage du travail, au nom de considérations sociales et économiques que se justifie l’augmentation du temps libre.

Dès lors, pour beaucoup d’auteurs, le temps libre reste marqué par le sceau du travail.

Pendant longtemps, les loisirs ont été considérés comme tournés vers la reconstitution de la force de travail (1). Et si aujourd’hui les activités sociales et culturelles ne sont pas induites par cette contrainte, il apparaît que ces pratiques restent marquées, même inconsciemment, par le travail (2).

1. LES LOISIRS : UN TEMPS DE REPOS

Il faut rappeler ici que dans la culture judéo-chrétienne, l’idée prévaut que le travail est un acte de rédemption et qu’à ce titre, il doit engendrer souffrances et peines. L’oisiveté est ainsi pendant longtemps décriée comme l’un des maux de la société. La paresse fait partie des sept péchés capitaux. La pensée des Lumières, si elle permet la valorisation du travail, continue à mépriser l’oisiveté et l’Encyclopédie définit le loisir comme un « temps vide que nos devoirs nous laissent et dont nous pouvons disposer d’une manière agréable et honnête ».

Le temps libre, pour les salariés du début du siècle, c’est avant tout une revendication destinée à récupérer de la fatigue du travail. Le droit à la paresse de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, illustre cette démarche, on veut du temps pour faire le contraire du travail : se reposer et paresser. Il va cependant plus loin : il montre que le travail asservit en profondeur le temps non travaillé, empêchant toute velléité d’oisiveté ou de paresse. Il anticipe en fait l’apparition d’une société hédoniste et de loisir et un mouvement de désacralisation du travail, en prônant le partage du travail. Le droit au loisir apparaît ainsi comme une idée neuve et révolutionnaire.

Par ailleurs, le temps de repos, à la fin du XIXe et au début du XXe, pose un problème à la société, car il est souvent utilisé par les ouvriers pour fréquenter les bistrots et l’alcoolisme de la classe ouvrière devient un vrai problème de société. Les forces morales de la société, Église, État, patrons, syndicats, se mobilisent pour éviter cette dérive. Aussi, pour occuper leurs salariés durant les périodes de repos, les patrons louent des maisons avec jardin pour que les mineurs les cultivent le dimanche.

Les jardins ouvriers apparaissent comme une association importante qui continue à vivre actuellement. Les municipalités organisent des fanfares. Les syndicats, par les bourses du travail, dispensent des cours du soir. Les Églises organisent des patronages pour les enfants, des sorties pour les parents. Les associations laïques, souvent menées par des instituteurs, organisent des divertissements, du sport. La gratuité de ces services tend à concurrencer les tenanciers de bar. Car le bistrot reste l’un des tout premiers lieux de socialisation. C’est un lieu de délassement où l’on retrouve ses amis, où l’on discute politique.

Mais ce paternalisme qui régente l’ensemble du temps disponible dans et à l’extérieur de l’entreprise, a aussi pour objectif d’encadrer les ouvriers et d’éviter les tentatives de rébellion contre les conditions de travail. Les « bonnes oeuvres » deviennent un moyen d’intéresser le personnel à la prospérité de l’entreprise. Il faudra plus d’un siècle pour que la sphère du « hors travail » échappe à la tutelle patronale. les syndicats revendiquent peu à peu la gestion par les ouvriers de ce temps, permettant ainsi aux activités de loisirs et de culture de se désengager de la coupe patronale.

À partir de 1927, la revendication des congés ouvriers devient syndicale et au mot vacances s’ajoute le terme loisirs. À cette date, la CGTU reconnaît la légitimité du syndicalisme à intervenir sur les questions de la santé, de l’éducation, du sport et de la culture. C’est ainsi que sont créées, entre autres, la fédération sportive et gymnique du travail, la fédération des théâtres populaires. Le Bureau international du travail se prononce également pour « le respect de la liberté de l’ouvrier dans l’utilisation de ses loisirs ».

En 1930, Marc Sangnier, homme politique et militant chrétien, fonde la Ligue française pour les auberges de la jeunesse, au nombre de 50 en 1934 à laquelle répond la création du Centre laïque des auberges de la jeunesse. Les organisations de jeunesse prolifèrent, encadrant les jeunes

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