Le transhumanisme : une nouvelle religion ?
Dissertation : Le transhumanisme : une nouvelle religion ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar coucou.blz • 11 Juin 2019 • Dissertation • 1 155 Mots (5 Pages) • 608 Vues
Comme le titre un article du Monde daté de novembre 2015, une nouvelle ère religieuse pourrait bien émerger avec la mise en pratique des aspirations transhumanistes et l’avènement d’un « homme-dieu ». En effet le transhumanisme a cela de religieux qu’il ambitionne d’attribuer à l’Homme la capacité de créer et modifier la vie, de manipuler le cerveau, de neutraliser la mort : de le doter précisément des pouvoirs que les religions reconnaissent à leurs divinités. Ainsi Godlike déclare-t-il qu’à l’horizon 2030, « nous allons disposer d’un pouvoir démiurgique » par l’usage d’un lexique faisant référence aux pouvoirs de création des dieux grecs.
. Est-ce un hasard si William Bainbridge, le coauteur du rapport NSF sur la convergence technologique, fut d’abord connu comme historien des religions ?
I ] Le rapport à la mort, ciment de la religion, aboutissement du transhumanisme :
Chaque religion l’illustre : par essence, l’une des fonctions de toute religion est de donner une réponse à la crainte de la mort, rassurer le fidèle en démystifiant l’inconnu post-mortem. Par son rapport et son obsession de la mort, le transhumanisme partage un trait fondamental qui rend particulièrement tenu la frontière qui la distinguerait d’une religion.
L’immortalité a quitté le terrain de la religion traditionnelle, comme le mobile historique fondamental des croyances, elle a débordé l’espace de la métaphysique et a acquis le caractère d’objet scientifique au sein des laboratoires qui entreprennent de comprendre les mécanismes du vieillissement et de les contrôler, voire de les neutraliser. La question est donc posée par l’ambition du transhumanisme : l’humain qui vivra 1 000 ans est-il déjà né ? Autrement dit, la barrière qui cimente la croyance religieuse est-elle abolie par l’ambition d’une religion d’un nouvel ordre ?
A ] Une vision de la mort comme pathologie :
À la manière d’une religion qui occupe l’espace moral et éthique d’une société, le transhumanisme cultive et diffuse l’opinion selon laquelle la sénescence serait une pathologie dont on devrait bientôt guérir. La mort devient une simple maladie dont on viendra à bout. Rien de naturel dans la mort.
En ce sens la médecine régénérative, outil technique du transhumanisme, est susceptible de relayer les religions traditionnelles et millénaires. L’immortalité est la clé des attentes générées par les technosciences. l’ignorer serait sans doute déchoir et ne pas se montrer à la hauteur du prométhéisme dont nous sommes issus.
B ] Comme une religion, le transhumanisme se veut être l’objet de transcendance, d’un destin universel qui passe par la « vie sans fin » :
Inspiré de la « vie sans fin », le transhumanisme remonte à la philosophie hermétique d’Hermès Trismégiste, qui lia en une même religion la connaissance et la technique, et ainsi justifié la quête d’immortalité. La philosophie hermétique a cela d’intéressant qu’elle réveille la religion qui encourage à fabriquer des dieux, en accordant essentiellement l’immortalité à l’humain lui-même. les spéculations transhumanistes ne peuvent que consentir à leur dimension religieuse et assumer ainsi pleinement leur obsession de l’immortalité, ce qui nous conduit à une réflexion philosophique de la science, avec la dimension foncièrement religieuse de toute science.
Le transhumanisme comme objet de transcendance, comme destin, comme réalisation des mythes religieux. Comme le développe E.L. Graham, le transhumanisme est une pensée de la transcendance, se faisant l’écho des héritages religieux : « Nous considérons que ce besoin de transcendance est profondément inscrit en l’humanité. C’est pourquoi tous ces mythes religieux existent chez nous tous. Il semble que ce soit quelque chose qui nous soit inhérent que d’aller au delà de ce que nous percevons
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