Le pape
Documents Gratuits : Le pape. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar JojoXVI • 12 Février 2013 • 6 014 Mots (25 Pages) • 991 Vues
Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d'Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien2. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l'appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l'Église locale qu'il préside. Ce n'est que progressivement, surtout à partir du VIe siècle, que l'appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l'échelle de l'Église universelle (Orient et Occident). Le titre de « pape » également donné au patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie est une tradition locale de l'Église copte. En latin le mot pape se dit « pontifex ».
Usage
Le premier évêque de Rome auquel est attribué le titre de « pape », au début du IVe siècle, sur le cubiculum d'un diacre nommé Severus est Marcellin (296-304) ; on y trouve l'inscription « jussu pp [papae] sui Marcellini »3. L'abréviation de « pius pontifex » en « PP » est constante, elle signifie « pape pieux » (elle est souvent confondue à tort avec l'abréviation de papa en grec, elle est juste quand il s'agit du pape copte orthodoxe et non pour le pape latin) notamment dans la signature pontificale (par exemple, le pape Benoît XVI signe toujours les documents officiels ainsi : Benedictus PP XVI). On rencontre aussi des désignations telles que « Papa urbis Romae (aeternae) » (Le Pape de la ville (éternelle) de Rome). Ce n'est donc qu'à partir du VIe siècle qu'il désigne plus spécifiquement l'évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de Constantinople qui utilise ce titre pour les pontifes romains, qui eux-mêmes adopteront ce titre à partir de la fin du VIIIe siècle. À la fin du Xe siècle, au cours d'un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l'archevêque Arnolfe II de Milan de ne plus utiliser le titre et c'est Grégoire VII (1073-1085) qui édicte un Dictatus papae réservant l'usage du terme au pontife romain4.
Aujourd’hui encore, les Grecs appellent pappas les simples prêtres de l’Église orthodoxe, mais dans le sens classique de "Père", équivalent au titre que l'on donne aux prêtres dans l'Eglise latine (ce mot grec est aussi à l'origine du mot russe pop utilisé péjorativement pour désigner les prêtres orthodoxes, qui est lui-même à l'origine du mot anglais « pope », mais celui-ci, en anglais, désignant alors exclusivement l'évêque de Rome).
Origine du ministère du pontife romain
Image accompagnant un article sur l'histoire de la papauté dans le Liber Floridus (1120). BNF.
Articles détaillés : Primauté pontificale et Histoire de l'Église catholique.
Le prestige éminent de la position de l'évêque de Rome dans la chrétienté depuis l'antiquité paléochrétienne5 réside avant tout en la présence traditionnellement admise des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l'un au Vatican, près de l'ancien cirque de Néron, et l'autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum »6. L'Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l'évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l'expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)7. Cependant, dans l'Église catholique, l'autorité du pape est ipso facto liée au fait qu'il est l'évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l'Antiquité est le mot « Évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd'hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d'« Évêque de l'Eglise catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : "Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus", ou bien accompagné de la formule grégorienne: « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »8.
Premiers siècles
Saint Pierre avec les clefs du salut des âmes et du Paradis (Saint-Pétersbourg).
L'origine de la fonction papale est avant tout d'ordre spirituel, ou mystique, bien avant d'être politique. Ainsi, la théologie catholique fait remonter la lignée des papes à l'apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle de l'apôtre de présider à l'unité de l'Église a été énoncé par le Christ, ce qui s'exprime dans l'évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église... je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l'évangile de Jean, par les paroles : « Simon [Pierre], (...) Pais mes agneaux... Pais mes brebis » (Jn 21. 15,16,17).
Au IIe siècle de notre ère, il existe des manifestations du prestige de la communauté chrétienne de Rome, ainsi qu'en atteste une lettre d'Ignace d'Antioche adressée à cette communauté, évoquant la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice9. À la fin du siècle, Irénée de Lyon souligne lui aussi l'importance de cette tradition romaine dans son Contre les hérésies (III, 3, 2). Irénée — dans un texte qui entend combattre les gnostiques — présente le canal de la succession épiscopale comme le garant de la vérité apostolique pour chaque Église et pointe pour son exemplarité Rome, « cette Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul [y] fondèrent et [y] établirent (...) [car] en raison de son origine plus excellente10 doit nécessairement s'accorder [avec elle] toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout11, a été conservée la tradition qui vient des apôtres »9.
La revendication d'apostolicité de Rome, qui est la seule ville occidentale
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