Lettre Du Pape Gélase

Au temps du moyen Age, les lettres sont certainement le moyen le plus efficace (et le seul moyen) pour faire parvenir les pensées de l'auteur à son destinataire. Or l'action d'écrire est réservée aux élites de cette époque, ceux qui ont accès à l'éducation. Ainsi, c'est ce que fit le pape Gélase 1er en envoyant une lettre à l'empereur Anastase, en lui formulant à l'intérieur sa vision sur les relations entre la papauté et l'empire. Le texte est donc écrit en 494 et est en latin. Le pape, originaire de Kabylie a fait carrière dans le clergé de Rome ou il devint même le conseiller du pape Felix 3 avant de lui succeder à sa mort le 1er mars 492. Gélase 1er fut connu pour sa vigueur et sa fermeté dans l'institution religieuse mais aussi pour le nombre de lettres qu'il écrivit durant son court pontificat, qui n'a duré que 4 ans. Elles reflètent les pensées et la physionomie de l'auteur avec un certain éclat. Les historiens en comptent 43, auxquelles s'ajoutent 49 fragments et de lettres perdues qui ont été retrouvées au 19ème siècle. En plus d'être un pape, aussi savant soit t-il, Gélase était un travailleur acharné et un littéraire reconnu.

La lettre écrite à l'empereur Anastase date de 494, soit une période tumultuseuse pour l'empire puisque c'est en 425 qu'est promulgué les deux édits de Valentinien 3 ou il reconnaît la capacité des évêques à affirmer leur auctoritas et que la potestas des rois est moins forte que le pouvoirs des pontificats qui ont une auctoritas spirituelle particulière.

Quant à Anastase, destinataire de cette fameuse lettre, est un empereur qui serait né en 438 (selon les chroniques de Zénon) et aurait été le silentiaire (poste de haute fonctionnaire) sous le règne de Zenon. Il fût distingué par l'impératrice Ariane, et accéda au trône en 491, l'épouse en même temps. Son règne commença sous de bons auspices mais connut aussi de grandes révoltes religieuses qui fragilisa son empire, d'ou l'intervention du Pape Gélase en 494.

Par quels aspects cette lettre a t-elle une place fondamentale dans les relations entre la papauté et l'empire durant toute l'époque du moyen age ?

Le pape Gélase fait d'abord la distinction de ces deux organismes que sont la papauté et l'empire avant d'émettre l'idée que l'ordre ecclésiastique a une responsabilité plus grande que celle de l'empire. Enfin, sa vision théologico-politique est l'ouverture d'une certaine ambiguité dans leurs relations.

Tout d'abord, le pape Gélase marque bien la différence entre l'institution religieuse et l'empire. Il commence sa lettre par utiliser le mot « roi » lorsqu'il dit « j'en supplie le princeps romain que la vérité qu'on lui exprime ne lui paraisse pas une injure » pour appuyer sur le rôle que tient Anastase et le remettre à sa place, indirectement. Il vise à amplifier la politique d'indépendance totale de l'Église, qui avait déjà été entamé par son prédécesseur Phelix III. En effet, le pontificat de ce dernier fût marqué par le début du Schisme qui devait séparer pendant plus de trente ans les Eglises orientales de la communion romaine. En plus de cela, l'origine cette indépendance nait de Théodose le Grand (en 392) qui avait imposé le christianisme comme religion d'état et c'est à partir de là qu'on fît la distinction de deux détenteurs D'auctoritas : tout d'abord l'empereur (ou roi) mais aussi le pape ou les évêques, réunis en concile). Enfin les Edits de Valentinien III en 425 formulaient clairement que les évêques avec la capacité à affirmer leur auctoritas.

Son premier édit démontrait que l'empereur à main forte sur les évêques, mais que les deux auctoritas collaboraient. C'etait une constitution perpétuelle car il reconnaissait au pape une auctoritas spirituelle particulière. Ainsi le pape pouvait faire agir un agent imperial afin de faire appliquer une decision spirituelle dans le domaine temporel. Grâce à cette auctoritas spéciale du pape, tout évêque devait être soumis à Rome s'il y avait non obéissance, l'empereur remettait en ordre. Cet édit créa donc une inter-dépendance entre les auctoritas. (du roi et du pape).

Pour en revenir à cette lettre, Gélase reformule les devoirs du roi et son rôle, notamment quand il dit « tu sais, très heureux fils, que tout en présidant le genre humain par ta dignité, tu te soumets devotement à ceux qui président les choses divines, et attend d'eux le vote de ton salut [...] » car en effet les devoirs du roi ne sont pas les mêmes que celui du pape. En 482, le roi Anastase fît un acte d'Union (l'Henotikon) (rédigé par Acacius, patriarche de constantinople, à la demande de Zenon) Il s'agissait alors d'un texte de compromis en vue d'apaiser les luttes entre les tenants et les détracteurs du Concile de Chalcédoine qui a proclamé que le divin et l'humain contistituaient « deux natures distinctes » du Christe contre les monophysites. C'est c'est ce pacte d'union qui est combattu vigoureusement par le pape Gélase. C'est d'ailleurs l'origine de sa rupture avec Rome. Il garde d'ailleurs durant les 20 premières

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