Note de lecture : le corps du pape

Nicod Camilia

L3 HISTORE

06/10/15

Notes de lecture

Ouvrage : Agostino Paravicini Bagliani, Le corps du pape, Catherine Dalarun Mitrovitsa trad., Paris, Editions du Seuil, 1997

        Le livre que nous avons à étudier s'intitule Le corps du pape. Il a été publié en 1997 aux éditions du Seuil.

        L'auteur de l'ouvrage est Agostino Paravicini Bagliani, c'est un historien italien médiéviste, spécialiste de l'histoire de la papauté, d'anthropologie culturelle, de l'histoire du corps et la relation entre la nature et la société au cours du Moyen Âge. Il est établi en Suisse où il enseigne à l'université de Lausanne et est auteur d'autres ouvrages connus tel que La cour du pape au XIIIe siècle. Né en 1943, c'est dans la capitale de la chrétienté qu'il va entamer sa carrière de médiéviste. A vingt-six ans seulement, il devient conservateur à la Bibliothèque vaticane. Là, il va fréquenter de grands historiens, comme Anneliese Maier, par exemple. Il consacre sa première thèse aux cours qui entouraient les anciens cardinaux, et la seconde à leurs testaments, riches d'indications précieuses. Sa connaissance approfondie du milieu ecclésiastique se cristallise dans ces ouvrages et articles qu'il publie régulièrement.

        L’objet de ce livre est l’histoire de la tension entre le corps physique du pape et l’institution immortelle qu’il incarne. En effet cette tension qui existe entre le corps physique du pape et sa très haute fonction religieuse fait l’objet, dès le milieu du XIe siècle, d’attentions neuves et multiples, dont témoignent le discours, le rituel, l’iconographie. A. Paravicini Bagliani a étudié dans ce livre les dispositifs complexes qui se mettent en place durant tout le Moyen Age pour souligner cette opposition entre le corps mortel et l’institution immortelle. Une partie de ces dispositifs reste en place jusqu’à nos jours.

        L’auteur étudie d’abord  et enfin la façon dont, de son vivant, on se souciait de son corps afin d’essayer de prolonger son existence.

        Dans la première partie de l'ouvrage étudié, qui s'intitule la métamorphose de la chair, l'auteur nous montre les évolutions qui touchèrent la conception de la personne physique du pape et celle de sa figure institutionnelle.

        Dans le premier chapitre, l'auteur a pour point de départ un traité de Pierre Damien datant de 1064. Ce traité sera toujours présent dans le reste de l'exposé de A. Paravicini Bagliani et utilisé comme un fil conducteur dans son analyse. Pierre Damien constate dans son traité que les papes ont une vie brève. En effet, les pontificat ne dépassent jamais les quatre ou cinq ans et sont donc loin d 'égaler les années de Saint-Pierre, c'est à dire vingt-cinq ans à la tête du pontificat. Pour expliquer ce phénomène, il nous dit que ces morts rapides sont voulus par Dieu, et il en conclus même à un message universel, car pour tous les hommes, la mort est à préparer. Donc, Damien réfléchit à la brièveté de vie des papes, à la dignité pontificale qui le distingue des autres souverains, à la caducité du pontife romain, et également à l'auto-humiliation du pape.

        La brièveté de vie du pape est interrogé de nouveau, et mis en parallèle avec le message de l'auto-abaissement. On pense toujours que la vie courte des papes est une volonté de Dieu. Et lorsque qu'un pontificat se révèle anormalement long, seul la volonté divine peut justifier celui-ci. Cette idée reste présence jusqu'au XIXe siècle, avec Pie IX (1846-1878). C'est le moment où le topos prend fin. Rappelons que la brièveté de vie des papes a été l'objet de croyance populaire : des légendes circulent en Occident sur le tombeau d'un pape d'où s'écoulerait de l'eau lorsque la mort du pontife approche.  

        La suite de l'exposé se recentre plus sur les thèmes de la caducité de la personne physique du pape et de l'auto-abaissement.

        Dans l'histoire de l'auto-abaissement, on remarque beaucoup de rituels et cérémonies réservées au pontife romain. L'auteur nous en donne plusieurs exemples et les explique dans leur contexte. Il nous parle tout d'abord d'un rite mortuaire qu'il nomme coussinet de papyrus, mais aussi de deux autres cérémonies centrés sur les cendres et les flammes comme symbole du caractère caduc et transitoire du pouvoir papal.

        Dans le deuxième chapitre, l'auteur nous parle des métaphores corporelles appliquées à la figure institutionnelle du pape, seul et unique « vicaire su Christ » à partir de la fin du XIIe siècle. Ce titre lui devient exclusivement réservé, alors qu'au départ, il était utilisé pour désigner l'empereur. Cette métaphore corporelle inédite avec le Christ va encore plus se renforcer avec Innocent III (1198-1216). Avec ce pape, on va voir apparaître une sorte de souveraineté pontificale. Il trouve des arguments pour justifier ce concept grâce aux métaphores corporelles qui montre que le pape est à la tête de l’Église. Pour lui, la seul limite à ce pouvoir est son humanité. Innocent III donne à sa fonction pontificale une dimension universelle. C'est à dire qu'il y a une absorption totale de l’Église romaine dans la personne du pape. Donc le pape représente l'universalité de l’Église.

Il existe aussi d'autre métaphores corporelles, notamment une où intervienne les cardinaux. On dit qu'il font corps avec le pape.

        Le pape se distingue des autres souverains car il représente le Christ. Ces métaphores permettent de justifier les pouvoirs pontificaux qu'il soit spirituels ou temporels. Le pape fait corps avec l’Église.

        Ce chapitre sur les métaphores corporelles marquent l'évolution de la figure du pape. Il devient alors nécessaire de dissocier la personne physique de pape et l'institution. On arrive sur le thème de la caducité.

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