Rue de Prague Otto Dix analyse
Commentaire d'oeuvre : Rue de Prague Otto Dix analyse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar verohist • 6 Juin 2016 • Commentaire d'oeuvre • 1 462 Mots (6 Pages) • 5 904 Vues
La rue de Prague : Un tableau des années noire de l’Allemagne
Présentation
Présentation de l’œuvre :
La Rue de Prague ou Pragerstrasse est une huile sur toile intégrant des collages, de 101 par 81cm. C'est donc un tableau de taille moyenne. Il est exposé à la Galerie der Stadt à Stuttgart. Peint par Otto Dix en Juillet 1920, ce tableau a pour thème les invalides de guerre.
Les techniques utilisées rapprochent cette œuvre du courant « dadaïste », mais celle-ci s’inscrit dans le courant expressionniste, puisqu’elle a pour but de suggérer des sentiments par une expression intense voire exagérée des réalités les plus violentes. En effet, ce mouvement est la projection d’une subjectivité qui tend à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont souvent fondées sur des visions angoissantes, déformant et stylisant la réalité pour atteindre la plus grande intensité expressive.
Présentation de l’artiste :
Otto Dix est un peintre allemand né à Untermhaus, près de Géra, en Allemange en 1891 et mort à Singen en 1969. Pendant la Première Guerre Mondiale, il s’engage volontairement dans l’artillerie et combat en France et en Russie. Il en profite pour tenir un journal graphique dans lequel il dessine ce qu’il voit et ce qu’il ressent. Il produit une série de tableaux mordants jusqu’à l’absurde où il exprime sa perception du côté sombre de la vie. Otto Dix est particulièrement déçu par l’attitude des gens vis-à-vis des blessés, comme le reflète son tableau « La Rue de Prague » (1920). Lors de la montée du nazisme, 260 de ses peintures sont retirées des musées et 170 sont brûlées. Après la guerre, Dix affirme son style, utilisant surtout des couleurs acides et froides qui lui permet de décrire son époque avec une grande cruauté. Son rejet de la Bourgeoisie et ses revendications sociales - proches de l’idéologie dadaïste - se traduisent par des gravures, collages et peintures qui évoquent cinétiquement la société dans un style grinçant et acerbe. Traumatisé par les deux guerres, il laisse derrière lui un lourd témoignage des horreurs humaines.
Analyse de l’œuvre
Ce tableau est volontairement déstructuré à l’image de l’Allemagne décomposée, mutilée par ces pertes humaines mais aussi humiliée par le traité de Versailles, une Allemagne en proie au nationalisme, à la xénophobie et à l’antisémitisme.
Description de l’œuvre :
C’est une scène quotidienne d’après-guerre, en apparence banale. Elle se déroule dans une rue marchande animée, la « rue de Prague » à Dresde, ville où a longtemps vécu le peintre.
Au premier plan, on voit un cul-de-jatte, apparemment riche, bien vêtu, au buste droit sur une planche à roulette, portant une croix de guerre. Il roule sur une brochure sur laquelle est inscrit « Juden Raus » (« les juifs dehors »). Dans l’angle gauche on voit une main élégante posée sur une canne et la tête d’un chien, montrant ses crocs. Dans la partie droite du tableau, on voit le postérieur d’une dame à l’allure extravagante portant des talons hauts. On peut penser, de par sa tenue vestimentaire que c’est une veuve de guerre sans ressources contrainte à la prostitution.
Au second plan on distingue un ancien combattant mutilé au corps désarticulé et aux yeux vides qui mendie pour survivre, à qui un passant bourgeois, méprisant le mendiant donne un timbre au lieu d’une pièce. Derrière lui se trouve une petite fille seule pieds nus, surement orpheline au visage de profil et à l’œil de face.
Le dernier plan se compose de vitrines de magasins. Dans l’une sont exposées des perruques, et dans l’autre, des prothèses, très élaborées par rapport à celles du mendiant, ce qui accentue l'infirmité des deux personnages.
Sur le mur entre les deux vitrines le mot « Dumm » (« idiot ») est griffonné.
Sur ce tableau, on ne distingue aucune ligne permettant de trouver le point de fuite, ce qui interdit toute impression de stabilité. Ceci souligne le caractère absurde de la guerre.
Interprétation :
Par cette œuvre, Otto Dix dénonce tout d’abord les horreurs de la guerre (corps blessés, désarticulés, mutilés). Le peintre suggère un parallèle entre les invalides et les bustes désarticulés des mannequins de la vitrine. Ces hommes ont l’air d’être transformés en machines. Le tableau nous montre aussi les victimes indirectes de la guerre : la petite fille orpheline et la veuve, obligée de se prostituer pour survivre.
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