Les temps moderne - histoire des arts

Introduction:

Les Temps Modernes est une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, acteur, réalisateur, scénariste et compositeur brittanique né en 1899 et mort en 1977. Il y joue le rôle de Charlot, son personage récurrent, un vagabond maladroit et naïf, caractérisé par sa démarche et sa tenue. Ce fut cependant le dernier film présentant le personnage de Charlot. Il est également considéré comme le dernier film muet de Charlot, car il utilise des cartons et son habituel jeu expressionniste. Cependant, certains éléments sont sonorisés, comme le patron de l'usine, la radio ou l'ambulance. Chaplin montre ainsi qu'il peut s'adapter aux nouvelles technologies en insérant du son dans ses films, mais également qu'il tient au cinéma muet qui le caractérise.

Il fut tourné entre 1934 et 1935 et sortit en 1936 pendant la période de l'entre-deux-guerres. A cette époque, les Etats-Unis puis l'Europe, furent frappés par une forte hausse du chômage dûe à la crise économique de 1929. Cette période suivit également la deuxième révolution industrielle et la profusion d'usines d'assemblage, aux Etats-Unis puis en Europe. Elles se caractérisèrent par l'utilisation de méthodes d'organistaion scientifique du travail, comme le fordisme et le taylorisme, principalement basés sur le travail à la chaîne. Pour la promotion de son film Les Lumières de la ville en 1931, Chaplin se rendit dans de nombreux pays et prit conscience des ravages de la crise économique, qui fut sa source d'inspiration principale pour Les Temps Modernes. Dans le générique, il définit d'ailleurs son film comme "Un récit sur l’industrie, l’initiative individuelle et la croisade de l’humanité à la recherche du bonheur." Nous nous demanderons donc comment Charlie Chaplin se sert d'une comédie burlesque comme d'une oeuvre de dénonciation.

Corps:

Les Temps Modernes suit le quotidien de Charlot, un ouvrier employé dans une usine, qui perturbe régulièrement le travail à la chaîne. Le patron surveille son personnel à l'aide de caméras de surveillance et ne cesse de demander d'accélérer le travail. Pour cela, il expérimente sur Charlot un appareil censé permettre aux ouvriers de manger tout en travaillant, et le contraint à visser des écrous à un rythme effréné sur une chaîne de montage accélérée. Il est aspiré par les rouages d'une machine, et est hospitalisé. A sa sortie, il a perdu son emploi et est emprisonné par erreur: tentant de restituer un drapeau rouge tombé d'un camion, il est pris pour le meneur d'une manifestation communiste. Le drapeau est le seul élément du film coloré, pour que le spectateur puisse assimiler sa couleur rouge au communisme. En prison, il absorbe malencontreusement de cocaïne, et met fin à une tentative d'évasion. Libéré, il rencontre "La Gamine", une orpheline dont le père meurt dans une manifestation, interprétée par Paulette Goddard. Tous deux rêvent d'un vie meilleure dans une maison bourgeoise où ils pourraient manger à leur faim. Après s'être fait renvoyé de plusieurs emplois, Charlot s'installe avec la gamine dans une maison délabrée au bord d'un étang. Malgré la pauvreté, tous deux semblent heureux. Ils se font embaucher dans un restaurant, la gamine en tant que serveuse, et Charlot en tant que chanteur. Pendant son spectacle, il perd les manchettes sur lesquelles étaient écrites les paroles de la chanson. Il improvise alors un numéro de mime et des paroles sans sens, mélangeant le français et l'italien. Ce fut la première fois que Charlie Chaplin faisait entendre sa voix dans l'un de ses films. Sa représentation se révèle être un vrai succès. Mais quand la police veut arrêter la gamine pour vagabondage, ils ont contraints de partir vers un futur incertain mais plein d'espérances.

Les principaux éléments du scénario se retrouvent dans l'affiche originale du film, réalisée en 1936 par Léo Houper. En effet, on peut reconnaître au premier regard le personnage de Charlot grâce à la présence de ses principaux accessoires: le chapeau melon, la moustache, la veste noir, les chaussures trop amples et la canne. Cependant, on peut déjà prévoir que le scénario tournera autour du travail à l'usine et de la déshumanisation de l'ouvrier, grâce à la machine à l'arrière-plan et la partie droite du personnage de Charlot. Celui-ci semble se transformer en automate: son corps fait penser à une pièce d'acier. Ses accessoires sont eux aussi mécanisés: sa canne s'est transformée en outil, et ses patins à roulettes en boulon. On peut aussi prévoir une histoire d'amour grâce au couple représentant Charlot et la gamine que celui-ci tient dans ses bras. On peut cependant identifier ce film comme une comédie grâce aux couleurs vives de l'affiche, à la présence de Charlot, et à sa démarche clownesque.

Nous allons maintenant prendre appui sur deux extraits caractéristiques du film pour comprendre comment Charlie Chaplin utilise l'humour pour dénoncer les conditions de travail des ouvriers.

Le premier extrait (13:40 à 14:28) se situe au début du film, sur les chaînes d'assemblage de l'usine, après que le directeur ait demandé aux ouvriers d'accélérer la production. Charlot tente de visser les boulons à la vitesse du tapis roulant, mais il est bien vite emporté. Son voisin tente de le retenir, mais il est emporté dans la machine.

Au début de la scène, le tapis roulant est au premier plan, et passe devant les ouvriers. Il traverse l'écran. La perspective nous donne l'impression qu'il

...