Le portrait, entre figuration et défiguration

Le portrait, entre figuration et défiguration

Introduction

Le portrait désigne la représentation d’une personne par le dessin, la peinture et la photographie, ou sa description en littérature. Le portrait est généralement figuratif, il vise à rendre compte du réel. Cependant, le portrait connait parfois des déformations, notamment par le biais des carricatures ou dans l’art moderne. On peut ainsi s’interroger sur le sens et le but de ces différentes déformations, en littérature comme dans les autres formes d’art.

Nous verrons dans un premier temps le rôle du portrait dans les arts, puis au contraire celui de son altération.

1. Le portrait figuratif

Le portrait figuratif a pour objectif premier de renseigner le lecteur ou le spectateur sur l’apparence physique du personnage. En littérature, cette description physique a un rôle essentiel car elle permet au lecteur de s’imaginer les personnages. Le portrait n’est cependant pas uniquement une description purement physique du personnage ; il passe également par la description de ses gestes, de ses paroles, de ses attitudes et de ses décisions. Comprendre le personnage permet de mieux interpréter l’histoire mais aussi de mieux appréhender les relations qu’il entretient avec les autres personnages.

 Le portrait apporte également d’autres informations qui permettent au lecteur soit de mieux comprendre l’intrigue, soit de s’identifier au personnage. Par exemple, les descriptions précises des personnages et de leurs sentiments dans les romans Proust appellent le lecteur à s’identifier à l’un d’entre eux, ou du moins à leur état d’esprit. Le portrait peut également avoir pour but de rendre compte des valeurs morales du personnage, ou bien de sa condition sociale. C’est le cas par exemple de la description de Fantine dans les misérables : le lecteur a de la pitié pour ce personnage qui vit dans la misère, et une certaine admiration face à la dévotion de cette mère pour son enfant.

Malgré ce rôle essentiel de la description et du portrait figuratif, la défiguration apparait et devient de plus en plus fréquente, et ce malgré les habitudes d’objectivité descriptive. Quels peuvent-être les objectifs de cette transgression des habitudes ?

1. La défiguration dans le portrait[pic 1]

On peut distinguer plusieurs catégories de défiguration, avec des objectifs différents. On a tout d’abord la caricature ; c’est un portrait peint, dessiné ou sculpté qui amplifie certains traits caractéristiques du sujet. Souvent humoristique, la caricature est une sorte de satire graphique car elle charge des aspects ridicules ou déplaisants du personnage dépeint. Elle est très utilisée par la presse. On peut aussi parler de caricature en littérature ; c’est une description qui charge certains traits, dans des genres comique ou satirique. En ce sens, on peut également parler de caricature au théâtre, au cinéma, en bande dessinée, etc. La caricature a ainsi souvent une visée politique.

Le visage étant la partie du corps qui définit l’identité d’une personne, la déformation de celui-ci dans les arts peut aussi être révélatrice d’un changement important de personnalité, ou encore de l’empreinte du vice sur le personnage. C’est le cas par exemple dans le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Suite à un pacte implicite avec le diable, le personnage cesse de vieillir, mais c’est son portrait qui hérite des traces du temps et surtout des marques de chaque pêché du personnage. De même, dans le mythe d’Œdipe Roi, Œdipe se crève les yeux lorsqu’il découvre qu’il a commis parricide et inceste. Il s’inflige lui-même une défiguration pour se punir et ne plus voir le monde taché de ses actions, et est ainsi marqué par ses crimes.[pic 2]

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