Etude de La Vue de l'Hôtel de Ville de Michel Serres
Étude de cas : Etude de La Vue de l'Hôtel de Ville de Michel Serres. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Juju756 • 6 Avril 2022 • Étude de cas • 1 735 Mots (7 Pages) • 461 Vues
Justin DELANOE L1 Histoire
Etude de la « Vue de l’Hôtel de ville » de Michel Serre :
« Vue de l’Hôtel de ville », Michel Serre, huile sur toile, 306,0 x 277,0 cm, 1721, Musée des Beaux-Arts de Marseille
Commentaire de l’œuvre :
L’épisode de Peste de Marseille de 1720, correspondant à un retour de la Deuxième Pandémie de Peste, est considéré comme la dernière grande manifestation de la maladie en Europe. Ce dernier trouve son origine présumée à bord du navire Grand-Saint-Antoine revenant d’Orient, ayant accosté dans la cité phocéenne le 25 mai 1720, et qui transportait avec lui une importante cargaison d’étoffes et de coton contaminée par des puces de rat porteuses du bacille de la Peste, Yersinia Pestis. Malgré un dispositif de protection strictement réglementé comprenant un système d’administration de patentes témoignant de l’état sanitaire de l’équipage des bateaux entrant dans le port – nettes, suspectes ou brutes -, la mise en place d’un bureau de santé effectif et d’espaces de quarantaine comme l’île de Pomègues, l’Île Saint Jarre ou divers lazarets, les autorités de l’époque adoptent un comportement bien trop souple vis-à-vis du Grand-Saint-Antoine, permettant la circulation de ses marchandises, les intérêts économiques y étant considérables, et la Peste se propage alors hors du huit-clos de l’équipage. Les quartiers les plus anciens, certains datant du Moyen Âge, pour la plupart insalubres, sillonnés de rues étroites et surpeuplées, où logent les populations modestes d’artisans, sont les premiers et les plus durement touchés. L’épidémie se diffuse ensuite très rapidement à l’ensemble de la ville sans exception et malgré des mesures de confinement il meurt au paroxysme de l’infection jusqu’à mille personnes par jour. Au total, cette pandémie occasionnera 40 000 décès sur 90 000 habitants avant de s’étendre au reste de la Provence où elle entrainera environ 120 000 victimes sur une population de 400 000 âmes.
Lors de l’année durant laquelle l’épidémie aura sévi à une intensité jusqu’alors jamais atteinte, les dirigeants de la ville doivent faire face à de nombreuses difficultés en terme d’alimentation car la famine s’installe mais aussi en ce qui concerne l’évacuation des corps des pestiférés. L’ensemble des infirmeries sont débordées et les cadavres s’amoncèlent dans les rues, fautes de lieux où les entreposer. Tous les volontaires disponibles sont réquisitionnés, les échevins sont mobilisés et dans les quartiers les plus recoulés comme celui de la Tourette, l’enlèvement des corps est assuré par les forçats de l’Arsenal des galères sous le commandement du Chevalier Roze, dont la majorité tomberont malades. Les trépassés sont ensuite empilés dans des barques ou dans des charrettes puis jetés dans des fosses communes creusées à la hâte, hors des cimetières des paroisses, et recouverts de chaux vive pour accélérer leur décomposition. Quelques religieux dont Mgr de Belsunce se dévouent pour accorder un réconfort moral aux mourants et se relaient à travers toute la ville pour les accompagner dans la mort et la foi.
Cette épidémie est à l’origine nombreuses œuvres culturelles dont diverses représentations artistiques parmi celles que le peintre Michel Serre (1658-1733) réalise à cette occasion. En effet, les tableaux qu’il a pu produire, au nombre de trois, s’imposent comme une sorte de journal de la Peste marseillaise, une chronique non-transposée et dénuée de toute allégorie. Né à Tarragone et formé en Italie, cet artiste espagnol s’installe à Marseille en 1675. Il y devient rapidement le principal peintre baroque, produisant d’immenses toiles sur demandes de l’Eglise et parvient à intégrer l’Académie royale de peinture. Dès les premiers signes de l’épidémie, il est nommé commissaire général de son quartier et apparaît à la tête d’opérations de déblaiement des cadavres tout en offrant aux plus démunis une partie de sa fortune. Ses toiles, en accord avec le style baroque, immortalisent la réalité de l’instant sans omissions ni euphémismes iconographiques, la « Vue de l’Hôtel de Ville » constituant un véritable portrait de la ville, à la manière des « vedute » du XVIIIème siècle, où l’exactitude topographique prévaut. Ces toiles sont donc de véritables témoignages étant donné que Michel Serre, acteur de la lutte contre la maladie, a pu constater de par lui-même, les scènes de désespoir, de chaos et de déchéance qu’il a dépeintes, ce qui constitue sans aucun doute une preuve précieuse pour les Historiens de la Peste.
Si Marseille
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