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Edouard Manet et l'influence de la peinture espagnole

Mémoire : Edouard Manet et l'influence de la peinture espagnole. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Septembre 2017  •  Mémoire  •  11 083 Mots (45 Pages)  •  1 476 Vues

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Table des matières

Introduction        1

Ière Partie : Le Pastiche des Espagnols        3

1) Premiers contacts de Manet et de l’art espagnol.        3

2) Les années de jeunesse.        4

3) Manet, le scandaleux, et la critique.        8

IIème Partie : Une imitation transcendée        16

1) Manet et son voyage en Espagne.        16

2) La leçon des maîtres espagnols.        19

3) La leçon de Manet.        21

Conclusion        28

Table des illustrations        32

Bibliographie        34


Introduction

Après des débuts plus que conventionnels pour un jeune homme de bonne famille désireux d’embrasser le carrière artistique, Manet se lance à corps perdu dans la peinture. Essayant de concilier ses aspirations personnelles avec les exigences familiales, le jeune homme cherche à s’imposer au Salon et à décrocher les honneurs officiels. Il décide pour ce faire, une fois la bénédiction paternelle donnée, de s’inscrire, en 1850, dans l’atelier de Thomas Couture, artiste «médaillé comme un veau gras» et professant un enseignement des plus académiques. Ces années de formation lui permettent d’acquérir un métier certain, le sens de la couleur, et d’entrevoir quel artiste il deviendrait : l’antithèse de son maître.

Ces années d’apprentissage ne se firent pas sans heurts, et c’est en 1856 que Manet claque définitivement la porte à cet enseignement sclérosant qui ne pouvait rien lui apporter. Pendant quelques années, il eut du mal cependant à rompre avec les préceptes qu’on lui avait patiemment inculqués. L’empreinte de son professeur était encore trop fraîche ; pendant un certain temps il ne fit que des toiles scolaires, où les exercices bien appris de l’élève studieux transparaissaient à chaque touche.

Mécontent de ses travaux de potache appliqué, il décida de détruire toutes ses toiles. Ainsi délesté de ce poids trop lourd à porter, fait d’un passé de carton-pâte et de théories prônant un mensonge illusoire - la vérité était trop éblouissante pour ces yeux habitués aux noirceurs de la caverne - il marcha fièrement vers la Rédemption, entamant sa nouvelle et décisive carrière de peintre.

Lui qui rêvait de consécration officielle, lui qui caressait le doux espoir de marcher sur le chemin tout tracé qui le conduirait sur les plus hautes marches des médaillés du Salon, ne se doutait pas qu’il serait voué aux gémonies par ses contemporains - exception faite de quelques amis éclairés -, que son œuvre symboliserait, pour ceux dont il espérait l’approbation, un art dégénéré. Il n’entrevoyait pas que sa conception picturale, qu’il pensait classique, révolutionnerait l’art contemporain, et tout en cherchant à connaître la gloire, qu’il croyait suprême mais qui n’était qu’éphémère, des Meissonnier et des Cabanel, il entrerait de plein pied dans l’empyrée de l’histoire de l’art, côtoyant les grands maîtres de son cœur (Velasquez , Rembrandt).


Ière Partie : Le Pastiche des Espagnols

1) Premiers contacts de Manet et de l’art espagnol.

C’est donc timidement que Manet fit ses premiers pas dans le monde artistique parisien. Cherchant l’admiration du public, il se plia au goût du moment ; l’Espagne était alors à l’honneur, les peintres, et surtout les écrivains, ne juraient que par cette grande dame, mère de Velasquez, de Ribera et de Goya.

L’exotisme à nos portes, celles des Pyrénées, avait supplanté quelque peu l’orientalisme de l’Afrique du Nord. Gautier ramenait de son voyage en Espagne une pléthore de souvenirs colorés, de paysages choisis et de chocs esthétiques, qu’il allait transposer dans un recueil de 1845, Espana[1] ; Mérimée, sous le charme d’Eugénie de Montijo et de sa terre natale, chantait les amours hispaniques, créant le personnage devenu mythique de Carmen ; Musset, dans ses contes d’Espagne, manifestait un romantisme exalté par la recherche d’une couleur locale de fantaisie et la peinture de passions violentes.

La liste serait trop longue si elle se voulait exhaustive, de tous les artistes qui ont chanté les charmes de ce pays et les beautés qu’il recèle.

C’est donc dans ce climat propice que Manet entame sa carrière. Ses premières œuvres seront un fidèle écho de ces romances qui envoûtent Paris.

Son inspiration espagnole n’est pas uniquement le fait d’un tempérament caméléon, prêt à toutes les concessions pour plaire à un public bourgeois, ou même à des artistes consacrés. Elle est beaucoup plus profonde, elle resurgit des verts paradis enfantins, époque bénie où il admirait les merveilles du Musée espagnol de Louis-Philippe «que la stupide République française, dans son respect abusif de la propriété, a rendu aux princes d’Orléans»[2], où il déambulait dans les couloirs du Louvre pour admirer les rares tableaux de Velasquez que le musée possédait, et découvrir dans le Cabinet des Estampes les Caprices et la Tauromachie de Goya. Enfin, il est fort probable que Manet ait aussi vu les toiles du collectionneur Lacaze, et qu’il ait eu entre les mains le livre capital pour la connaissance de cet art : Coleccion litografica de cuadros del rey de Espana, el Senor Don Fernando septimo [3].

C’est donc à Paris que se dessinent les premières amours entre Manet et la peinture espagnole. En 1853, lors de son séjour à Vienne et à Dresde, ces balbutiements prendront une autre ampleur pour devenir, après son voyage en Espagne en 1865, une véritable passion. Cette union idéale sera consommée à travers la peinture dans les multiples hommages que l’artiste lui rendra dans son œuvre.

2) Les années de jeunesse.

Impropre à l’épanouissement personnel, l’enseignement de Thomas Couture laissa Manet quelque peu désemparé. S’il savait bien ce qu’il refusait d’être, il ignorait encore ce qu’il cherchait à devenir. Afin de révéler sa manière personnelle et d’affirmer sa technique, il se rendit au Louvre où il copia les grands peintres, tel Velasquez, à qui il vouait un véritable culte. C’est dans cet état d’esprit qu’il composa, dans la perspective du Salon, une toile qu’il voulait à la fois personnelle et dans la tradition des maîtres : Le Buveur d’absinthe (1858-1860). Ce fut un échec ; le tableau, bien qu’apprécié par Delacroix, fut rejeté par le jury, Procuste de l’art. Dépité, il déclarait :

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