Analyse de la Nuit Américaine de François Truffaut
Commentaire d'oeuvre : Analyse de la Nuit Américaine de François Truffaut. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pulco10000 • 7 Janvier 2021 • Commentaire d'oeuvre • 1 617 Mots (7 Pages) • 1 050 Vues
Truffaut, cinéphile et cinéaste connu et reconnu, débute sa carrière par la critique de films aux Cahiers du cinéma pour s’étendre par la suite à la mise en scène. Il connait une adolescence troublée à l’instar du personnage d’Antoine Doinel dans les 400 coups, son premier long métrage réalisé en 1958. En 1971, Truffaut se trouve en état de grande fatigue suite aux prises de vue des Deux Anglaises et Le Continent. Il décide alors de réaliser la Nuit Américaine, un film sur le film, ce qu’il préfère, dont il est le plus proche, qu’il connait le mieux. C’est un film, aux aspects autobiographiques, qui prend place en plein jour aux Studios de la Victorine à Nice et qui raconte le déroulement chronologique d’un tournage de film américain, Je vous présente Paméla, sous la réalisation du cinéaste français Ferrand. Ce tournage réussit à se poursuivre jusqu’au bout malgré de multiples intrigues et déceptions amoureuses.
Nous verrons au travers de notre analyse sur ce film en quoi l’on peut dire qu’un film est l’oeuvre individuelle d’un artiste, et en même temps une création collective qui lui échappe.
Nous verrons dans un premier temps comment ce film est chapeauté par une seule et même personne qu’est le réalisateur. Puis nous étudierons comment au delà du caractère individuel lié à l’auteur le film s’ancre dans une coopération collective qui lui est indispensable. Et dans un dernier temps nous aborderons les problèmes auxquels le réalisateur et l’équipe de tournage doivent faire face.
La Nuit Américaine s’avère être chapeautée par la seule personne du réalisateur. En effet, on retrouve l’omniprésence de Truffaut au travers des personnages du film fictif Je vous présente Paméla. On retrouve notamment le réalisateur Ferrand joué par Truffaut, un personnage plutôt réservé et stressé qui ne se soucie que de son tournage et de son équipe, il représente l’amour fort et la relation profonde qu’entretient Truffaut avec le cinéma. On a également Alphonse, interprété par Jean Pierre Léaud, acteur phare de Truffaut qui joua dans nombre de ses films, qui représente quant à lui la fougue du réalisateur, son amour pour les femmes… De plus le personnage d’Alphonse se confond avec le personnage fictif d’Antoine Doinel, les deux personnages, joués par le même acteur, possèdent des penchants immatures et irréfléchis. On a donc deux interprétations de Truffaut dans le film qui se côtoient, par exemple au plan 704 où Ferrand donne un conseil à Alphonse suite à sa séparation avec sa femme Liliane : « Je sais, il y a la vie privée…mais la vie privée elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends, des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans notre travail, dans notre travail de cinéma. »Cet extrait illustre les pensées contradictoires, la dualité qui habitent Truffaut, cela a un caractère très personnel que l’on peut qualifier de doublement autobiographique. On retrouve un autre lien lorsque, à plusieurs reprises, on voit Ferrand rêver de son enfance, lorsqu’il volait des affiches de cinéma, cela fait écho à la fois à la vie de Truffaut, grand collectionneur de photos et à Antoine Doinel qui volait des affiches dans les halles de cinéma avec son acolyte dans les 400 coups.
On peut également affirmer que c’est un film controlé par la seule personne du réalisateur car on retrouve son empreinte dans tous les aspects du tournage : lors de la prises des scènes ou lors du montage. Effectivement, cette idéologie de laisser sa trace dans un film apparait lors de la nouvelle vague par l’intermédiaire de Truffaut et ses amis de Cahiers du Cinéma, qui re-qualifient des réalisateurs comme Hitchcock d’auteur car ils laissent une empreinte remarquable sur leurs réalisations. Cette idée s’illustre dans le film La nuit américaine car on voit, notamment au début du film que Ferrand est sollicité de toutes parts, l’accessoiriste, le maquilleur ou encore les acteurs viennent le voir tour à tour pour lui demander son avis, car il est essentiel. De plus, on voit à plusieurs reprises que Ferrand se permet de modifier des détails lors des scènes comme lorsqu’il replace les doigts de Julie lors de la scène sur le balcon. Ainsi la patte de Truffaut se fait inexorablement ressentir au travers de son film avec l’aspect autobiographique, la présence de son acteur fétiche ou encore la clarté des personnages et de l’histoire.
Ainsi ce film nous montre l’omniprésence de la personnalité complexe de Truffaut aux travers de ses personnages qui s’inscrit dans une oeuvre purement individuelle. Mais malgré cette présence constante, Truffaut ne peut réaliser un film entier à lui tout seul, il a la nécessité d’avoir auprès de lui une équipe, des proches.
...