De quelles ressources spécifiques disposes le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains?
Dissertation : De quelles ressources spécifiques disposes le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar santos92 • 16 Juin 2013 • Dissertation • 1 724 Mots (7 Pages) • 1 077 Vues
Dissertation : Vous vous demanderez de quelles ressources spécifiques disposes le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains.
Introduction
D’après ses origines grecques, le théâtre est le lieu où l’on regarde (Théa en grec, action de regarder). La scène de théâtre devait donc être le lieu où se déroulent des actions spectaculaires : conflits, débats et affrontements. Mais quelles sont les ressources spécifiques dont dispose le théâtre pour représenter ce genre de scènes ?
Dans une première partie, nous étudierons les différentes formes de discours propres à représenter un affrontement. Puis nous analyserons l’importance de la voix et des gestes des acteurs lors des représentations sur scène. Enfin, nous verrons que la mise en scène d’éléments extérieurs matériels et immatériels peut également renforcer le conflit théâtral.
I) Les différentes formes de discours
L’affrontement théâtral se traduit en premier lieu par la parole des personnages. Différents types de discours peuvent être employés par un auteur de pièces pour le représenter.
1) Le dialogue
Le dialogue est sans doute la forme la plus susceptible de créer une scène de conflit. Il permet généralement aux passions de se déchaîner, comme dans Le Retour au Désert : Mathilde et Adrien s’insultent et se rabaissent gratuitement pour laisser exprimer un ressentiment gardé depuis leur jeunesse. L’échange conflictuel peut aussi s’exprimer de façon courte et brutale, comme dans Britannicus où l’empereur Néron, jaloux au plus au point de Britannicus, l’évite longtemps par complexe d’infériorité avant de venir s’opposer à lui sèchement et ordonner son arrestation. Le dialogue peut aussi représenter un débat politique, comme entre Hoederer et Hugo dans le cinquième tableau des Les Mains Sales. Le dialogue peut encore représenter la différence qui sépare les acteurs. En effet, on comprend mieux ce qui anime le personnage quand on mesure en quoi il se distingue des autres. Par exemple, la simplicité d’Arlequin, dans la scène 8 de l’Ile des esclaves, ressort avec d’autant plus de force qu’elle contraste avec l’affectation d’Euphrosine. Lorsqu’un personnage en affronte un autre, sa colère peut aussi le pousser à révéler des pensées intimes, qu’il aurait préféré dissimuler, et qui tendent à renforcer la situation de conflit. A la scène 2 de l’acte IV de Phèdre, Hippolyte veut se disculper de l’injuste accusation de Thésée, en révélant son amour pour Aricie, l’ennemie héréditaire, espérant ainsi toucher la sensibilité de son père ; mais cela ne fait que pousser plus loin la fureur de Thésée, qui pense encore plus que son fils est coupable.
2) Le monologue
Principalement employée dans les tragédies, la tirade, monologue dans le dialogue, est également un moyen utilisé afin de faire fléchir son adversaire, souvent réduit au silence par le locuteur. Dans Anouilh, Créon s’épuise à expliquer à Antigone qu’elle doit comprendre sa décision politique, mais elle ne veut rien entendre ; il l’interrompt alors, la secoue violemment et lui représente l’image terrible du bateau en pleine tempête. Dans un autre registre, Pyrrhus, amoureux d’Andromaque, essaie dans la scène 7 de l’Acte III de convaincre sa captive de l’épouser, en lui demandant de le prendre en pitié mais aussi en la rendant responsable de la mort prochaine de son fils. La tirade peut également servir à rapporter un combat passé : la tragédie racinienne en est particulièrement imprégnée, du fait qu’elle devait se dérouler dans un unique lieu et devait respecter la règle de bienséance : Théramène qui narre à Thésée le combat héroïque d’Hyppolite contre le monstre de Neptune dans Phèdre, le soldat qui rapporte à Antigone et Créon le duel d’Etéocle et Polynice dans la Thébaïde.
3) L’aparté
Enfin, l’aparté permet de rendre compte au spectateur d’un conflit implicite. En effet, lorsque un personnage en craint un autre, il préfère ne pas entrer ouvertement en conflit avec lui, mais informe le public de ses pensées et ridiculise son adversaire, qui n’a pas les moyens de répondre puisqu’il ne peut pas entendre. Par exemple, dans l’Avare, le cuisinier Maître Jacques est constamment rabaissé par Harpagon et Valère. Hypocrite et lâche, il parvient néanmoins à s’opposer à ses maîtres en se moquant d’eux « à part » après chacune de leurs répliques.
Ainsi, les types de discours permettent de mettre en scène un affrontement théâtral sous différentes formes : le dialogue, la tirade et parfois l’aparté.
II) La représentation sur scène
Lorsqu’ils jouent sur scène, les personnages de théâtre sont incarnés par des personnes réelles. Ils peuvent donc accentuer leur conflit par une intonation de voix et des gestes indiqués par l’auteur à travers les didascalies et la ponctuation ; mais parfois aussi selon des consignes spécifiques du metteur en scène.
1) La voix
Par l’expression de leur voix, les acteurs parviennent à transmettre des sentiments au public. La voix peut faire entendre une forte tension entre les personnages, voire même, dans le cas de Mathilde et Adrien, une certaine excitation à s’affronter ; la ponctuation expressive est en effet abondante, et on imagine que les injures peuvent être accentués oralement par les acteurs pour susciter l’émotion du public. Dans la scène 1 de l’acte II des Caprices de Marianne, la voix de Marianne peut aussi bien être indifférente que troublée face à la cour injurieuse que lui fait Octave. Dans l’Ile aux esclaves, la voix moqueuse et
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