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Comment Michel Bouvet démocratise-t-il l’affiche culturelle ?

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Par   •  21 Novembre 2016  •  Dissertation  •  1 179 Mots (5 Pages)  •  1 086 Vues

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L’ANALYSE DES ŒUVRES

Michel Bouvet se tourne très tôt vers le graphisme. Né en 1955, il se fait rapidement un nom et ses œuvres iconoclastes connaissent un succès international. Son style, reflet d’un investissement tout à fait personnel, provient de sa passion pour la peinture, la photographie et la musique. Il se spécialise dans l’affiche culturelle et réalise notamment le rhinocéros rose de la 41e édition des Rencontres de la Photographie d’Arles et le chat au nœud papillon de la saison 2010/2011 de l’Opéra de Massy. Ces œuvres, destinées à toucher un public de tout âge et de toute origine s’inscrivent entre tradition et modernité et trouvent dans la rue, de vifs échos.

Comment Michel Bouvet démocratise-t-il l’affiche culturelle ?

Au travers d’une diffusion à grande échelle, Michel Bouvet rompt avec l’image élitiste du graphisme.

Loin d’employer un langage pictural réservé aux initiés, ses œuvres sont destinées à être diffusées, partagées. Elles se placent ainsi en rupture avec l’image élitiste véhiculée à la même période par certains graphistes qui revendiquent une liberté artistique qui coupe presque tout contact avec le public. Avec ces deux affiches ; la 41e édition des Rencontres de la Photographie d’Arles et la saison 2010/2011 de l’Opéra de Massy – toutes deux extraites de séries – le maître mot est tout aussi évident que le travail de Michel Bouvet : la simplicité. Le dessin, élémentaire, presque grossier pourrait paraître enfantin. Le geste de la main est perceptible, le trait sensible. L’affiche se réduit à un seul plan et le sujet, point riche, est centré. La mise en page est efficace et répond à un objectif : une lisibilité au premier coup d’œil. Il y a quelque chose que l’on pourrait rattacher au travail de Raymond Savignac dans ses productions. Cet affichiste qui affectionne également la relation humaine véhiculée par le dessin et la communication sans frontière se veut presque affectueux au public dans ses œuvres imaginées pour des marques tels que BIC, Citroën ou encore Mon Savon. Il dira lui-même que ce qui est demandé au graphiste c’est « une communication claire, puissante et précise », des qualificatifs qui semblent tout à fait appropriés aux productions de Michel Bouvet. Chez lui, la dynamique de l’image se fait notamment au travers des couleurs. Il y en a peu, pas plus de quatre, en aplat vifs et parfois presque dissonants, créant des contrastes inattendus. Il joue sur les couleurs complémentaires ; le rouge/rose et le vert sur l’affiche au rhinocéros, le bleu et le jaune orangé sur l’affiche de l’Opéra.

Une influence pop art ? C’est ce que pourrait évoquer certains détails de ces deux affiches. Les couleurs vives en aplats sont en effet cernées d’un épais trait noir. L’affiche elle-même se trouve dans un cadre noir qui évoque les Comics américains et par extensions les travaux de Roy Lichtenstein. Ces cases de BD agrandies demeurent riches en symbolique, à la fois simples et pourtant incroyablement parlantes. Michel Bouvet utilise également une trame sur certaines zones : petits points ou lignes, facilement visibles comme pour sous-entendre une lecture facile et ouverte à tous.

En effet, Michel Bouvet rompt avec la rigueur et la froideur généralement attribués aux lieux culturels. Le musée, le théâtre, l’opéra deviennent avant tout des lieux conviviaux. Il établit un contact immédiat et chaleureux. Les animaux dans ces deux œuvres, deviennent des mascottes, des personnages attachants. Le regard du rhinocéros comme celui du chat se trouve bien au centre de l’image, plonge dans celui de l’observateur. Il accroche l’attention du public et formule une invitation appuyée dans Les Rencontres photographiques d’Arles comme à l’Opéra de Massy par un petit sourire presque malicieux.

C’est également grâce au respect de la relation texte-image que les affiches de Michel Bouvet sont si parlantes. On peut y noter une touche d’humour, un lien systématique entre l’accroche (ou le titre) et l’image. « Du lourd et du piquant » décrit judicieusement le rhinocéros, les notes noires dessinées sur le chat blanc font écho aux partitions de l’Opéra et à son logo. Ces images, au fort pouvoir évocateur sont riches de sens et de symboles. On peut imaginer le lien entre le chat et l’opéra mais le rhinocéros possède lui aussi tout un panel de significations. Il est par exemple largement utilisé comme métaphore dans la pièce de théâtre du même nom, par Eugène Ionesco (1959).

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