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Analyse de spectacle Une Chambre en Inde - Ariane Mnouchkine

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Par   •  28 Janvier 2020  •  Dissertation  •  1 740 Mots (7 Pages)  •  802 Vues

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Une chambre en Inde – Ariane Mnouchkine

    Un spectacle ou une invitation au voyage… Une chambre en Inde est une création collective du Théâtre du Soleil, dirigée par Ariane Mnouchkine dont la musique fut composée par Jean-Jacques Lemêtre. Cette pièce d’une durée de 3h30 sera encore jouée à la Cartoucherie de Vincennes, lieu de la représentation ci-dessous analysée, jusque décembre 2019. La troupe du Théâtre du Soleil offre à travers cette création un spectacle engagé qui pose des questions en utilisant l’art, le chant, la danse et l’humour.

    Ainsi, nous pouvons nous demander, en quoi « Une chambre en Inde » est une pièce de théâtre totale ?

    1) L’aspect méta-théâtral

    Ariane Mnouchkine et la troupe du Théâtre du Soleil nous invitent dans un voyage qui questionne le théâtre et qui introduit un aspect méta-théâtral.

    La disposition néanmoins classique du public face à la scène renforce cet aspect, nous sommes au théâtre, nous sommes devant la scène, nous pouvons tout à fait imaginer un classique « quatrième mur » et le spectacle nous ramène aux réalités des comédien.ne.s et metteur.e.s en scènes dont nous sommes physiquement proches.

La comédienne principale interprétant le rôle de Cornélia, est en quête d’un spectacle depuis que le chef de la troupe Monsieur Lear a fui après les attentats de Paris. Dans un décors gargantuesque et réaliste, Cornélia (interprétée par Hélène Cinque) rêve de sujets qui pourraient lui servir pour créer ce spectacle dont elle ne sait rien, elle n’a jamais fait ça et se retrouve submergée. Quoi de plus méta-théâtral donc, que de rappeler au plateau les difficultés qu’ont les artistes à créer, à trouver de l’inspiration. De plus, ces rêves et cauchemars à répétitions qui n’adviennent que la nuit, retranscrivent parfaitement les nuits blanches de l’artiste passées à écrire, dessiner, penser, danser alors que rien ne venait depuis des jours entiers.

    Ainsi, Ariane Mnouchkine et la troupe du Théâtre du Soleil ont rendu au plateau toute la profondeur de cet aspect méta-théâtral du texte écrit par Hélène Cixous en s’appuyant sur le réel de l’artiste, du/de la créateur.ice.

    Cependant, le méta-théâtre existe également dans ce spectacle grâce aux différentes mises en abyme. D’abord, ce spectacle est le résultat d’un voyage en Inde en janvier 2016, lors duquel la troupe a découvert et travaillé le Theru Koothu. C’est un théâtre traditionnel tamoul très ancien et populaire, évoquant les épopées du Mahabharatha et du Ramayan, ce que  nous retrouvons quasiment exactement dans le spectacle du Théâtre du Soleil et dans les rêves de Cornélia. Plus tard Cornélia (nom de la fille préférée du Roi Lear de Shakespeare)  reçoit les visites, oniriques ici encore, de William Shakespeare (Maurice Durozier) ainsi que du médecin et écrivain Anton Tchekhov (Arman Saribekyan), accompagné des trois sœurs Irina, Macha et Olga (personnages de la pièce Les Trois Soeurs d’Anton Tchekhov). Ces apparitions rappellent le nom du directeur de la troupe, Constantin Lear, deux prénoms et noms sortis de pièces des deux dramaturges clés de l’histoire du théâtre. En effet, les figures de Cassandre, Shakespeare, Tchekhov, Gandhi, Chaplin apparaissent en soutien à ses doutes. On peut supposer que Mnouchkine souligne par là l’importance du théâtre dans un monde bouleversé par les conflits (sociaux, politiques, moraux…).

    Mnouchkine, à travers ce spectacle, semble critiquer la difficulté à trouver une thèse à défendre dans le théâtre contemporain. Pourtant, elle fait de ce spectacle ce que l’on pourrait comparer un un « roman fleuve » au théâtre. Il y a de tout, on ne s’y retrouve pas toujours. Raison pour laquelle Shakespeare et autres grands du théâtre viennent en aide à Cornélia à l’intérieur du spectacle.

    L’aspect très présent de la méta-théâtralité dans « Une chambre en Inde » fait, de ce spectacle, un spectacle total par sa faculté à faire vivre le théâtre et ses difficultés au public, au plateau et dans une salle de théâtre.

2) Un théâtre politique

    Cependant, si la méta-théâtralité de cette création est un élément qui participe au spectacle total, nous pouvons ajouter la dimension politique de ce spectacle, sa dimension sociale.

Alors que l’accueil du public se fait en douceur, dans une humanité des plus frappantes, dans une décontraction totale nous invitant à manger, boire des mets indiens, dans une ambiance chaleureuse, alors qu’a lieu une rencontre avec Ariane Mnouchkine, que nous assistons aux échauffements vocaux des comédien.ne.s et que nous les voyons se préparer pour leur aventure… nous voilà rapidement confronté.e.s à un spectacle revendicatif, violent, choquant peut-être, et surtout, à portée politique.

     Les sujets dont rêve Cornélia sont tous des sujets d’ordre social et géo-politiques, objets de lutte dans notre société actuelle. Dans sa chambre, en Inde, lui vient l’envie de mettre au plateau terroristes islamistes de Daesh,  talibans kamikazes, dignitaires saoudiens, adeptes du mariage forcé. Elle réfléchit aussi au travers de thèmes écologiques comme le réchauffement climatique et la pollution industrielle. Ainsi donc, Ariane Mnouchkine se représente elle même à travers Cornélia, elle fait transparaître son envie initiale de monter un spectacle politique à travers son personnage qui veut également faire du théâtre un lieu de revendications.

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