L’émancipation sexuelle des femmes
Thèse : L’émancipation sexuelle des femmes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 42marinestreet • 4 Novembre 2018 • Thèse • 1 900 Mots (8 Pages) • 988 Vues
II. LES COMBATS POUR CHOISIR DE DONNER LA VIE
L'avortement existe depuis toujours mais de manière clandestine. En effet, la loi de 1920 est responsable de la mort de millions de femmes en France jusqu’à la fin du XXème siècle. Et cette loi avait de quoi faire peur à tous : aux femmes qui avortaient ou qui simplement tentaient d'’avorter ; à leurs amies ; à leurs maris qui les aidaient et devenaient des complices ; aux médecins qui risquaient en plus des peines prévues la suspension professionnelle pendant 5 ans au moins ou l’'interdiction absolue. Cette peur entraîne les femmes à avorter dans le silence et en utilisant des moyens clandestins très dangereux. Les plus aisées se rendent à l’Etranger (Angleterre et Pays-Bas) tandis que les plus démunies risquent leur vie en ayant recours à des « faiseuses d'anges» Les méthodes sont variées et incluent l'utilisation de produits chimiques, d'objets perçants ou de plantes. De nombreux risques et complications apparaissaient très régulièrement pouvant entrainer la mort de la femme. On peut donc dire qu’à cette époque les femmes n'avaient pas le choix : soit elles mettaient au monde un enfant non désiré qu'elles éduqueront dans des conditions difficiles, soit elles risquaient leur vie pour obtenir un droit.
En 1942, le régime de Vichy l’avait même élevé au rang de « crime d’Etat » et « contre la race ». La justice de l’époque avait condamné à mort et guillotiné une avorteuse, Marie-Louise Giraud.
- Les mouvements féministes
Le 26 aout 1970, une douzaine de militantes anonymes déposent une gerbe sous l’Arc de Triomphe, à la gloire de la Femme du soldat inconnu. Celles-ci ont manifesté avec des banderoles où il y était inscrit : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme » ou bien « Un homme sur deux est une femme ». Elles sont aussitôt arrêtées par la police, mais dès le lendemain la presse annonce « la naissance du MLF ». « La libération des femmes, année zéro » titrait une revue. Le MLF est ni une organisation ni un parti puisqu’aucun leader n’est toléré. Les militantes féministes rejettent les canons de beauté imposés par le diktat patriarcal, réclament crèches et garderies, demandent à leurs partenaires de partager les tâches domestiques. La révolution sexuelle est passée par là : elles dénoncent viol, inceste et agressions sexuelles, luttent principalement pour l’avortement.
Le 5 avril 1971, une bombe éclate : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simple. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens contraventionnels, nous réclamons l’avortement libre (et gratuit, ajoute certaines) ». Cet appel divulgué dans le Nouvel observateur accompagné des 343 signatures de femmes célèbrent comme les écrivaines Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Françoise Sagnan ou bien les actrices Catherine Deneuve, Françoise Fabia, Marie-France Pisier… Pour la première fois les femmes ont décidé de « lever l’interdit qui pèse sur leur ventre », engendrant un énorme scandale. Elles ne seront pas poursuivies.
L’hebdomadaire satirique Charlie-Hebdo pose la question de la responsabilité masculine : « Qui a engrossé les 343 salopes ? » [pic 1]
Dans la France du président Pompidou, les résistances des catholiques conservateurs sont fortes. Pour s’opposer au « laxisme des mœurs », Geneviève Poullot avec l’aide du généticien Jérôme Lejeune, crée en 1970 la première association spécifiquement anti-avortement Laissez-les vivre ! Le 5 mars 1971, une centaine de femmes du MLF troublent une de leurs réunions se dressant à la Mutualité à Paris, et se heurtent à un service d’ordre musclé.
Les luttes féministes se développent dans la rue et dans les prétoires. Le 20 novembre 1971, à Paris 4000 femmes participent à une marche internationale pour l’abrogation des lois interdisant l’avortement. Leurs slogans traduisent explicitement leur volonté : « Ils ne décideront pas pour nous », « Un enfant, si je veux, quand je veux », « notre corps nous appartient »
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Ensuite en 1972, il y a eu le procès de Bodigny : cinq femmes y furent jugées : une jeune femme mineure, Marie Claire Chevalier, avait avorté après un viol, et quatre femmes majeures, dont sa mère, pour complicité ou pratique de l'avortement. Ce procès fut assuré par Gisèle Halimi, une avocate militante. La forte mobilisation populaire qui en résulte influence l'issue du procès et favorise une prise de conscience de l'opinion publique sur les conditions de détresse des femmes qui souhaitent interrompre une grossesse non choisie. D’ailleurs, un téléfilm français a été réalisé à ce sujet par François Luciani pour une diffusion le 29 mars 2006 sur TSR 1 et RTL-TVi, le 3 avril 2006 sur France 2 et le 27 mai 2009 sur Télé-Québec.
Le 3 février 1973, l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur publiait un manifeste signé par 331 médecins reconnaissant avoir pratiqué un avortement malgré l’interdiction prévue et sanctionné par la loi française.
En 1973, des militants du GIS (Groupe Information Santé), du MLF et du Planning familial forment le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception). C’est un mouvant mixte avec à sa tête l’avocate Monique Antoine voulant que l'avortement soit exercé à la simple demande de la femme et remboursé par la sécurité sociale, en tant qu'acte médical selon la méthode Karman.
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