L’expansion coloniale française au XXème siècle en Afrique
Chronologie : L’expansion coloniale française au XXème siècle en Afrique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rahim Salemkour • 31 Octobre 2018 • Chronologie • 5 206 Mots (21 Pages) • 744 Vues
L’expansion coloniale française au XXème siècle en Afrique
“Certes au temps où la colonisation était la seule voie qui permit de pénétrer des peuples repliés dans leur sommeil, nous fûmes des colonisateurs, et parfois impérieux et rudes. Mais au total, ce que nous avons, en tant que tels, accompli laisse un solde largement positif aux nations où nous l'avons fait.” Voici ce que disait Charles de Gaulle dans son livre Charles de Gaulle vous parle. Il s’agira donc, à travers notre développement de démontrer si ce qu’il disait était vrai et si la colonisation française a bel et bien été rentable pour les colonisés mais également pour les colonisateurs.
Il faut savoir que la colonisation a eu plusieurs buts dont résultent deux types de colonisations: la colonie de peuplement, avec l’Algérie et la colonie-comptoir, avec la Côte d’Ivoire.
Une colonie est un territoire occupé et administré par une nation en dehors de ses frontières, et demeurant attaché à la métropole par des liens politiques et économiques étroits. Cette colonie est dépendante du pays gouvernant. Une colonie-comptoir est une colonie qui a pour but d'exploiter les ressources naturelles des territoires colonisés afin d’y effectuer du commerce. Elle s’oppose à une colonie de peuplement: colonie vers laquelle sa métropole envoie des personnes, hommes, femmes et enfants, afin d'établir une présence pérenne et autonome et d'y bâtir une société.
Nous verrons à travers notre développement si la colonisation de peuplement et la colonie-comptoir ont été profitables ou non pour les colonisateurs et inversement, pour les colonisés en suivant ce plan :
Dans un premier temps, nous verrons s’il y a eu profitabilité d’un point de vue économique, social et enfin culturel que ce soit du côté de la colonisation en Algérie ou du côté de la Côte d’Ivoire.
[pic 1]
I.La rentabilité du point de vue économique
A-Le cas de l’Algérie face à la France
- La situation économique de l’Algérie face à la France
La régence d'Alger, dont le territoire correspond à la partie non saharienne de l'Algérie actuelle, est théoriquement une dépendance de l'Empire ottoman, en fait totalement autonome. Elle est dirigée par le dey d'Alger, vassal du sultan de l'Empire ottoman.
Le territoire de la régence est réparti entre le « territoire du sultan » (Alger, le Sahel et la Mitidja) et trois beyliks, dont les responsables, les beys, sont des vassaux du dey : les beyliks du Titteri (chef-lieu : Médéa), d'Oran et de Constantine.
La régence est en déclin depuis le début des guerres napoléoniennes qui limitent le commerce en Méditerranée. De 1802 à 1821, le pays est en proie à la violente dissidence des tribus de l'arrière-pays et à la rébellion de certaines populations qui affichent ouvertement leur désir de se débarrasser de la Régence avec la révolte de Belahrach. Sur le plan militaire, la flotte d'Alger était dépassée et ne pouvait plus tenir tête aux marines des pays européens ; à partir de 1815, les flottes britanniques et françaises dominent la Méditerranée. Cependant, Alger résiste une dernière fois à un bombardement britannique mené par Lord Exmouth en 1816. Quant à la traite des esclaves, avec le déclin de la course (corso), la chute est fulgurante : 2 000 esclaves à la fin du XVIIIe siècle, 400 en 1830.
Les revenus du dey d'Alger baissent et se retrouvent gravement compromis. Pour compenser la perte des revenus maritimes et du commerce, celui-ci accroît la pression fiscale, mal supportée par la paysannerie.
Pour échapper au pouvoir central, une partie de la population (celle des hauts-plateaux) se nomadise. Une autre partie (les montagnards) déclare la guerre au pouvoir. La production de blé algérien se heurte au monopole de spéculateurs peu scrupuleux et à la concurrence de l'Europe de l'Est, et la chute de l'Empire français a privé la régence d'Alger d'un grand importateur.
La crise sociale déclenche une crise politique, le dey d'Alger semble contesté par les beys. L'implosion intérieure est effective dans les années 1820.
« Jamais ailleurs qu’en Algérie, le régime républicain n’avait poussé aussi loin la confusion entre les mots du droit et les choses du vécu et vidé de leur contenu les termes mêmes de nationalité et d’égalité ». Les conditions ainsi créées ont fait que « les colons se taillèrent la part du lion de la surface agricole utile (SAU) du pays, appauvrissant encore plus les Algériens, comme le constate Aït Amara, H ; « (…) Nous savons que la majorité, constituée de petits paysans et d’ouvriers agricoles misérables soumis à des disettes fréquentes, vivait dans un extrême dénuement ». A la célébration du centenaire de la colonisation en 1930, « 34000 propriétaires européens possédaient 2,3 millions d’hectares - une moyenne de 67 hectares par propriétaire européen contre 5,5 pour les musulmans ». La déstructuration de la base économique traditionnelle solidaire tribale et l’introduction du marché, inconnu jusqu’ici, poussent inexorablement les Algériens à la déchéance, la famine et les épidémies. C’est ce que révèlent ces extraits de rapports officiels français : « Avant la conquête française, il n’y avait pas en Algérie de commerce intérieur ; les indigènes, n’ayant pas de débouchés pour leurs grains, en faisaient de grandes réserves dans les silos, et pouvaient ainsi braver les effets des mauvaises récoltes. (…) Aujourd’hui, trouvant à vendre ses produits aux Européens, l’Arabe fait argent de tout ; mais cet argent ne fait que passer par ses mains. Le fisc en absorbe une certaine partie, le reste va remplir les poches des chefs indigènes ou de leurs agents. (…) Vienne une année de sécheresse, et malheureusement elles ne sont pas rares, le produit de la terre est presque nul, et les pauvres khammès, réduits à une misère indicible, sont décimés par les épidémies et la famine ». Le henchir qui est né de cette époque, restera une réalité algérienne jusqu’à l’indépendance.
...