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Retour ou non des classes sociales

Dissertation : Retour ou non des classes sociales. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Février 2019  •  Dissertation  •  2 774 Mots (12 Pages)  •  667 Vues

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Chiara VAN DER PUTTEN
L3 Sociologie

PREPA SOCIOLOGIE

Dissertation : Peut-on encore parler de classes sociales aujourd’hui ?

« L’intérêt de classe, les rapports de classes (…) tient fortement ensemble et fait marcher en commun les esprits les plus dissemblables. On est avant tout de sa classe avant d’être de son opinion ». Cette citation n’est pas de Karl Marx. Les classes sociales ne sont pas un vocabulaire essentiellement marxiste. C’est Alexis de Tocqueville dans L’Ancien Régime et la Révolution (1856) qui le prône. Cette notion a été largement utilisée par les sociologues pour désigner les groupes sociaux ayant une position économique, un statut social et des intérêts identiques. Ce constat n’est pas discutable dans les généralités qu’il prétend : toutes les sociétés sont composées de groupes distincts en fonction des revenus, du pouvoir, du statut ou du prestige. Karl Marx et son analyse sont le cœur de la question de la stratification sociale et de la notion de classe sociale. C’est à partir de son analyse que vont découler les autres théories de classe. Il propose une analyse réaliste dans le sens où les classes sociales sont des groupes sociaux qui existent objectivement. Un groupe social est un groupe d’individus en interaction et qui se définissent eux-mêmes comme membre du groupe. On distingue traditionnellement le groupe d’appartenance et le groupe de référence. En effet, les individus appartiennent à une classe en fonction de leur place dans le système de production. Chez Marx, ce sont les rapports de production qui définissent l’appartenance à une classe. Dans le système de production capitaliste dans lequel Marx fonde sa théorie, il identifie deux classes : les prolétaires qui ne disposent que de leur force de travail et les capitalistes qui détiennent le capital et donc, les moyens de production. Il distingue la classe en soi et la classe pour soi. La première définit un ensemble d’individus qui ont en commun les mêmes conditions de travail et le même statut. La seconde est une classe qui a pris conscience de ses intérêts communs et qui s’organise pour les faire valoir (syndicats, partis). C’est cette dernière que Marx considère comme la classe sociale par excellence. Ils se forgent une identité. C’est ainsi que toute classe devient une classe sociale : en défendant ses intérêts communs. Aujourd’hui pourtant, la notion devient complexe lorsque l’on essaie de la détailler. Existe-t-il toujours une classe ouvrière ? Qui sont les classes moyennes ? Que reste-t-il de la classe dirigeante ?

Les acteurs arrivent-ils encore aujourd’hui à se rassembler pour faire valoir leurs intérêts communs ? La moyennisation de la société est-elle définitive ou la classe pour soi chez Marx réapparait-elle aujourd’hui ?

Dans un premier temps, nous allons voir que l’égalisation des conditions est à l’origine de la moyennisation de la société et donc du brouillage des classes sociales. Puis dans une seconde partie, nous observerons que les classes sociales sont toujours présentes aujourd’hui.

  1. L’EGALISATION DES CONDITIONS EST À L’ORIGINE DE LA MOYENNISATION DE LA SOCIETE ET DONC À UN BROUILLAGE DES CLASSES SOCIALES
  1. L’EGALISATION DES CONDITIONS EST LA FIN ANNONCEE DES CLASSES SOCIALES

Alexis de Tocqueville est issu d’une famille noble. Il est envoyé aux États-Unis afin de faire un rapport sur les pénitentiaires. Ils voient aux USA que les relations sociales sont différentes et plus égalitaires qu’en France du fait de la démocratie. Il y a une soif d’égalité chez les individus. Dans cet été social démocratique, les relations d’oppression ne sont pas tolérées et c’est l’égalité de droit politique ainsi que l’égalité sociale qui prône. Lorsque l’égalité est présente, les inégalités sont d’autant plus remarquables, d’autant plus mal vécues. Tocqueville ne pense pas que la société se bipolarise comme Marx, il pense qu’elle se moyennise. En effet, en démocratie, l’égalisation des conditions est continue. En vertu du principe d’égalité, les individus combattent les inégalités. Alexis de Tocqueville parle de frustration relative lorsque les individus sont confrontés à des inégalités, aussi fines soient-elles car l’égalité appelle à toujours plus d’égalités. On peut d’ailleurs prendre un exemple concret aujourd’hui pour expliquer cette frustration relative. Depuis des décennies, la France accorde la nationalité française en vertu du droit de sang et du droit du sol. Lorsque l’on nait sur le sol français ou que l’on nait de parents français, alors on est français. Mais ce n’est pas le seul moyen de devenir français. Si un étranger arrive en France et qu’il y réside durant cinq ans, alors il a le droit de faire une demande de nationalité afin de devenir à son tour, français. Pourtant, actuellement, la question de l’immigration est complexe en France. Emmanuel Macron devient un peu plus restrictif ainsi que d’autres dirigeants de pays. N’est-ce pas là une inégalité que de restreindre le droit d’immigration sur le sol français ? Beaucoup de français s’insurgent de ces nouvelles restrictions : le durcissement de la naturalisation et la possible suppression du droit du sol deviennent donc des nouvelles inégalités alors que durant des années, nous avons autorisé l’immigration pour seul but de les faire travailler dans notre pays à moindre coût. Cette recréation d’inégalité, ce durcissement n’annonce rien de bon en terme d’égalité des individus.         
Ce sont ces inégalités plus fines, qui recréées aujourd’hui une forme de différence. Mais il y a aussi tout un panel d’inégalités visibles, physiques qui persistent : la différence des styles vestimentaires très marquée dénote socialement. Cela fait apparaitre le milieu social d’origine. Il n’est plus toléré de montrer, de pointer du doigt des différences trop marquées, mais il est considéré comme normal de créé des petites différences. Celles-ci sont perceptibles dans la connivence des classes. En démocratie, on doit respecter une égalité de façade pour que la recréation d’inégalités plus fines soit acceptée. Ces inégalités sont faites de façon à ce que l’on ne se rassemble pas pour les défendre. Les individus les ont intériorisées. L’héritage ouvrier, la classe sociale par excellence, a donc moins d’importance.

  1. LA TRANSMISSION DE L’HERITAGE OUVRIER EST EN CRISE

L’héritage ouvrier est en perdition. Les enfants d’ouvriers souhaitent se débarrasser de cet héritage vu comme une stigmatisation, un handicape social. Aujourd’hui, la classe ouvrière n’est plus aussi présente qu’autrefois. Il y a 90% de salariés en France et seulement 1/3 de ce pourcentage sont des ouvriers. La culture ouvrière ainsi que les métiers d’ouvriers ne se transmettent plus de génération en génération comme l’agriculture. Les industries sont moins présentes sur le sol français du fait des délocalisations. Il y a donc eu un changement de profession. Beaucoup ont dû avec l’entrée dans la société de consommation qu’à introduit la mondialisation, devenir des salariés. La mondialisation a permis de développer le secteur tertiaire. On a donc eu besoin de plus d’emplois tertiaires et moins d’ouvriers. La classe ouvrière n’a donc plus de réelle existence ni de moyen de se mobiliser car leur poids politiques est affaiblit. Les ouvriers sont moins nombreux mais le symbole qu’ils étaient tend à disparaitre. L’entrée dans la société de consommation en fait des consommateurs comme les autres classes. Leur salaire augmente plus vite ce qui fait augmenter leur pouvoir d’achat. Le travail ouvrier est devenu un moyen de consommation. Plus ils travaillent, plus leur pouvoir d’achat croit. C’est la figure de l’ouvrier de l’abondance de Goldthorpe : il y a une instrumentalisation du travail. De plus, il ne se bat plus pour ses droits, car on les lui donne. Depuis plusieurs années, le droit de travail est respecté, il n’y a donc plus de raison de se réunir. Les enfants d’ouvriers veulent se départir de cet héritage culturel. Du fait de la démocratisation de l’école, 60% des ouvriers ont le BAC et renient leur origine sociale. Ils se convertissent aux études longues. La classe ouvrière compte de moins en moins d’autant que les pratiques culturelles deviennent éclectiques.

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