Mutation de la société française

Kimberley Kouakou

ISPEF

Méthodologie / Créneau 4

Fiche de lecture d’une monographie

Stéphane BEAUD est un sociologue, conférencier dans cette spécialité à l’université de Nantes. Il est aussi chercheur au CNRS (centre national de la recherche scientifique) et chercheur associé au laboratoire de sciences sociales de l’école normale supérieure. Enfin, il est membre du comité de rédaction de la revue « Genèse, Sciences sociales et Histoire ». Il s’approprie de nombreux thèmes de recherche qui gravitent autour du monde ouvrier , des différents aspects de la scolarité , et de la manière dont s’inscrit la scolarisation dans notre société en générale. Nous présenterons ici brièvement son livre :

Son livre “80% au bac ...et après ?” montre une enquête de 10 ans à Granvelle, quartier ouvrier de la ville de Gercourt, près de Montbéliard,  enquête émanant du questionnement provoqué par le slogan lancé en 1985 comme objectif à l’éducation nationale d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat, projet inscrit en 1989 dans les textes de la loi d’orientation du ministère de l’éducation de l’époque ,dans un contexte de fort chômage. Le but étant de permettre à toutes les classes sociales d’accéder à la  scolarisation. Dans ce contexte est née une aspiration des classes ouvrières à un emploi “qualifié” pour leurs enfants, une  promesse de scolarisation  qui donnera de l’espoir à toute une génération de jeunes, alors même que les conditions de travail et les salaires de leurs parents se détérioraient .

S.Beaud nous propose donc dans ce livre une enquête sociologique sur les  « enfants de la démocratisation scolaire » : ces  jeunes bacheliers qui se sont lancés avec un « bac obtenu de justesse » dans les études secondaires,qui croyaient à  l’ascenseur social et qui ont malheureusement rapidement déchantés ; de ce fait  il basera également son étude sur le lien étroit entre l’appartenance au milieu social et la scolarisation des jeunes qu’il suivra entre 1990 et 2000 sur le terrain , avec différentes  méthodes (entretiens approfondis, questionnaires,observations, immersion …). Cette enquête étendue dans le  temps permet d’apporter une réelle compréhension ainsi qu’une cohérence globale par rapport aux parcours des jeunes étudiants suivi.

Cette enquête est présentée en trois grandes parties suivant un ordre chronologique:

Dans un premier temps, le sociologue va s’intéresser au cycle secondaire : le  collège,espace familier d’encadrement  où tous se connaissent et où règne un climat de relative détente (au détriment du travail ), puisqu’il regroupe surtout des enfants d’immigrés de classes populaires en difficultés scolaires (les familles françaises du bourg et des lotissements ont soit fui le collège pour le privé soit privilégié les classes à option), parce que les comportements « a-scolaires » ou « déviants » sont fréquents (chahut, bavardage, triche) parce que les enseignants sont souvent de jeunes profs en début de carrière et/ou ne restant pas longtemps , et où par conséquent le niveau scolaire est et demeure « moyen » si ce n’est faible (les résultats aux BEPC et aux tests d’évaluation nationaux sont des plus mauvais de la région) et où ils ont été souvent « surnotés » (les enseignants les ont laissés passés en 2nd incité par la politique des 80 % au bac) ,mais où malgré tout ils se sentent « bien » notamment grâce à une homogénéité sociale forte .

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