Les actions collectives
Analyse sectorielle : Les actions collectives. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alexpeno • 8 Octobre 2022 • Analyse sectorielle • 924 Mots (4 Pages) • 255 Vues
Les actions collectives: des conflits du travail aux revendications post-matérialistes
Alors que d’importants mouvements de protestations sillonnent la France au lendemain des résultats du 1er tour de l'élection présidentielle, il serait intéressant de se pencher sur l’histoire de l’action collective et de son évolution au cours de ces trente dernières années.
Ainsi l'action collective, qui se définit comme une action commune et concentrée des membres d’un groupe en vue d’atteindre des objectifs communs, est un mode d’engagement politique qui s’est dans un premier lieu majoritairement inscrit dans les conflits du travail. En effet tout au long du 19ème et d’une grande partie du 20_s, ces conflits ont pris une importance telle qu’ils incarnent plus que tout autre l’action collective, et ce au travers une modalité d’action en particulier: la grève. Toutefois, aujourd’hui si l’on se penche sur les statistiques nous remarquons que nous faisons face à une forte diminution du taux de grève (mesuré par les JINT). En effet, d'après les sources du ministère du Travail, sur l’ensemble des salariés de plus de 15 ans en France métropolitaine le nombre de journées individuelles non travaillées est passé de 4100 en 1975 à seulement une centaine en 2016. Ces chiffres nous laissent donc comprendre qu’il y aurait une nette baisse de la conflictualité dans le monde du travail. Mais comment expliquer cela ?
L’une des explications repose sur le taux de syndicalisation qui est fortement lié à l'ampleur des mouvements de grève vu que les syndicats, étant des acteurs du dialogue social ont le pouvoir d’organiser ou d’impulser ce genre de mouvement pour aboutir à des négociations avec les entreprises voire même avec l’Etat. Or ce que l’on remarque c’est que le taux de syndicalisation a, tout comme les JINT, lui aussi fortement diminué depuis 1975 passant de 20% à 11% en 2016. Nous assistons donc à une crise du syndicalisme qui peut être liée à la désindustrialisation, à la tertiarisation des secteurs d'activité et au développement de formes d’emploi particulières qui font baisser le nombre de syndiqués dans la population active.
D’autres expliquent également la diminution du taux de chômage par une peur du chômage et une montée de l’individualisme notamment chez les jeunes.
Le constat général est donc qu’il semblerait que les conflits du travail aient fortements diminués depuis les 30 dernières années
Toutefois, ces analyses restent à nuancer et bien que les conflictualités liées au monde du travail ont diminué il ne faut pas penser qu’elles sont en voie de disparition, étant donné que les mouvements de grève ne sont qu'une des modalités d’action collective possibles, or aujourd’hui beaucoup ont recours à d'autres formes de protestations qui de surcroît n’ont pas pour cadre unique le monde du travail.
Depuis les années 60-70 se sont donc développés de nouveaux mouvements sociaux qui entretiennent un rapport bien plus distant à la sphère du travail voire qui portent sur des thématiques tout à fait différentes, comme le féminisme ou l'écologie. Ces mouvements reposeraient donc plus, comme l'analyse Inglehart sur des revendications “post-matérialistes”. Cela viendrait du fait que dans les sociétés occidentales, la satisfaction des besoins matériels de base pour l’essentiel de la population ait déplacé les revendications vers des aspects plus qualitatifs comme l'identité et la qualité de vie. Les conflits porteraient donc moins sur la répartition des ressources, les revenus, les salaires.
Néanmoins, là encore, certains aspects restent aussi à nuancer. D’une part la cassure binaire de l'étude de l’action collective en mouvement "matérialistes" et "post-matérialistes” est quelque peu simpliste dans la mesure où les anciens mouvements dits matérialistes ont toujours relevé d’une dimension morale qui touche à l'identité: la lutte contre les inégalités de genre à travers le revalorisations salariales. D’autre part, un autre aspect est à nuancer: ladite "nouveauté" de ces revendications. Si nous prenons le mouvement feministe américain, celui-ci n’est pas né dans les années 1960, il s’agirait plutôt d'une réactivation de revendications antérieures mises en sommeil lors des deux guerres mondiales dans un contexte de fermeture des opportunités politiques.
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