Le monde privé des ouvriers, Olivier Schwartz
Fiche de lecture : Le monde privé des ouvriers, Olivier Schwartz. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar StarlyteGG • 24 Novembre 2022 • Fiche de lecture • 1 158 Mots (5 Pages) • 405 Vues
Le monde privé des ouvriers, Olivier Schwartz, 1990
La classe ouvrière a toujours été un objet d’étude de la sociologie depuis ses débuts. Si la plupart des travaux en sociologie ont privilégié une approche macrosociologique de la classe ouvrière, Olivier Schwartz privilégie plutôt une approche microsociologique en se focalisant sur la vie privée des ouvriers, du nord de la France.
L’auteur a privilégié une approche ethnographique basée sur la pratique de l'observation participante. Ainsi entre 1980 et 1985, Olivier Schwartz a choisi de vivre dans une cité ouvrière dans le Nord de la France. Il a ainsi rencontré et interviewé un échantillon de 90 personnes qui étaient ses voisins ou des personnes qu’il a côtoyé dans le cadre d'associations locales. Cette enquête a lieu dans un contexte très particulier, celui de la fermeture progressive des usines et des mines contribuant à l'accélération du déclin de la classe ouvrière.
Aussi, tout l’enjeu de ce texte est de montrer comment les individus ont continué de construire leur identité ouvrière, beaucoup basée autrefois sur le travail, alors qu’il n’y a plus de travail; en insistant notamment sur le rôle du foyer, de la famille. L’auteur met particulièrement l’accent dans ce texte sur la division sexuelle du travail dans ces familles.
I-Une identité ouvrière fragilisée par la fin de la mine
A-Le monde privé des ouvriers à l’épreuve du chômage
La cité ouvrière dont il est question ici est entourée de mines à l’abandon. La grande majorité des ouvriers que l’auteur interview ne travaillent plus. Le chômage a privé de plus en plus d’ouvriers non seulement d’une activité et d’un salaire mais également de leur statut de chef de famille qui pourvoit aux besoins du foyer. Cette absence de travail qui exclut une part croissante des individus contribue de la formation d’une identité négative, d’une identité par défaut; celle des chômeurs. Dans son ouvrage, Les chômeurs de Marienthal, le sociologue Paul Lazarsfeld (1931), met en évidence les effets destructeurs du chômage sur l’identité des individus, créant un sentiment de délaissement, de désespoir voir d’absurdité que vont ressentir ces hommes soudant privé de leur emploi et de leur activité principal. Dans la même logique, la sociologue Dominique Schnapper montre que ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui vivent le plus difficilement le chômage à cause de leur faible niveau culturel ils ont moins les moyens de se construire une identité par substitution. Encore plus récemment, les sociologues Stéphane Beaud et Michel Pialoux dans leur ouvrage Retour sur la condition ouvrière (1999) montrent qu'en dehors de la mine ou de l’usine il n’y a plus rien. Même les activités de loisirs et les différentes relations amicales se construisent autour du travail et autour d’instances de socialisation comme les jeunesse communistes, la jeunesse ouvrière chrétienne, les loisirs de comité d’entreprises etc.
B-Le foyer, une identité par défaut
Pour Schwartz, la disparition progressive des emplois ouvriers n’a pas entraîné la disparition de la culture ouvrière pour autant. Il relève dans son ouvrage une solidarité encore très présente, un sentiment d’appartenance à la classe ouvrière encore très fort, le lieu de résidence, les corons, entretiennent ce sentiment d’appartenance à la classe ouvrière. Dans le foyer, l’habitude, les pratiques sont les mêmes. Même au chômage l’ouvrier dispose toujours de son “espace privé masculin” qui lui servira de refuge, d’espace protecteur. Les différentes activités comme la pêche ou le bricolage dans le texte même quand il y avait du travail permettait à l’ouvrier d’échapper à ses conditions de travail ou à ses obligations familiales. Sans emploi, ces activités ont désormais une fonction réparatrice pour l’ouvrier qui en s’isolant n’est plus exposé au jugement des autres. La perte d'emploi, comme l’explique l’auteur, affecte paradoxalement moins les femmes. Celles-ci étant protégées par leur statut de mère qu’elles ont assez tôt. Pour ces femmes de milieux modestes le rôle maternelle fait office de véritable destin social, leur offrant un accomplissement de soi et un statut qui compense largement l'absence d’emploi.
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