La reconstruction des liens sociaux

Reconstruction du lien social : La recherche de nouveau liens sociaux

                  Je risque de commencer par un postulat évident mais nécessaire : nous vivons en groupe et ce au sein même d’une société façon tout à fait naturelle. Mais comment expliquer cette cohésion qui existe entre les individus composent cette dernière ? Il s’agit ici de toute la question du lien social. Je propose donc de commencer par définir cette notion de lien social que nous utiliserons à de nombreuses reprises tout au long de cet exposé.

Il s’agit ni plus ni moins que de l’ensemble des relations qui relient les individus entre eux au sein d’une même société ou d’un même groupe social. Cette idée de groupe social traduit un regroupement d'individus, interagissant et partageant un certain nombre de normes et valeurs, tout en étant conscient de former un groupe. Pour revenir sur la définition du lien social et un peu mieux saisir cette notion, il faut savoir qu’il peut être rattaché aux concepts de cohésion sociale ou encore de solidarité.

Il va aussi falloir comprendre qu’il existe des liens sociaux de nature différente:

- de filiation : dans la famille, ses parents, ses enfants

- de participation élective : liens que l’on choisit comme les amis ou le conjoint

- de participation organique : liens que l’on subit du fait de vivre en société, ses voisins, ses collègues de travail

- de citoyenneté : avec des inconnu membres d’une même nation

Mais voilà, il se trouve que la société évolue et cela pousse les liens sociaux à se transformer afin de continuer à assurer leurs deux fonctions essentielles :

- D’une part de la protection, en effet les individus peuvent compter sur leurs connaissances pour les aider à faire face à des aléas de la vie : très concrètement retourner chez ses parents une fois émancipé si notre domicile a brûlé, on parle dans ce cas précis de solidarité intergénérationnelle.

- D’autre part, il existe une dimension de reconnaissance. Là où l’on pouvait parler de « compter sur » avec la protection, il s’agirait ici de « compter pour ». Compter pour sa famille, compter pour ses proches, compter pour la société et cette reconnaissance au travers du regard des autres est nécessaire à l’individu pour se sentir exister et valorisé.

On comprend donc ici à quel point le maintien des liens sociaux est essentiel face aux mutations de la société car, comme l’a étudié le sociologue français Serge Paugam, leurs affaiblissements peuvent engendrer la désaffiliation des individus, en d’autres termes leur exclusion sociale et marginalisation. Les individus ne restent pas passifs et tentent de reconstruire du lien via de nouvelles instances de socialisation. D’après l’Insee, une personne consacre mine de rien, en France un temps de 12 minutes par jour à sociabiliser. Nous verrons donc pour illustrer ce phénomène de reconstruction du lien social comment cela peut se faire par les réseaux sociaux ainsi que par les universités populaires et enfin par les associations.

 I/ Les réseaux sociaux 

                  La sociabilité désigne la capacité à former du lien social et a beaucoup évolué avec l’apparition des nouvelles technologies. Ainsi Internet et les réseaux sociaux sont devenus des moyens de maintenir les liens sociaux mais aussi d’en créer de nouveaux. Ils sont des alternatives qui se développent en réponse à certaines crises que connais notre société et qui menace chaque type de lien social tel que l’individualisation, pour les lien de participation élective, l’épreuve du chômage, pour les liens de participation organique ou encore le délitement, pour les liens de citoyenneté.

Les réseaux sociaux apportent une réponse à la menace du lien de participation élective.

Il arrive d’entendre que notre société est de plus en plus touchée par le phénomène de l’individualisation que certains perçoivent comme une menace de la cohésion social mais qu’est-ce et qu’en est-il réellement ? Il s’agit du processus d’émancipation d’un individu de ses diverses tutelles pour choisir librement son style de vie et agir conformément à ses convictions. Ce phénomène est renforcé depuis les années 1981 mais encore plus nettement depuis 2008 par la libéralisation des mœurs, qui correspond à l’accroissement de la tolérance morale sur de nombreux sujet. Elle a en partie, permis de faire évoluer des débats comme le mariage pour tous, l’euthanasie ou encore l’acceptation du divorce. Ainsi, les Français ont plein contrôle sur la vie qu’ils entendent mener car la société accepte de nouvelles normes et de nouveaux comportements qui sont jugés comme étant plus tolérables. Les citoyens ne sont plus soumis à une pression du groupe qui était dans les sociétés traditionnelles chargée de maintenir la cohésion sociale en réprimant tout comportements déviants. Et en parallèle, la conscience collective diminue, tous les individus ne pensent plus forcément de la même façon et acquièrent leurs propres normes et valeurs.

                  Des sociologues tels qu’Emile Durkheim, considéré comme père de la sociologie moderne, se sont donc demandé au XIX, au sortit de la révolution industrielle, comment était-il possible que dans nos sociétés modernes où les individus semblent plus autonomes et indépendants les uns des autres, le lien social se maintienne ? Et bien en fait, l'individualisme ne détruit pas le lien social mais le transforme. Les gens vont, maintenant qu’ils en ont les moyens, favoriser les liens dit de participation élective, ceux choisis, à ceux de filiations ou de participation organique, subit dû au fait de vivre en société. Si je ne vous ai pas perdu, l’individualisme est compensé par la création de nouvelles relations et cela se fait notamment grâce à des alternatives aux instances de socialisation classique, j’entends ici les réseaux sociaux. Pour la petite anecdote historique on considère que le premier réseau social date de 1995 avec la création de Classmate.com, un an après l’ouverture d’internet au monde en 1994.

                  Lorsque l’on pense création de liens sociaux à l’aide des réseaux sociaux la première chose qui vient à l’esprit est bien sur la rencontre de nouvelle personne sur des applications. Il s’agit de l’usage que nous pouvons en avoir au quotidien et qui participe à notre socialisation. Ces rencontres peuvent être d’ordre amicales et amoureuses… dans tous les cas les réseaux sociaux sont ici un moyen de création de liens de participation élective puisqu'on choisit les personnes que l’on rencontre.

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