Il n'est de richesses que d'hommes, Jean Bodin
Dissertation : Il n'est de richesses que d'hommes, Jean Bodin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lisaagirard • 30 Janvier 2022 • Dissertation • 2 171 Mots (9 Pages) • 3 557 Vues
Dissertation : « il n'est de richesse que d'hommes », Jean Bodin
Lorsque Jean Bodin évoque ce fait, l'auteur parle dans un contexte mercantiliste. En effet, selon cette doctrine, la prospérité de la nation au XVIè jusqu'au XVIIIè reposait sur l'accumulation des réserves en or et argent, les métaux précieux constituant la richesse essentielle des états. J.Bodin était donc un auteur mercantiliste et considérait que la richesse du royaume se mesurait au nombre de ses hommes. Car il vivait au temps d'une économie surtout agricole, dans laquelle les innovations étaient peu importantes, le principal facteur de production étant donc le travail, un travail notamment agricole où le nombre d'artisans devaient être importants pour assurer une production quantitative. Le travail comme facteur de production et la possession de métaux précieux étaient donc les seuls moyens de création de richesses. En revanche, J.Bodin raisonnait ainsi au XVI et aujourd'hui, nous pouvons voir que d'autres facteurs sont à l'origine de création de richesses, en particulier grâce aux dernières révolutions industrielles. Pourtant, nous vivons aujourd'hui à l'ère d'une croissance démographique forte, où la population mondiale n'a jamais été si élevée, alors que le concept de croissance économique n'a plus vraiment de sens et la stagnation séculaire se retrouve de plus en plus dans les débats, posant alors la question de savoir si la citation de J.Bodin est toujours valable et valait encore lors des derniers siècles ou décennies ?
Dans une première partie, nous verrons qu'effectivement, les hommes ont été et sont toujours créateurs de richesses ; toutefois, ne pouvons-nous pas souligner le fait que cette citation n'a plus de sens aujourd'hui et qu'au contraire, plus les hommes sont nombreux, moins il y a de richesses ?
- Les hommes sont effectivement facteurs de richesses.
Pour générer de la croissance économique, on peut augmenter le volume de facteurs de production utilisés, la croissance est dite extensive : la croissance nécessite un effort d'investissement en capital ou une augmentation de la population active. Déjà chez les classiques et notamment Smith, ce processus apparaissait. On peut également combiner ces facteurs de production plus efficacement, on parle alors de croissance intensive fondée principalement sur des gains de productivité. La croissance repose donc sur le progrès technique, qui désigne l'amélioration des connaissances permettant de mieux tirer parti des ressources utilisées pour produire, soit la capacité à produire davantage avec une quantité de facteurs de production donnée. La fonction de Cobb-Douglas met en avant ce phénomène : si la production augmente, c'est uniquement parce que l'on associe une plus grande quantité de facteurs de production. De plus, si la croissance observée est supérieure à la croissante prédite par Cobb-Douglas, cela signifie qu'une part inexpliquée de la croissance est due à une amélioration de l'efficacité du processus productif, cette composante étant appelée résidu de Solow. Également, l'homme a développé des machines qui ont permis d'augmenter la productivité et donc la croissance avec les gains de productivité réalisés. L'augmentation en volume du stock de capital, via l'investissement, joue d'ailleurs même un rôle plus important que l'augmentation du volume du travail. Le capital, physique ou technique, correspond aux ressources utilisées pour produire. Pour augmenter la croissance, il faut donc investir en stock de capital pour produire plus ; cet investissement intègre de nouveaux procédés et de nouvelles techniques qui rendent le capital plus performant. Historiquement, les innovations ont donc joué un grand rôle : innovations de produits (textile, chemin de fer), de procédés (machine à vapeur), et des changements dans les méthodes d'organisation des E.
La richesse peut provenir également de l'homme par des facteurs endogènes. Le terme endogène signifie que la croissance peut s'expliquer par les décisions des agents économiques eux-mêmes. Les théoriciens de cette croissance endogène pensent que certains facteurs particuliers comme la technologie, le capital humain, les dépenses d'infrastructures génèrent des rendements croissants ou des externalités positives, permettant une croissance soutenue et sans cesse renouvelée. Paul Romer en 1986, premier théoricien de cette croissance, dira que les facteurs ne perdent pas leur efficacité au cours du temps car il y a développement du savoir faire de la main d'oeuvre qui transmet ses connaissances aux futurs ou aux autres entreprises : ces connaissances génèrent donc des externalités positives. En 1990, ce même auteur précise comment la technologie agit sur la croissance, en montrant qu'elle est produite par un secteur de la recherche et développement. Cette activité de recherche dépend du capital humain et du stock de connaissances cumulées dans les périodes antérieures. Cette idée que le capital humain est facteur de croissance est soutenue par Robert Lucas, le capital humain se traduisant comme un stock de connaissances, de savoir-faire et de compétences que les individus vont utiliser dans le système économique. Comme Lucas l'indique, le capital humain est un facteur dont l'efficacité est cumulative, ce qui est source de rendements croissants. Quant à Robert Barro, il montre qu'il existe un niveau de dépenses publiques optimal. Si une hausse de certaines dépenses publiques (d'infrastructures comme les hôpitaux, les routes, les bibliothèques) génère des externalités positives sur l'efficacité du capital privé, la hausse des impôts exerce toutefois un effet dés-incitatif sur la production du capital privé, la fiscalité pouvant freiner l'investissement. Selon P.Aghion et P.Howitt, l'innovation améliore la productivité, elle est issue de la R&D et crée des rentes de monopoles ; l'état doit agir pour dynamiser ce processus de destruction créatrice en protégeant l'innovation mais également en la suscitant pour accélérer le renouvellement des innovations.
Les facteurs institutionnels ont pris une part grandissante dans les explications de la croissance depuis plus de vingt ans. En effet, comme le souligne Douglass North, les institutions (qu'il définit comme des contraintes formelles ou non établies par les hommes qui structurent les interactions humaines) d'une société sont les règles du jeu qui structurent les échanges économiques, elles jouent un rôle déterminant dans la croissance, en favorisant ou en freinant le progrès technique. Le développement d'institutions favorables aux innovations, comme des droits de propriété, génère des incitations favorables au développement économique. Le cas récent de la Chine montre le rôle important des institutions dans la croissance. Les études récentes sur l'impact des nouvelles technologies notamment sur la croissance montre le rôle stratégique des investissements publics et privés dans la production de technologies et dans les efforts en matière de recherche et développement, ainsi que dans le domaine de la formation dans l'enseignement supérieur (croissance endogène).
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