Brouillage des frontières entre les classes sociales

BROUILLAGE DES FRONTIERES ENTRE LES CLASSES SOCIALES

INTRODUCTION :

Accroche :

Les transformations de la structure sociale contemporaine obligent les sociologues à revoir les théoriques développés dans le passé, en particulier les analyses en termes de classes sociales.

On appelle classe sociale un groupe social dont les membres partagent un certain nombre de caractères sociaux (valeurs communes, mode de vie, conscience collective…). Des sociologues tels que Marx ou Weber ont théorisé les classes sociales. Cependant avec la modernisation de la société on évoque un brouillage des frontières entre classes sociales. On considère donc que les analyses du passé sont aujourd’hui moins pertinentes.

Problématique :

Il est donc intéressant de se demander ; dans quelles mesures peut-on parler d'un brouillage des frontières entre les classes sociales ? Comment se brouillage s'opère-t-il ?

Plan :

Dans un premier temps, on montrera que les frontières entre classes sociales sont moins visibles car la société tend à s’homogénéiser, puis dans un second temps, nous verrons que ces frontières sont peu évidente car les critères de différenciation sociale se diversifient dans une société qui s’individualise.

I-Une tendance à l’homogénéisation sociale :

A-La structure sociale s’est profondément transformée :

La structure socioprofessionnelle française est marquée par le déclin des agriculteurs, un phénomène accéléré par la révolution industrielle, mais aussi par le déclin des ouvriers dont la part dans la population active a largement baissé des années 60 à nos jours. Parallèlement, les groupes socioprofessionnels « employés », « professions intermédiaires » et « cadres » connaissent une progression forte et régulière, et représentent aujourd’hui plus de la moitié de la population active.

Ces évolutions sont liées aux transformations de la structure des emplois avec la hausse du nombre de diplômés ou encore du poids croissant des activités tertiaires.

B-Cette transformation a été causé par un processus de moyennisation :

La montée des classes moyennes démarre dès le 19° siècle et s’accélère pendant les Trente Glorieuses, grâce à l'augmentation du niveau de vie, la hausse du niveau de qualification des emplois mais aussi la tertiarisation des activités. Dans un contexte de réduction des inégalités de revenus, les modes de vie tendent à se rapprocher les uns des autres au sein d’une vaste constellation centrale comme l'a dit Henri Mendras.

Ces évolutions remettent en cause les analyses traditionnelles de la structure sociale, particulièrement l’analyse de Marx. Pour ce dernier, la séparation radicale entre propriétaires des moyens de production et prolétariat (ouvriers) permet de définir l’appartenance sociale dans une société. Cependant dans notre société actuelle touchée par le développement des catégories intermédiaires (facteur d’une mobilité sociale importante) ce n'est plus le cas.

Pour Alain Tourraine, c'est le développement de la pauvreté et de l’exclusion à partir des années 1980 (lié au chômage de masse qui s’installe durablement) qui est la source de différenciation la plus pertinente pour rendre compte de la structure sociale contemporaine.

Transition :

Nous avons donc vu que la structure sociale s’est transformée dans le sens d’une homogénéisation de la société, nous allons maintenant voir qu'elle s’est aussi largement diversifiée et complexifiée, ce qui suppose de renouveler les analyses relatives aux classes sociales.

II-La diversification des critères de différenciation :

A-L’appartenance à un groupe socioprofessionnel n’étant plus un critère unique de différenciation des individus, les appartenances peuvent être multiples :

Des variables autres que l’appartenance socioprofessionnelle apparaissent pour différencier les individus. Une enquête de 2008 sur les pratiques culturelles des Français montre par exemple que le temps passé devant la télévision et les écrans dépend aussi du sexe, de l’âge, du niveau de diplôme. Ainsi les femmes passent en moyenne devant les écrans 4 heures de moins par semaine que les hommes.

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