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Travail et technique

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Par   •  27 Avril 2020  •  Cours  •  2 573 Mots (11 Pages)  •  512 Vues

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Le travail et la technique (couple fin/moyen)

Le travail est une activité de transformation de la Nature pour produire des biens (de consommation), utiles ou désirés, (= richesse), et l’Homme se sert d’une technique (immatérielle ou matérielle) pour y parvenir (au contraire des animaux).

La technique, de l’ordre du moyen, doit permettre d’atteindre la fin, le but (le travail), plus efficacement.

Immatérielle (méthode, plan, savoir, apprentissage…) ou matérielle (outil, technologie…), c’est une extériorisation d’une fonction corporelle (alors limitée) de l’Homme, rendue plus puissante, illimitée – comme une voiture (fonction motrice) ou un ordinateur (fonction cérébrale) -, qu’il est d’ailleurs parfois devenu plus naturel d’utiliser plutôt que son propre corps : ce n’est plus l’Homme qui prend en charge la Nature, c’est la technique (qui est une médiation ; le rapport Homme-Nature n’est plus immédiat comme pour les animaux).

Les historiens/archéologues considèrent que l’Homme est devenu Homme lorsqu’il a commencé à se servir de la technique : au lieu d’utiliser ses organes pour parvenir à ses fins (comme les animaux), il les utilise pour créer des techniques qui lui permettront de parvenir à ses fins de manière plus efficace.

Or, créer une technique, c’est imaginer quelque chose qu’on n’a jamais vu : c’est l’intelligence (et c’est chez l’Homme qu’elle semble le plus développée).

Ainsi, humanité = technique = intelligence.

C’est une définition qu’Aristote (2e grand philosophe grec de l’Antiquité) donne dans son ouvrage Les parties des animaux, qui traite de biologie : « L’Homme est un animal intelligent ». L’Homme mettrait donc son intelligence, là où les animaux se servent de l’instinct, comme moyen de survivre (but de la vie d’un point de vue biologiste ; la vie vise la vie) ; plus on a d’intelligence, moins on a besoin d’instinct, car la technique répond alors à l’instinct de survie.

Aristote propose néanmoins une autre définition, dans son deuxième texte Les Politiques, d’un point de vue éthique : « L’Homme est un animal politique ». Cette définition montre que chez l’Homme, la vie vise autre chose que juste la vie, elle vise la vie bonne (ce qui replace l’instinct de survie en arrière plan : la qualité de la vie prime sur la vie (en) elle-même), notion qui varie selon l’époque, la société. C’est s’inscrire dans une communauté politique pour Aristote et ses contemporains (comme Socrate le montre avec son suicide, qu’il commet plutôt que de s’exiler et perdre de ce fait ses droits politiques et donc son humanité), ce qui exclut alors femmes, enfants, esclaves et métèques (étrangers de la cité) de l’humanité puisqu’ils n’avaient à l’époque pas de droit politique dans Athènes.

La vie serait alors un moyen en soi, au service de la vie bonne, le but ; et si l’Homme ne vise que de vivre, il redevient alors un animal qui se sert de techniques humaines pour survivre.

Quel est alors le sens que notre société donne à la vie humaine ?

I. La place de la technique et du travail dans l’économie de la vie humaine

Les Politiques, I, 9, Aristote

L’économie, la vie économique est la production et les échanges, et/ou la science de cette vie économique (présente dans toute société). En effet, pour ne pas mourir trop vite, on travaille, pour avoir un confort ; c’est là que se distinguent 2 types d’économies :

• ce qu’Aristote appelle « l’administration familiale », qui est une économie de subsistance, qu’il juge justifiée/justifiable ; c’est une économie qualitative (elle cherche à atteindre une certaine qualité) et donc limitée. C’est un moyen au service d’une fin de nature non économique

• la chrématistique qui vise le profit pour le profit (le principe du capitalisme), c’est la recherche de toujours plus de richesses. C’est une fin en soi, et Aristote la trouve illégitime, injustifiée

Selon Aristote, la chrématistique (qui est devenue l’économie capitaliste) est directement et totalement liée à la vie biologique, répond aux besoins de celle-ci : on produit et échange pour vivre, c’est le moyen de produire ce qui vise la vie. Or il dit que « le désir de vivre n’a pas de limites », c’est-à-dire que dans sa propension à viser la vie, la vie a des aspirations infinies, et ne s’autolimite pas. L’Homme biologique n’est donc jamais satisfait de sa longévité (ce qui contrarie la vie est en effet la mort) : le but ultime de la vie serait alors l’immortalité ; et, fixant la fin et le sens, la vie exige donc de la production de richesse qu’elle soit elle aussi illimitée, infinie, qu’elle ne cesse (de tenter) de s’accroître : c’est une économie quantitative (on veut toujours plus.

Ainsi, si la vie pose la fin, le rapport que l’Homme entretient avec sa vie est celui d’un animal (seule son intelligence l’en différencie un peu, par la technique employée) (dans une société capitaliste, on vit donc tels des bêtes). Autrement dit, si la richesse est la fin, alors la vie est la fin, et l’Homme cherche à mieux vivre (désir jamais satisfait car alors on veut toujours mieux que ce qu’on a – qui est déjà mieux que ce qu’on avait avant).

Si l’Homme donne un sens à la vie autre que vital simplement, si c’est l’identité éthique (ou autre) qui prône sur l’identité biologique, alors la fin peut devenir réalisable, les désirs sont satisfaisables, et la vie devient une technique, un moyen au service de cette autre fin : bien vivre (« vie bonne » qu’Aristote voit politique). On ne vit alors plus pour consommer, on aime la vie car elle nous permet de faire autre chose que vivre, et la production de richesse peut donc être limitée (ce qui n’est possible que si on a une fin étrangère à la vie, non biologique). Quand « bien vivre » est la fin, le « mieux vivre » devient un moyen et l’économie devient limitée.

Mourir est le pire qui puisse arriver pour qui vise de « mieux vivre », or c’est un événement inéluctable. Rater sa vie est le pire qui puisse arriver pour qui vise de « bien vivre », ce qui peut se modifier. « Bien vivre » est une fin atteignable, au contraire de « mieux vivre », but qui amène toujours à une recherche de sens (car le « mieux vivre » ne suffit pas).

Néanmoins, le « mieux vivre » et le « bien vivre » sont facilement confondus : les Hommes considèrent

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