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Le Travail et la technique

Cours : Le Travail et la technique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2013  •  Cours  •  579 Mots (3 Pages)  •  1 116 Vues

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Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail — on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir —, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la médiatation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême. — Et puis ! épouvante ! Le "travailleur", justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d'"individus dangereux" ! Et derrière eux, le danger des dangers — l'individuum !"

Lorsque Nietzsche écrit ce texte en 1886, il avait probablement en tête 2007. Car la critique de l'apologie du travail, c'est troquer une forme d'humanité individuelle au profit de la valorisation de l'impersonnel. Les discours socialistes refusent cette valorisation où la personne est effacée derrière l'institutionnalisation excessive du travail. Le travail comme la plus grande des institutions dans une économie trop libérale, c'est refuser à la personne l'écoute de sa capacité de création. Et derrière création, c'est la manifestation de ses idéaux de vie, de société, de politique, que j'entends, vers une société plus juste et à l'écoute des multiples choix de vie.

Le travail peut être effectué par quiconque. C'est la réserve que le chômage crée. Tu ne veux pas travailler plus pour gagner plus ? Ton voisin le voudra peut-être et sera invité à prendre ta place. Le travailleur peut être remplacé ! La relance de l'économie par la concurrence entre personnes favorise le chômage des uns contre l'emploi des autres, mais bien plus : elle favorise la confrontation entre ceux qui travaillent beaucoup et ceux qui travaillent moins, risquant de faire glisser la société vers la comparaison excessive entre ces deux types de vie. Cela tend vers une moralisation sociale du travail : travailler est bien moralement. Ne pas en avoir les moyens, puisque le chômage est fort, c'est mal du point de vue de cette morale.

Le travail excessivement défendu devient valeur morale dans une société durement répressive du point de vue du chômage. Un tel modèle de société revient à renforcer la soumission du travailleur. Travailler toujours plus est synonyme de normalisation sociale de cette valeur morale et moralisatrice où règne l'injustice sociale entre travailleur et non travailleur, entre ceux qui travaillent plus et ceux qui travaillent moins.

La sécurité se cache derrière la moralisation du travail divinisé : pour ce modèle de société élu au pouvoir de la République, c'est l'idée que la vie est un

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