Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?

« C'est du passé », voici une phrase que l'on a tous souvent entendue, voire prononcée, avec plus ou moins de conviction. Cette affirmation nous permet en fait d'établir une barrière entre les éléments, qui se sont déjà produits et ceux qui sont en train de se produire. Elle laisse également entendre que le passé ne devrai toas avoir de répercussion sur le présent, et que nous devrions donc nous en détacher afin d' être libres, d'être qui l'on veut.

Mais est-ce réellement si simple ? Est-il possible d'affirmer que, grâce à notre liberté, nous pouvons nous détacher de notre passé ? Peut-on également admettre que le passé est parfaitement distinct du présent ? S'il est évident que le passé a un impact sur la vie d'une personne, il est peut-être plus compliqué d'affirmer qu'il constitue la totalité de qui il est. Ainsi, suis-je ce que mon passé a fait de moi?

Nous essaierons de répondre à cette question, tout d'abord, en traitant de la singularité liée à chaque être humain, à la liberté qu'elle suppose et son origine intimement liée au passé de l'individu. Cette dernière posant problème, nous aborderons dans un second temps les souvenirs, ceux-ci étant le principal élément permettant de créer des liens directs entre passé et présent, faisant durer le premier à travers le second. Néanmoins, l'interprétation de ces souvenirs étant problématique, nous devrons ensuite traiter de la notion de volonté, de sa relation avec notre passé et avec qui nous sommes.

Afin de savoir si notre passé nous définit, il semble capital d'avoir une idée de ce qui nous définit justement. La formulation « suis-je » pose l'accent sur le « je ». A quoi sert-il ? Il semblerait que ce terme soit utile à nous discerner des autres, en tant qu'individu unique. Contrairement à « ils » ou « vous », le « je » désigne une seule personne se distinguant des autres. Il détermine la conscience que nous avons d'être nous-mêmes. « Je suis », « je vis », « je vois », « je pense » : autant de mots qui se portent garants d'une certaine forme de liberté : celle de contrôler nos actions, étant auteurs de nos faits et gestes, de nos pensées. Ainsi, cette singularité qui serait propre à chacun, puisque tout le monde dispose d'un « je », nous définirait en tant qu'individu : on admet que nous sommes alors qui nous sommes grâce à notre aspect unique.

Néanmoins, d'où vient cette singularité ? Ce « je » si unique, de quoi est-il fait ? Ce qui semble distinguer les individus serait alors des traits de caractère, des éléments de personnalité, mais aussi de vécu. Après tout, il semble possible d'admettre que le caractère et la personnalité dépendent du vécu. En effet, dans une approche psychologique, tous deux dépendraient de facteurs culturels et environnementaux. Ce qui rendrait donc une personne unique serait alors en fait son passé : le milieu dans lequel il a grandi, les fréquentations qu'il a eu, les événements qu'il a vécu... En effet le comportement agressif d'une personne peut être expliqué par des traumatismes vécus à l'enfance : parents violents, harcèlement scolaire.. Si on admet cela, alors nous sommes ce que notre passé a fait de nous.

Mais alors, un problème se pose : celui des souvenirs. Étant ceux qui maintiennent le passé actif dans le présent,

...