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Suis-je ce que le passé à fait de moi ?

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Par   •  11 Avril 2017  •  Dissertation  •  2 773 Mots (12 Pages)  •  1 360 Vues

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Dissertation

Suis-je ce que le passé a fait de moi ?

        L’espace et le temps sont les deux dimensions continues qui structurent notre univers. Contrairement à l'espace qui est la dimension de l’extension c'est-à-dire des choses qui se situent les unes à côté des autres, le temps est une notion qui se montre assez difficile à définir. On dit qu'il s'agit de la dimension de la succession, autrement dit,  des choses qui se situent les unes après les autres. Il nous est difficile de concevoir le temps comme une dimension car il est irréversible, il n'y a aucune possibilité de revenir en arrière. Cette difficulté est le fruit de notre tendance à nous représenter le temps comme une autre forme d’espace. Nous spatialisons le temps. Le philosophe Henri Bergson critique la  représentation commune du temps qui s’écoule et que l'on se représente à travers une horloge, un sablier, ou encore un point qui suit une ligne droite. Ce temps que l'on découpe généralement en trois parties : le passé c'est-à-dire la partie du temps qui est révolue avant le moment présent et dans laquelle se sont déroulés les événements passés, le présent qui correspond à l'instant actuel, l'instant précis que l'on est en train de vivre et le futur qui est une période à venir incertaine et inconnue. Ces représentations que nous avons du temps nous le présentent comme quelque chose d’étendu, quelque chose que nous pourrions parcourir. Selon Bergson, il faut se représenter la succession des choses comme une durée. Cette durée est une réunion de la succession d’états différents et de la continuité entre ces états. Les choses s’écoulent sans passer d’un stade A à un stade B : il nous est impossible de dire avec exactitude à quel moment les choses ont changé, et pourtant, il est impossible de nier qu'elles ne sont plus les mêmes. Chaque individu évolue dans cette dimension du temps. En effet, l'individu, au court de sa vie va changer à plusieurs niveaux. Il va effectivement changer physiquement mais il va également devenir différent par l'acquisition de connaissances mais aussi en vivant de nouvelles expériences, en faisant des erreurs dont il va tirer des leçons. C'est l'histoire personnelle de cette individu qui va le rendre différent, le distinguer des autres et ainsi créer une partie de son identité car cette identité est la somme des expériences qu'il aura vécues et qui aura fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Cet individu peut-il alors dire qu'il est ce que le passé a fait de lui ? Et si l'on considère que c'est le cas peut-on pour autant dire que le passé détermine l'ensemble de son existence ? Le passé structure-t-il l'identité et détermine-t-il définitivement qui nous sommes ? Ne peut-on pas au contraire estimer que si le passé joue un rôle sur l'identité, l'individu reste maître de son destin, qu'il est capable d'être qui il souhaite être ?

        Dans un premier temps, nous pouvons dire qu'un individu peut affirmer qu'il est ce que son  passé à fait de lui car c'est sa mémoire qui lui permet de savoir qui il est grâce à des souvenirs. Son identité, l'idée qu'il est lui-même et qu'il reste lui-même repose sur son passé car ce qui fait en premier lieu que cet individu est lui, c'est d'abord ce sentiment, cette certitude immédiate qu'il a d'être lui et personne d'autre. En effet, la conscience immédiate que nous sommes nous repose avant tout sur la mémoire. Par exemple, c'est grâce à cette dernière que nous savons qui nous sommes chaque matin lorsque nous revenons à nous. Nous pouvons donc dire que c'est la mémoire qui fait l'identité personnelle : que je suis moi, que je le sais et que je le reste. C'est cette idée que défend le philosophe anglais John Locke dans l'Essai sur l'entendement humain comme nous le montre cet extrait : « Puisque la conscience accompagne toujours la pensée, puisque c’est ce qui fait de chacun ce qu’il appelle soi, puisque c’est ce qui le distingue de toutes les autres choses pensantes, c’est en elle seule que réside l’identité personnelle, c’est-à-dire le fait pour un être rationnel d’être toujours le même. Aussi loin que peut remonter la conscience dans ses pensées et ses actes passés, aussi loin s’étend l’identité de cette personne ; c’est le même soi maintenant et alors ; c’est le même soi que celui qui est maintenant en train de réfléchir sur elle, qui a posé alors telle action. » Locke explique aussi que la conscience est donc liée au passé, qu'il s'agit de savoir que j'ai été. L'étendue de la mémoire ne compte que peu car en réalité l'essentiel c'est que je sache que j'ai été et que je possède des souvenirs même si ils sont peu nombreux ou que leur qualité est mauvaise.  Le passé désigne ici simplement un rapport au temps dans lequel nous savons qu'il y a eu ce que l'on peut appeler un « avant ».

        La mémoire n'est pas le seul élément qui permet d'affirmer qu'un individu est ce que le passé à fait de lui. Nous sommes tous un être singulier et différent des autres. Nous possédons tous une individualité qui nous est propre et des particularités qui sont le fruit des expériences que chacun d'entre nous a vécues mais aussi de nos erreurs ou de nos réussites qui ont permis de nous  construire et de faire de nous les personnes que nous sommes aujourd'hui. Le passé est la condition pour se constituer et se construire dans le présent. Il est incontestable que ce que je suis, je le suis devenu à la suite de ce que j'ai vécu. En effet, un grand nombre des caractéristiques qui nous définissent ne sont que la conséquence ou l'effet d'événements passés : de l'éducation que l'on a reçu, en passant par le milieu dans lequel nous avons vécu ou des différentes rencontres que nous avons pu faire jusqu'aux choix que l'on a du effectuer. Il est évident que nous ne serions certainement pas les personnes que nous sommes aujourd'hui si nous étions nés dans un autre pays, dans une autre époque, si nous avions grandi au contact d'une autre culture, dans un autre milieu mais aussi si nous avions eu d'autres parents, si nous n'avions pas eu tel ami, tel accident, tel coup de chance ou bien encore si nous n'avions pas pris telle ou telle décision à tel ou tel moment, comme celle de travailler, de s'orienter vers un secteur au lieu d'un autre, si nous n'avions pas pris telle habitude, comme celle de manger sainement ou de fumer par exemple... Notre identité semble reposer sur une infinité de probabilité. À ce titre, mes caractéristiques physiques et intellectuelles, mon état psychologique, mon statut social proviennent de mon passé c'est pourquoi dire que je suis ce que le passé à fait de moi est un point de vue légitime car on ne peut nier l'influence que le passé exerce sur chacun d'entre nous. Nous avons tous une histoire personnelle qui nous apprend à voir le monde différemment comme si nous portions tous des  lunettes différentes nous donnant alors une vision du monde unique.

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