Sait-on toujours son devoir ?
Dissertation : Sait-on toujours son devoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar froster • 8 Décembre 2022 • Dissertation • 2 723 Mots (11 Pages) • 431 Vues
DS 2 : Dissertation type bac
Entrainement
Sujet : « Sait-on toujours son devoir ? » |
A/ Analyse préparatoire du sujet
- Analyse des termes
- Que signifie « savoir » ? A quoi « savoir » pourrait-il s’opposer ici ?
« savoir »= connaître, déterminer avec certitude, avoir une représentation adéquate de son objet
Cela pourrait donc s’opposer à ignorer, (au sens où on ne sait pas), mais aussi à sentir ou ressentir (et qui ne relèverait pas ici de l’activité de la raison)
- « on » : qui est concerné par la question posée?
Il n’y a de devoir que pour l’homme, en tant qu’il un être à la fois raisonnable (à la différence des choses et des animaux) et sensible (raison pour laquelle l’action morale peut lui apparaître comme un impératif contraignant et non comme quelque chose qu’il se porte de lui-même à accomplir).
Attention ici : on ne demande pas ici si tous les hommes font leur devoir, agissent moralement (car de fait, il y a des crapules et des assassins) mais s’ils le connaissent toujours avec certitude (quand bien même ils ne le feraient pas). Donc, si on part du principe que tout homme est doté de conscience morale, il faut réfléchir sur ce qui pourrait rendre difficile , voire impossible, la détermination de ce qu’il doit faire.
- Que signifie l’adverbe « toujours ? » ? A quoi « toujours » pourrait-il s’opposer ?
Toujours signifie sans exception, quelques soient les circonstances
Toujours pourrait donc s’opposer à parfois (dans certains cas) ou à jamais (dans aucun cas)
- « Son » : l’adjectif possessif doit-il être entendu comme synonyme de ce qui ne concerne que moi ?
L’adjectif possessif ici ne signifie pas que le devoir n’est que le mien, mais que l’on parle bien de devoir moral, cad d’une obligation intérieure que la conscience éprouve sous une forme impérative exigible de tous les hommes (parler de devoir au singulier, c’est donc se placer au-delà de la multiplicité des obligations juridiques qui varient selon le temps et le lieu, et réfléchir sur l’exigence morale que ma conscience rencontre nécessairement dans l’expérience même de mon humanité)
- « devoir » : le devoir est-il une nécessité ? une contrainte ? une obligation ? Vous donnerez une définition précise du concept ici. Faut-il, selon vous, étendre le sujet à nos devoirs juridiques ?
Le devoir n’est pas une nécessité (ce qui ne peut pas être autrement) car il suppose la liberté de désobéir (raison pour laquelle les animaux n’ont pas de devoirs, mais sont soumis à la stricte nécessité naturelle) ; il n’est pas non plus une forme de contrainte extérieure qui suppose l’usage de la force, parce qu’il est ce que le sujet s’impose à lui-même de faire, au nom de la légitimité qu’il reconnaît à l’action à accomplir.
Le sujet ne requiert pas d’être entendu à nos devoirs juridiques : non seulement le singulier renvoie à la dimension universelle du devoir moral, mais encore la question ne se pose pas pour les devoirs de droit, puisqu’ils sont définis par la loi que nul n’est censé ignorer, et donc objectivement déterminés ( il suffit de lire le code civil par exemple)
2°) analyse des présupposés et des enjeux
- Le sujet présuppose-t-il que notre devoir est facile à connaître quelques soient les circonstances (justifiez votre réponse) ?
Le sujet présuppose que notre devoir peut être incertain, donc que la détermination de ce dernier peut être difficile voire impossible selon les circonstances, ou encore que ce sont elles qui fragilisent la certitude morale (dilemme, embarras, etc)
Il présuppose encore que notre devoir pourrait ne pas être su non parce qu’il est incertain, mais parce qu’il n’est pas un objet de savoir, de raisonnement, mais de sentiment (par exemple chez Rousseau)
- Pourquoi est-il important d’établir que notre devoir est toujours simple à déterminer ? Ou à l’inverse, qu’il est incertain ? (justifiez chacune des hypothèses)
Si notre devoir est tjs simple à déterminer, il est facile de savoir quoi faire, il n’y a donc pas à hésiter ou à discuter : on ne peut pas se réfugier derrière l’incertitude morale de l’action pour ne pas l’accomplir. La simplicité tend à nous faire penser que ce ne sont donc pas les circonstances ou les conséquences de l’action qui définissent la valeur de l’action morale, puisque des conditions particulières et variables tendent à multiplier les considérations possibles et l’embarras à trancher.
A l’inverse, s’il était incertain, cela signifie que nous ne savons pas toujours ce que nous devons faire en fonction même des situations qui se présentent et des conséquences à anticiper, ou qu’il y a même conflits de devoirs, par exemple entre le devoir de dire la vérité et celui de sauver la vie de quelqu’un qu’on pourrait protéger par le mensonge.
3° recherche du problème
- Pourquoi saurait-on toujours ce qu’on doit faire ?
Parce que notre devoir est (plusieurs hypothèses à discuter)
- Issu de la loi divine, laquelle nous commande à travers les textes Révélés : il n’y a donc pas à discuter, les commandements moraux sont aussi clairs que les dogmes de la foi
- Issu de l’intériorisation des institutions sociales, qui ne peuvent jamais nous être étrangères puisque l’homme est un être social
- Issu de la raison, laquelle nous commande d’agir au nom même de la loi morale qu’elle est capable d’instituer : or la forme de la loi étant par def l’universel, la raison ne me commande rien d’autre que de ne rien faire qui la rende impossible, je dois me demander si je peux vouloir universaliser la maxime de mon action sans contradiction, cad en faire une loi exigible de tous les hommes. Elle ne dépend donc pas des circonstances variables de l’action ou des conséquences partiellement prévisibles, mais de l’intention pure de la volonté, étrangère à toute autre considération sensible : quand bien même j’hésiterais à suivre mon désir plutôt mon devoir, la voix du devoir est toujours claire. Donc, il ne faut pas confondre le contenu du devoir (toujours clair puisqu’inconditionné) et la difficulté de l’accomplir (sur ce point je peux hésiter non pas sur ce que je dois faire mais à faire ce que je dois en sacrifiant mes intérêts sensibles.)
- Pourquoi ne le saurait-on que parfois?
- Parce qu’il n’y a pas de fondement absolu du devoir, nos devoirs sont toujours relatifs à l’examen d’une situation complexe : en témoigne d’ailleurs la difficulté de concilier les morales religieuses et la modernité de pratiques qu’elles ne pouvaient pas anticiper.
- Parce que l’obéissance à la loi sociale ne nous dispense pas de questionner, dans certains cas, la moralité d’une situation et des institutions : l’approche sociologique du devoir ne permet pas de comprendre comment la conscience morale peut ne pas se contenter de suivre les exigences du groupe.
- Parce que notre devoir rencontre la réalité des faits, que la morale de Kant tente d’évacuer : or, ce sont les faits eux-mêmes, les circonstances où j’ai à choisir et à agir, qui rendent la décision difficile.
C’est pourquoi il faut réintroduire le calcul des conséquences comme le fait l’utilitarisme de Bentham pour tenter de trouver une forme de certitude morale, bien qu’elle soit toujours compliquée à obtenir dans l’anticipation des effets pour le plus grand nombre.
...