Rendre notre corps artificiel est-ce trahir notre nature ?
Dissertation : Rendre notre corps artificiel est-ce trahir notre nature ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dunhill • 9 Janvier 2019 • Dissertation • 2 026 Mots (9 Pages) • 1 372 Vues
Culture générale
Corentin Carriere.
ECRITURE PERSONNELLE.
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Rendre notre corps artificiel est-ce trahir notre nature ?
« Ce n’est pas une légère entreprise de démêler ce qu’il y a d’originaire et d’artificiel dans la nature humaine. » Cette citation de l’écrivain et philosophe des lumières Jean-Jacques Rousseau, tirée de son ouvrage Discours sur l'origine et les fondements de l'Inégalité parmi les Hommes révèle toute la complexité de la notion d’artificialité du corps humain. En effet, celle-ci soulève la question de l’existence d’une « nature humaine » qui dépasserait l’Homme et dont celui-ci ne serait donc pas maitre puisqu’elle lui aurait été imposée à la naissance. Cela nous amène à nous interroger sur ce qui fait réellement de l’Homme un Homme ainsi que sur les transgressions qu’il peut lui apporter en modifiant son physique, voilà pourquoi nous sommes en droit de nous demander si rendre notre corps artificiel implique forcément une trahison de notre nature ? Le terme de « nature » présent dans la problématique est ici à envisager sur plusieurs plans distincts et nous nous intéresserons donc dans un premier temps à ce qui pourrait être considéré comme manquement à la nature humaine avant d’étudier le fait que des modifications corporelles peuvent être considérées comme servant de lien permettant la reconnexion avec soi-même, avec sa nature propre.
Si l’on considère la notion de nature humaine comme l’ensemble des caractéristiques physique et/ou psychique reçu à la naissance, il semble alors évident que de nombreux cas de transgressions de celle-ci existe, qu’ils soient tout aussi bien réels que fictionnels. Comme rappelé dans l’introduction, le terme de nature est à interpréter sur plusieurs plans distinct. Premièrement cette notion peut être définit au sens d’espèce humaine et l’on pourrait alors cité l’exemple du film d’animation japonais Ghost In The Shell sorti en 1995, réalisé par Mamoru Oshii et adapté du manga éponyme de Masamune Shirow dans lequel l'histoire se déroule en 2029 dans un monde futuriste cyberpunk et nous fait suivre les aventures de Motoko Kusanagi, dite « Major », et Batou, deux cyborgs appartenant à une unité spéciale du gouvernement, la section 9 anti-terroriste, qui essaient de capturer le pirate informatique le plus dangereux et insaisissable au monde, connu seulement sous le pseudonyme de Puppet master. Cette traque se fait sur un fond de guerre des services avec la section 6, qui s'intéresse elle aussi au Puppet master dans le cadre d'un projet mystérieux, le « projet 2501 ». Reconnu pour son esthétique irréprochable ainsi que pour la qualité de son récit, le film d’Oshii frappe surtout par la pertinence de son discours et pour les thèmes qu’il aborde. Très inspiré de film de Ridley Scott Blade Runner sorti en 1982, Ghost In The Shell a pour point commun avec celui-ci qu’il traite aussi de la question de l’humanité au travers du personnage de Major qui est en réalité une ancienne humaine augmentée grâce à diverse technique robotique et dont l’esprit, le ghost dans le film, à été transféré dans un corps humanoïde totalement robotisé afin d’en faire une sorte de super agent extrêmement performant. Le film nous interroge alors sur la question de ce qui fait réellement de l’humain ce qu’il est puisque bien que major en ai l’apparence et l’esprit, elle reste une machine à laquelle on a insufflé ce que beaucoup considère comme le propre de la nature à savoir une âme.
Deuxièmement, le terme de nature peut être à considérer au sens des caractéristiques qui nous définissent en tant qu’humain, l’ensemble des attributs dont nous héritons à la naissance. Selon cette idée, changer ces attributs reviendrait donc à trahir notre nature et l’on peut alors s’intéresser à la réflexion philosophique du « Bateau de Thésée ». Au départ issu d’une tradition orale, elle est reprise par le philosophe grec Plutarque dans son œuvre biographique intitulée Vies Parallèles des Hommes Illustres, cette légende reprend le mythe du héros mythologique Thésée qui, revenu de son combat contre le minotaure aurait alors réparé son bateau abimé avec l’aide des Athéniens, pièce par pièce jusqu’à ce qu’aucun des éléments initiaux ne compose plus le bateau et que celui-ci ait alors été renouveler dans son intégralité. Cette réflexion tend à nous faire nous interroger sur la relation entre la notion de nature, d’identité et celle d’apparence. La question est de savoir si le changement de matière implique un changement d'identité, ou si l'identité est conservée par la forme. Bien que cette question n’est pas pour but d’obtenir une réponse ferme, elle nous pousse à nous interroger sur ce qui fait réellement un humain et au-delà de ceci, elle nous questionne sur l’existence ou non d’un esprit, de ce que les religions nomme âme et dans laquelle résiderait alors la véritable nature humaine.
Enfin le terme de nature peut être à interpréter comme ce qui nous renverrait à notre conditions humaine. à l’instar de notre première sous partie, la nature de l’homme est peut-être, dans un sens plus spirituel ici, le fait que nous soyons humains et non supérieurs à ce que la nature à fait de nous. En effet de nombreuses religions condamne les modifications du corps qu’elles soient légères comme le tatouage dans la religions musulmane ou plus profonde comme avec les cas de greffe d’organes auxquelles s’oppose la religions catholiques ou bien encore les opérations de changement de sexe sur lesquelles l’ensemble des principales religions monothéistes s’accordent à condamner. Pour celles-ci la modification corporelle revient belle et bien à trahir notre nature, notre corps comme dieu l’aurait créé. De ce fait il semble alors logique de considérer, si l’on est croyant, que rendre son corps artificiel est belle et bien une trahison. Nous pourrions alors cité comme exemple la légende grecque d’Icare dans laquelle le héros éponyme, fils de l’architecte Dédale, tente de s’échapper par les cieux du labyrinthe du minotaure dans lequel il a été enfermé avec son père. Grace à l’aide de ce dernier lui ayant construit des ailes avec à des plumes greffer à la cire sur son dos, Icare parvient à s’envoler et à s’échapper du labyrinthe. Alors grisé par le vol et le sentiment de toute puissance, le héros tente de s’approcher et de gagner les cieux. Cependant la cire qui maintenait ces ailes en place fond petit à petit avec la chaleur du soleil et Icare aveuglé par un désir transcendant fini noyé au fond de la mer, la cire de ses ailes ayant complétement fondu. Tout l’intérêt de ce mythe réside dans les interprétations qu’il est possible d’en faire. En effet, deux interprétations principale servent ici notre propos. La première est celle selon laquelle Icare cherche à modifier son corps, à trahir celui dont il a hérité des dieux à sa naissance et ces derniers punissent alors cette trahison par la mort du héros. La seconde, peut-être plus intimement liée à notre sous partie actuelle, serait celle selon laquelle Icare transgresse via la modification de son corps sa nature dans le but de devenir plus qu’un homme, de devenir quasiment un dieu et de se rapprocher de ceux-ci. Les dieux punissent alors cet affront en revoyant Icare à sa condition de simple être humain par la mort de celui-ci, état intrinsèquement humain et dont seul les dieux, éternels, sont exempté.
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