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Quels sont les conditions du bonheur, selon vous ?

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Par   •  31 Janvier 2023  •  Dissertation  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  424 Vues

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Hoballah Ali TD11

Le Bonheur

Epictète est un philosophe stoïcien, né esclave, qui dit dans Le Manuel « Ne demande pas que ce qui arrive, arrive comme tu le veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux ». Il y a ici une vision particulière de la façon dont l’être humain peut atteindre son bonheur : cela passe par son état d’esprit vis-à-vis de ce qu’il vit. Mais le lien entre la personne et l’évènement qu’elle vit n’est pas ici explicité. En effet, ce lien a une importance dans le cadre du bonheur car étymologiquement le radical « heur » vient du latin « augurium » qui signifie « augure » et « prédiction ». C’est ainsi qu’on s’intéresse au sujet Quels sont les conditions du bonheur, selon vous ?

Le bonheur ne relèverait pas d’un évènement intentionnellement cherché par l’individu dans le but d’être heureux, mais le bonheur lui arriverait par le fruit d’un heureux hasard. Le bonheur ne peut pas non plus être un simple état d’esprit, et se dire qu’on est heureux, donc j’expérimente un sentiment de bonheur. Il faut nécessairement que le ressenti passe par la réalisation d’une action et c’est seulement ensuite que le bonheur peut être atteint. Il est atteint uniquement de façon éphémère car on ne peut pas être durablement satisfait d’un seul évènement, le sentiment de réussite ou de satisfaction issu de sa réalisation ne peut être durable. Le bonheur est donc un état de satisfaction complète, étroitement lié au fait d’être heureux. Mais il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux. Une joie intense n’est pas le bonheur. Un plaisir éphémère non plus. Le bonheur est un état global. C’est une forme de plénitude.

Dans la mesure où chacun a des capacités spécifiques, alors on ne peut pas tous se satisfaire des mêmes actions : ainsi le bonheur est individuel car différent pour chacun. En dehors des capacités propre à chacun, l’individualité du bonheur peut aussi être exprimé à travers son caractère subjectif. En effet, la perception de ce qu’est le bonheur, ou de ce qui conduit à cette « augure » qui amène le bonheur dépend de la personnalité de l’individu, de la société dans laquelle il évolue et des valeurs qui y sont promus. Ainsi, le bonheur dépend d’une réalité subjective, c’est-à-dire qui dépend du « sujet » en question qui a ses propres idées.

On peut ainsi se poser la question suivante : Dans quelle mesure le bonheur est-il le résultat de la réalisation de certaines conditions ?

Le bonheur est une construction sociale. Les valeurs et les priorités édifiées par la société dans laquelle vit l’individu le pousse à se sentir heureux uniquement si il parvient à atteindre ces conditions fixées. Ainsi les êtres des sociétés africaines et occidentales ne seront pas satisfaits de la même façon après une action similaire. Pour avoir vécu 18 ans au Sénégal, je constate par exemple, que le sentiment de partage familial est central dans les sociétés africaines. Un repas partagé par toute une famille génère un réel sentiment de satisfaction supérieur à ce qu’il aurait été au travers d’autres actions car dans cette action on retrouve les valeurs essentielles prônées par leur modèle culturel. Tandis que dans une société occidentale, bien que la famille reste un environnement particulièrement affectif pour tous, un repas partagé tous ensemble ne procure le même sentiment de plénitude.

La construction sociale construit des individus particuliers, ils ont donc un rapport au bonheur qui diffère car les mêmes actions n’ont pas le même degré d’importance.

Cependant, il subsiste une forme généralité sur la construction du bonheur quelque soit l’individu. Le bonheur reste un sentiment fondamental individuel. Bien que l’exemple précédent laisse présager que le partage du repas génère une satisfaction collective, c’est vrai, mais cette satisfaction est avant tout individuel avant d’être multiplié à chacun des participants.

Chaque homme a des désirs qu’il souhaite combler, car par définition il en manque et les souhaite, mais ces désirs sont personnels à chacun, donc les actions qui seront réalisées pour l’obtenir restent toutes aussi personnelles. Le sentiment de satisfaction qui en est retiré diffère entre les personnes car ce ne sont pas les mêmes actions qui combleront leur désir. On arrive ici à une vision où une forme d’inégalité du bonheur existe. Ce n’est pas nécessairement une inégalité négative, ou une inégalité injuste, mais simplement une différenciation des individus vis-à-vis d’une même situation souhaitée. Si un premier individu est en capacité d’entreprendre certaines choses qui ne sont pas aussi faciles pour un second individu, alors le premier sera forcément comblé plus facilement.

Naturellement, il faut ensuite s’intéresser à la situation de l’individu une fois le désir comblé. A ce moment-là, il ne désire plus, donc n’aspire plus, donc n’entreprend plus et le bon-heur ne peut plus « lui tomber dessus » par bonne chance. C’est pourquoi certains philosophes considèrent que tout ce raisonnement basé sur la quête du comble des désirs est voué à une spirale négative qui n’aboutit jamais à un réel bonheur. C’est le cas des épicuriens qui retirent le bonheur de la réalisation des « besoins naturels et nécessaires », ou encore des stoïciens qui prônent le détachement vis-à-vis de l’extérieur et d’une forte liberté intérieure. Sénèque, philosophe stoïcien a notamment écrit dans ses Lettres à Lucilius « Comme il est doux d’avoir épuisé des désirs, de les avoir laissés derrière soi ». Selon eux le bonheur ne relève pas du fait d’atteindre ce que l’on désirait, le bonheur est beaucoup plus simple et réside dans des choses simples de la vie. Selon moi, dans la mesure où le bonheur ne réside pas dans la possession matérielle, je suis d’accord que le bonheur peut se cultiver dans les choses simples de la vie. Cependant, je ne conçois pas qu’il faille se tenir exclusivement à l’écart des évènements extérieurs ou exclusivement aux stricts besoins naturels pour être effectivement heureux. Ce sentiment de plénitude propre à chacun ne nécessite pas de réaliser des choses incroyables, il faut savoir être heureux des moments simples que peut nous offrir la vie. C’est pourquoi je considère que la citation du début d’Epictète est intéressante car elle fait référence à cet état d’esprit que je partage également. Je ne pense pas qu’on soit heureux parce que les choses se passent exactement comme souhaité dans notre imagination mais il faut avoir la capacité d’accepter les éléments tels qu’ils soient et c’est uniquement comme cela qu’on est en mesure de s’en satisfaire. Ainsi, on prend quelque peu du recul sur l’existence absolue de conditions du bonheur. Le but n’est pas là de réduire infiniment ses espérances et de se contenter du minimum, mais de savoir profiter de tous les moments.

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