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Que serais-je sans toi?

Dissertation : Que serais-je sans toi?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2019  •  Dissertation  •  5 365 Mots (22 Pages)  •  1 432 Vues

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Zoé MAURE                                                                                                                                      TL

                           Dissertation de Philosophie                                                      

   Sujet : Que serais-je sans toi ?

  La présence de l'autre semble faire de l'homme un être sociable capable de se montrer en société et de s'affirmer devant la présence d'autrui mais le rend aussi vulnérable. « Que serais-je sans toi » est le titre d'un poème de Louis Aragon, se référant à un « toi » symbolisant autrui, l'autre, la personne semblable s'opposant à « je », la conscience de liberté qui est limitée à de simples suppositions par l'emploi du conditionnel du verbe être « serais-je » qui est atrophié par « que » déterminant une chose ou un état non identifié. Cela questionne l'essence même de l'humanité, serais-je quelqu'un d'autre ou dans un état de conscience différent sans l'autre ?  Le verbe d'existence est réduit au stade d'hypothèse, comme si la vie sans l'autre n'était pas envisageable, mais qui pose cette question existentielle, qui est autrui ? Autrui n'est pas seulement l'autre, il est aussi un autre moi et aussi un autre « que » moi. Aragon semble réduire son existence à celle d'autrui, celui qui lui fit découvrir l'amour, l'autre devient une valeur absolue et incontestable. Et cette valeur incontestable est celle qui représente chaque humain, autrui est un humain, ils se reconnaissent entre eux comme des fin en soi.

 Cependant nous ne pouvons pas nier le fait que nous aillons du mal à réellement savoir qui nous sommes et de ce fait à savoir qui est autrui est tout aussi difficile, de plus autrui peut être néfaste et donc être l'opposé de la personne décrite dans le poème. Mais la question semble supposer une dépendance, qu'est ce que « je » serais sans « toi », mais si le « toi » ne veut pas de moi, est-ce moral de me poser cette question ?

  Quel rapport déterminant de son existence l'homme entretiendrait-il avec autrui ? Comment peut-il qualifier autrui au sein même de son existence ? L'homme ne peut-il pas vivre sans autrui ?

  Le problème semble être le suivant : que suis-je sans autrui ?

  Tout d'abord, nous étudierons comment autrui se manifeste à première vue dans mon existence, avant de poursuivre avec la notion de manque qui plane autour du sujet, puis terminer par le côté sentimental de la question.

   

    Alors, à bien y regarder, je ne suis rien sans l'autre, mais est-ce qu'il existe vraiment ?

    L'être humain est un animal sociable qui vit en communauté avec les autres, ce sont les autres qui m'aident à prendre conscience de moi. Il faut que quelqu'un me définisse comme sujet pour que je puisse à mon tour me définir comme tel, ma conscience de moi fonctionne de pair avec l'autre. C'est grâce aux échanges avec autrui que je me détermine comme sujet pensant et prend compte de moi. Car si nous sommes laissés de côté et que personne ne nous adresse la parole, nous ne pouvons nous affirmer. Autrui n'est pas seulement un autre, il est aussi un autre moi, je dois le considérer comme un différent « moi-même » et lui doit faire la même chose. De ce fait il est un miroir de ma personne et me reflète tel que je suis. En effet je ne me vois jamais entièrement, l'objet miroir ne me renvoie qu'une plate représentation de mon corps, en deux dimensions, une représentation subjective puisque aucun miroir n'est pareil, de plus, il ne me renvoie ni ma conscience ni mon intelligence. L'objet miroir n'est rien comparé à autrui, qui, lui, échange avec moi et apprend à me connaître. Autrui me voit tel que je parle et tel que je me mets en mouvement. Un miroir n'aura jamais la prétention de dire qu'il me connaît et ne pourra jamais refléter ma conscience. L'autre m'aide à me définir, car bloqué dans ma solitude je ne peux expérimenter la confrontation et la diversité, seul je ne suis que moi et ne puis me remettre en question, dans la solitude je ne me juge qu'avec les moyens que je me donne et peux m'illusionner et me perdre dans ma rêverie ou mon imagination. Tandis que j'ai de la chance d'avoir autrui qui peut me dire qui je suis, il a le pouvoir de me faire ouvrir les yeux sur ma propre personne et me faire découvrir de nouvelles facettes de ma personne. La reconnaissance de moi par autrui est donc nécessaire à ma formation à l'accomplissement de soi. Effectivement, si l'on ne me reconnaît pas je ne peux pas me construire comme sujet, les enfants sauvages en sont d'ailleurs un parfait exemple : des enfants abandonnés par leurs parents sont livrés à eux même et se retrouvent seuls, certains sont alors élevés par des animaux et développent des comportements animaliers. Nous retrouvons cette thématique dans le film de François Truffaut « l'enfant sauvage ». Ce film illustre parfaitement le besoin qu'ont les hommes d'être entourés et élevés, expliqué dans la thèse de Hegel du besoin de reconnaissance. Car si ces enfants n 'avais pas été recueillis par des animaux possédant un minimum d'instinct maternelle il seraient sûrement morts, qui peut prétendre à l'instinct inné de survis chez les hommes ? Contrairement à d'autres animaux qui savent se débrouiller seul presque à partir de la naissance, l'humain ne sait rien faire et a constamment besoin d'un adulte ou d'une personne plus expérimenter pour se développer. Une fois qu'il est assez lucide et qu'il comprend ce qui se passe autour de lui, il va commencer à fonctionner avec l'imitation, c'est à dire qu'il va reproduire ce que ses parents font pour se construire. Dans ce cas Autrui est une aide précieuse et nécessaire au développement de l'humain. Néanmoins, ce n'est pas toujours le cas.

   Effectivement, si autrui ne me considère pas comme égal à lui même, ou qu'il ne me reconnaît tout simplement pas comme une fin en soi, comme le disait le philosophe Kant, que devient l'humain ? Que se passe-t-il alors si je suis une insulte au regard de l'autre ? C'est notamment le problème que rencontrent les homosexuels qui peuvent se retrouver exclus de leur famille à cause de leur différence. Le but de vivre en communauté n'est-il pas justement de se confronter à la diversité ? Autrui a une importance dans ma vie, comme dit précédemment il m'aide à voir plus clair dans mon esprit et j'ai une chance de l'avoir car il peut m'apporter un jugement objectif sur ma personne. En revanche, cela signifie qu'il a un pouvoir sur moi, alors que se passe-t-il s'il s'amuse à me faire penser des choses fausses ou blessantes ? Ne finis-je pas par y croire ? L'homme est un animal influençable, le regard des autres est important dans les deux sens, pour me faire sentir bien, et aussi pour m'inhiber. De ce fait, une personne timide qui reçoit des remarques blessantes ne risquerait-elle pas de se braquer et de trop écouter ce que les autres lui disent ? Une seule remarque peut suffire pour qu'une personne se coupe du monde et aie peur de sortir de son isolement. C'est pourquoi nous apprenons aux enfants dès le plus jeune âge à être bienveillant envers leurs pairs. L'homme est en perpétuelle évolution, il se développe grâce à autrui mais peut inhiber et écraser autrui. De même que dans la vie il y a des personnes admirées et d'autres admiratrices, il y a donc un risque de surestimation de la personne admirée, et un risque de dévalorisation de la personne admirative. En effet la comparaison joue un rôle essentiel dans le développement de l'humain, elle peut être bonne : se rendre compte des différences pour se différencier, mais aussi mauvaise : si une personne attire l'attention et pas moi, cela doit-il signifier que je ne suis pas digne de l'attention d'autrui ? Dois-je changer pour plaire à l'autre ? Durant l'adolescence, là où la phase de construction est la plus importante et la plus fragile, la confrontation à autrui peut faire s'écrouler tous les efforts qu'une personne peut faire pour se créer un environnement sain. Prenons par exemple les magasines qui montrent des photos de mannequins qui ne représentent qu'une infime partie de la population, de plus ces mannequins sont souvent forcé(e)s à ressembler à un idéal qu'ils/elles ne peuvent atteindre sans se mettre en danger, et montrer ce genre d'image à quelqu'un dont l'estime de soi n'est pas haute peut le/la faire redescendre dans son estime. En outre, la société possède des idéaux de beauté qui ne peuvent représenter qu'une infime portion de personnes et donc dévalorise les autres. Autrui n'est donc pas forcément un bon témoin de mon évolution, puisqu'il peut agir sur elle.

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