Pourquoi désirons-nous l'impossible ?
Cours : Pourquoi désirons-nous l'impossible ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emma Fuselier • 28 Janvier 2019 • Cours • 1 924 Mots (8 Pages) • 912 Vues
FUSELIER
Emma 14 /12/2018
TS1
Dissertation de philosophie : Pourquoi désirer l’impossible ?
Le désir, tient son origine du mot latin « desiderare », qui signifie « cesser de voir » ou « constater l’absence de ». De son étymologie, le désir renvoie donc à une absence, une perte. Ce qui ne s’éloigne pas de sa définition actuelle, en effet le désir est en fait la conscience d’un manque et l’effort que nous faisons pour combler ce manque, toujours renaissant. En d’autres termes, le désir est la volonté de posséder quelque chose qui nous manque. Par définition le désir désire l’impossible car il est inaccessible, inatteignable et le fait de ne pas l’avoir créé le désir de le posséder. Or l’impossible est ce qui ne se possède jamais. Pourquoi alors désirons nous l’impossible ?
Désirer l’impossible n’est-il pas dans la nature de l’homme ? Cette quête n’est-elle pas nuisible pour l’homme ? Ou est-elle au contraire un moteur pour l’homme ?
L’hédonisme est une doctrine philosophique selon laquelle la recherche du bonheur par le plaisir est le but d’une existence humaine. Or la quête du plaisir passe par la satisfaction de ses désirs. Comme on l’a dit plus tôt le désir naît du manque, c’est la volonté de posséder ce que l’on n’a pas, et, l’impossible étant inaccessible, on le désire. C’est donc dans la nature du désir de chercher l'impossible puisqu'il y a toujours insatisfaction présente. Le désir est le moteur de l’Homme. Ainsi, selon Spinoza, « le désir est l’essence même de l’homme », c’est ce qui donne sens à son existence et anime l’essentiel de sa vie humaine. Le désir, dans sa définition, est toujours renaissant. De ce fait, la satisfaction n’est que temporaire car une fois un désir satisfait on a le manque d’autre chose et on cherche à nouveau la satisfaction. Comme le dit Schopenhauer : « le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir » ce qui signifie qu’il n’y a rien qui puisse nous satisfaire assez pour nous faire cesser de désirer. En conséquence, on recherche à satisfaire des désirs impossibles puisqu’on recherche une satisfaction qui n’est pas pleinement réalisable.
Mais qu’est-ce que signifie désirer l’impossible ? Quel est l’objet du désir de l’impossible ?
Il existe en fait deux façons de désirer l’impossible qui sont souvent nuancées par l’objet du désir. Tout d’abord l’impossible peut représenter l’inaccessible actuel mais qui peut dans le futur devenir fort possible. Imaginons que je veuille m’acheter une Ferrari, mais que je n’ai pas assez d’argent. Actuellement, je désire une chose qui m’est inaccessible, financièrement, c’est donc un désir impossible. Mais si j’économise assez, dans plusieurs années je serai dans la possibilité de me la procurer. Ainsi il n’est pas absurde que l’impossible devienne possible. Toutefois il y a certaines limites à l’accomplissement de nos désirs. Cela nous amène aux seconds types de désirs impossibles, les « désirs vains », tels que le désigne Épicure dans Lettre à Ménécée. Ils correspondent à des désirs artificiels, comme la quête de richesse, de gloire ou de pouvoir et des désirs irréels tels que la volonté d’être immortel. Ce sont, bien entendu, des désirs irréalisables puisque leur objet étant subjectif, ils ne peuvent être satisfaits. Il ne s’agit pas ici de barrières personnelles ou d’une possibilité pouvant changer, nous sommes mortels. Ces désirs sortent souvent de nos capacités humaines et nous engagent dans une quête de la satisfaction sans fin car on ne peut jamais être pleinement satisfait. Quelqu’un assoiffé de pouvoir, par exemple, ne se trouvera jamais satisfait de sa situation actuelle, il vise toujours plus.
Si le désir impossible est essentiellement matériel, n’est-il pas aussi moral ?
En effet, ce qui est interdit est considéré comme moralement inaccessible ou irréalisable. Ce qui fait qu’on le désire. S’il n’était pas défendu il serait sans doute moins désirable car, étant possible, il nous attirerait moins. Prenons l’exemple d’un enfant à qui on défend de manger des bonbons, en lui disant que c’est pour son bien. L’interdiction va le lui faire désirer encore plus même s’il sait que c’est impossible. Or une fois devenu adulte il sera libre de ses actions et pourra alors manger autant de bonbons qu’il le souhaite. L’interdiction étant levée, ce désir lui devient accessible. C’est alors que le désir se tarit, c’est alors qu’il ne sera plus intéressé par cela. N’étant pas interdit, il lui est donc devenu accessible. Cela ne représente plus une impossibilité pour lui et de ce fait ce n’est plus un vrai désir. Cela signifie que lorsque on désire quelque chose d’interdit, c’est plus parce que c’est interdit et qu’on le sait que parce qu’on le désire vraiment. En effet c’est dans la nature humaine de vouloir braver les interdits, se procurant ainsi un désir indéniable.
Mais le fait de désirer l’inaccessible ne nous condamnerait-il pas à une insatisfaction permanente ?
En effet les désirs non accomplis débouchent souvent sur le malheur, la souffrance et la dépression. Ces derniers nous empêchent même de nous orienter vers d’autres désirs qui pourraient tout aussi bien faire notre bonheur. Prenons l’exemple du roman de Flaubert : Madame Bovary. Le personnage principal est ravagé toute sa vie par le désir de richesse et d’extravagance sans jamais pouvoir l’atteindre, ce qui la pousse à la dépression et au suicide. De ce roman d’ailleurs est né le bovarysme, état qui traduit une éternelle insatisfaction. Les désirs que l’on ne peut pas satisfaire peuvent donc conduire à la souffrance et au malheur.
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